Jean Genet est l’auteur qui a le plus fondé mon désir de théâtre. Quand je fréquente son écriture j’ai l’impression d’être au cœur de mon travail. Ce texte ciselé, clair, est un concentré de sa langue. Les conseils qui y sont prodigués par Genet s’appliquent à tous les champs artistiques. Ce n’est pas un traité de funambulisme mais un poème sur la grave et belle responsabilité de l’artiste. Un chant d’amour à l’acte de création.
Genet nous invite, comme souvent dans ses textes à une cérémonie, une célébration. Il tente d’appliquer à une discipline qui nous parait ancestrale, celle du funambulisme, la même haute exigence qu’il s’impose, lui, dans son travail d’écrivain. Afin de la métamorphoser en un art majeur. Le funambule n’est pas là pour nous divertir, mais pour nous fasciner. De tous les artistes il est celui qui affronte le plus directement le danger, la mort. C’est par ce combat renouvelé chaque soir qu’il deviendra un maître de son art. L’art exige de la gravité et de la solennité. Pour briller de milles feux le soir, l’artiste de scène devra d’abord affronter la solitude, l’angoisse, la mort… ou encore tenter de se préserver de la banale médiocrité du quotidien, du luxe et du confort, en se faisant discret, quitte à s’avilir ou se déguiser. La journée, que tout son être ne soit tendu que vers cette fête sacrée qui se déroule chaque soir. Genet y mêle des réflexions sur son art d’écrivain, sa propre histoire. C’est dans ce texte qu’apparaît la formule » On n’est pas artiste sans qu’un grand malheur s’en soit mêlé « .Il y est le plus souvent inflexible, intransigeant mais toujours brûlant d’un profond amour pour le funambule et son fil. N’admettant de l’artiste qu’une volonté de perfection. Quitte à y laisser sa santé, son image ou sa vie. Par contre s’il survit…Par ce texte il nous déclare plus généralement son amour pour cette fête, qui a lieu le soir, à l’approche de la nuit, » la plus grave, la dernière, quelque chose de très proche de nos funérailles « . Celle du théâtre ou du cirque : ce ventre de toile monstrueux remonté des époques diluviennes peuplé de magiciens, écuyères, jongleurs et autres bêtes féroces… Dans lequel on se sent bien, à l’abri du monde. Note d’intention d’après dossier de presse.
LE FUNAMBULE
de Jean Genet
Mise en scène Cédric Gourmelon
avec Raoul Fernandez, Antoine Kahan
Assistante à la mise en scène Nathalie Elain
Lumières Cyril Leclerc
Plateau Antoine Hordé
Production Diffusion Ronan Martin
du 25 au 31 Août 2010 à 20h30
à L’Aire Libre, scène conventionnée de St Jacques de la Lande (35)
Réservations au 02 99 30 70 70
14 et 15/12/2010 à L’Hippodrome, scène nationale de Douai
du 11 au 14/01/2011 au Quartz, scène nationale de Brest
du 19 au 22/01/2011 – théâtre (en cours), Rennes
le 3/02/2011 au Théâtre du Cloître, scène conventionnée de Bellac
février / mars 2011 (dates en cours) au Théâtre Paris Villette, Paris
Un spectacle de haut niveau actoral et d’une profonde maitrisse du jeu. A voir et à revoir sans problème. Présence actoral d’une rare force et delicatesse. Interiorité e force de transmission avec l’acteur Raoul Fernandez d’une rare et inquietante beauté.
Magnifique prise de parole, avec délicatesse et sobriété. Quand sera repris ce travail qui mérite vraiment d’être vu partout en France? Je suis venu avec deux collègues de la Sorbonne et en bref on vous dit: bravo.
Un sobre et profond moment sur scène. Programmateurs des salles: Quand ce beau spectacle avec un si formidable narrateur (la voix juste de Raoul Fernandez) sera de nouveau sur les planches? On redemande encore des moments d’une telle force, des moments rares au théâtre.