Emmanuel Daumas s’est emparé d’un œuvre mythique en adaptant sur scène le téléfilm Anna. Un soir de janvier 1967, les téléspectateurs de la 1ère chaine de l’ORTF découvrent à 21h40 cet OVNI psychédélique réalisé par Pierre Koralnik et mis en musique par Serge Gainsbourg avec Anna Karina et Jean-Claude Brialy. C’est l’histoire de Serge, jeune publicitaire, tombé amoureux d’une fille qu’il n’a jamais vu qu’en photographie. Il parcourt les rues de Paris pour la chercher sans savoir qu’il la connaît et qu’elle travaille à ses côtés. Cécile de France, très rare au théâtre, reprend le rôle d’Anna Karina et interprète sur scène les chansons du films qui sont devenues des tubes comme « Sous le soleil exactement », « Roller Girl » ou « Ne dis rien ». La pièce a été créée à Lyon aux Nuits de Fourvière, elle ouvre la saison au Théâtre du Rond-Point et va tourner en France jusqu’en janvier. Rencontre avec la comédienne.
– Anna est à l’origine un téléfilm. Aviez-vous entendu parlé du téléfilm avant que l’on vous propose de jouer dans la pièce ?
Oui car au départ j’avais refusé. J’avais entendu comédie musicale et comme je ne suis pas chanteuse je m’étais dis « surtout pas », même si c’était Gainsbourg cela me faisait saliver. J’ai vu le film et je suis tombée amoureuse de cette œuvre géniale, libre, folle, joyeuse, presque punk. Et je me suis rappelé que Gainsbourg a écrit des chansons pour Catherine Deneuve, pour Adjani, pour Birkin, donc des actrices. Il était plus intéressé par l’imaginaire, la fantaisie et l’interprétation amenés par une comédienne que par la technicité du chant. Alors j’y suis allée et comme toujours j’aime me lancer des défis.
– C’était un téléfilm psychédélique, audacieux pour l’époque, non ?
C’est Anna Karina qui me disait qu’à l’époque cela avait divisé les gens. La plupart des gens étaient choqués. Du coup au théâtre c’est facilement transposable. Comme la narration est éclatée et que l’on passe du réalisme au fantasme et on passe dans un autre monde. On a tout repris à la ligne près sauf le lieu. Dans le film qui est très nouvelle vague, Brialy et Gainsbourg se promènent dans Paris à la recherche de cette fille, au théâtre cela se passe dans l’agence de publicité et la balade dans Paris est racontée sur écran avec de la vidéo, de la photo et des dessins.
– C’est un spectacle avec des chansons cultes, comme « Sous le soleil exactement » ou « Ne dis rien » . Comment avez-vous abordé l’interprétation de ces tubes ?
L’écriture de Gainsbourg est formidable. Il suffit d’être dans la sincérité dans l’interprétation et l’émotion des paroles et du personnage pour les interpréter. Chaque chanson a un sens. Nous acteurs on s’amuse comme quand on est ado et on chante en cachette dans sa chambre en faisant semblant avec une brosse à cheveux. La musique a été réarrangée et on n’est plus dans la nostalgie des années 60. C’est plus moderne mais on reconnaît la touche Gainsbourg et c’est trop bon quoi.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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