La pièce « Le 20 novembre » de Lars Norén nous plonge dans l’histoire de ces adolescents criminels, instables, mal dans leur peau, qui passent à l’acte le plus horrible : tuer pour crier leur détresse. L’écrivain suédois s’est appuyé sur un fait divers qui s’est déroulé le novembre 2006 au collège d’Emsdetten en Allemagne. Sébastian Bosse ouvre le feu et blesse 27 personnes avant de se donner la mort. L’Allemagne n’en est pas à son premier fait divers sanglant. En 2002 à Erfurt, Robert Steinhäuser avait tué treize professeurs, deux élèves et un policier avant de se suicider. Et plus près de nous en mars 2009, à Winnenden, près de Stuttgart, un adolescent de 17 ans a tué quinze personnes. Allemagne, Etats-Unis (massacre de Colombine), Canada, les exemples de tueries en milieu scolaire sont malheureusement trop nombreux ces dernières années.
Lars Norén a écrit un texte sans concession. Un long cri du cœur, sans ponctuation. Un texte cru qui se base sur le journal intime de Sébastian Bosse qu’il avait diffusé sur internet, en expliquant les prémices de son acte. Il crie son horreur du monde contemporain, son horreur de la société de consommation qui laisse les plus démunis sans espoir. « Je voulais avoir des fringues avec des logos/écrits en grosses lettres/Quelle connerie ».
Le texte a été créé en 2007 et présenté au Festival d’Automne à Paris dans une mise en scène de Lars Lorén avec la comédienne allemande Anne Tismer. Déjà une femme à l’époque. Le metteur en scène Jérémie Lippmann a repris l’idée et à confié à Cécile Cassel la lourde tache d’incarner cet adolescent. La comédienne est accompagnée par le guitariste de rock, The Honkytonk Man, caché pendant une bonne partie du spectacle derrière un voile noir. Cécile Cassel navigue sur un praticable blanc en forme de T qui s’avance sur les dix premiers rangs de l’orchestre. Un T qui deviendra une croix à la fin du spectacle. Elle interpelle les spectateurs, les dévisage. Mais la force du texte se dilue assez rapidement. La tension attendue n’est pas au rendez-vous. Cécile Cassel, hargneuse, attaque avec force toutes ses phrases, trop sans doute. Le texte de Lars Norén est suffisamment fort et traumatisant pour ne pas en rajouter. Il reste que le directeur du Théâtre de la Madeleine continue à défendre l’écriture contemporaine dans son théâtre, et c’est une bonne chose.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
« Le 20 novembre » de Lars Norén
Avec
Cécile Cassel accompagnée de The Honkytonk Man
Mise en scène de Jérémie Lippmann
Décors et costumes Laura Léonard
Lumières Joël Hourbeigt
À PARTIR DU 11 FÉVRIER 2011
du mardi au vendredi à 19h
matinées : samedi à 16h
Tarif unique : 25 euros
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