Peu montée, Sallinger (avec deux ll) est sans doute la plus atypique et la plus énigmatique des pièces de Bernard-Marie Koltès : se déroulant aux États Unis, non pas dans un lieu hors du monde comme peut l’être le hangar de Quai Ouest ou Dans la Solitude des champs de coton, mais glissant sans frontière d’un univers familial, une famille de l’Amérique moyenne avec salon, rideaux aux fenêtres, fauteuil et guéridon à des lieux fantastiques : mausolée éclairé par la lune, champ de bataille exotique, New York abstrait, nocturne déconnecté…
J’ai longtemps pensé que ce contexte n’était qu’un prétexte, lié à la commande que lui avait passée Bruno Boëglin à partir de l’auteur américain : Jerome David Salinger (avec un seul l) tant les thèmes et l’écriture de Koltès sont ici les mêmes que dans toute son oeuvre : le passage à l’âge adulte, la demande d’amour, les relations fraternelles… J’ai appris récemment que l’attirance de Koltès pour cet auteur était antérieure à la commande. Il avait demandé à ses camarades de Strasbourg de lire L’Attrape-coeurs et Franny et Zooey.
Et à y regarder de plus près, beaucoup de mystères de la pièce se résolvent dans ces oeuvres. Le coup de fil énigmatique de la fin fait penser à l’interlocuteur de la Mort du frère mort de Franny et Zooey. Le personnage Ma ressemble, par bien des points, à la mère de la même nouvelle. Les gants de peau fétiches de Leslie font penser au trophée du grand frère mort de L’Attrape-coeurs : un gant de base ball sur lequel il avait écrit des passages de ses poèmes préférés. Enfin et surtout, le rapport privilégié que tous les personnages jeunes de Salinger entretiennent avec l’enfance me semble être une clé importante de la pièce de Koltès. Quête de la vérité, des raisons de vivre, questions sur la vie à l’aune de l’enfance et de la mort : deux intransigeances. Extrait de la note d’intention de Catherine Marnas
Sallinger
De Bernard-Marie Koltès
Mise en scène Catherine Marnas
Assistant à la mise en scène Julien Duval • Scénographie Carlos Calvo • Lumières Michel Theuil • Création sonore Madame Miniature, Lucas Lelièvre • Costumes Dominique Fabrègue assistée de Édith Traverso • Maquillages Sylvie Cailler
Avec
Muriel Inès Amat (TNS) Anna (soeur du Rouquin et de Leslie)
Marie Desgranges (TNS) Carole (veuve du Rouquin)
Fred Cacheux (TNS) Leslie (frère du Rouquin)
Antoine Hamel (TNS) Le Rouquin
Franck Manzoni (Cie Parnas) Al (le père)
Olivier Pauls (Cie Parnas) Henri (confident de Leslie)
Cécile Péricone (TNS) June (confidente de Carole)
Bénédicte Simon (Cie Parnas) Ma (la mère)
Co-production Théâtre National de Strasbourg et Cie dramatique Parnas
Soutien en production Théâtres en Dracénie | Draguignan (83) • Le Théâtre National de Strasbourg est subventionné par Le Ministère de la culture et de la communication • La Compagnie dramatique Parnas est subventionnée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC PACA), la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Général des Bouches du Rhône, la Ville de Marseille
Les décors et les costumes ont été réalisés par les ateliers du TNS.
TNS – Strasbourg – Salle Koltès
Du mardi 20 novembre au vendredi 7 décembre 2012
Du mardi au samedi à 20h, dimanche 2 à 16h
Relâche les lundis et dimanche 25 novembre
Martigues, Théâtre Les Salins, le 11 janvier 13
Gap, Théâtre La Passerelle, le 15 janvier 13
Miramas, Théâtre de la Colonne, le 31 janvier 13
Alès, Le Cratère, le 2 février 13
Cavaillon, Scène nationale, le 5 février 13
Draguignan, Théâtres en Dracénie, le 12 février 13
Catherine Marnas met en scène Sallinger de Koltès
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