Catherine Hiegel met en scène les trois premiers textes du recueil des Dramuscules, écrit un an avant la mort du dramaturge Thomas Bernhard. Elle a choisi deux très grandes actrices : Judith Magre et Catherine Salviat pour les interpréter. La pièce est entrecoupée d’un petit jeu qui alimente les discussions à la sortie du spectacle…
Peut-on rire de tout ? Et notamment du racisme dans une période où les idéologies extrémistes refleurissent dans les discours de notre société. Catherine Hiegel pose la question en adaptant le début du recueil de Thomas Bernhard. Le dramaturge autrichien a a tout au long de sa carrière dressé le portrait d’un pays qui a eu du mal à tourner la page du nazisme. Dramascules a été écrit en 1988. Certaines situations décrites et certaines phrases prononcées par les actrices sont toujours d’actualité. C’est un condensé de discours haineux et racistes sur les étrangers. Alors le rire comme éxutoire ? L’humour à fleur de peau sous la plume acerbe de Bernhard serait brocardé aujourd’hui. On ne peut plus rire de tout dans notre époque.
Au milieu du spectacle, Catherine Hiegel propose un jeu au public. Catherine Salviat lit dans un carnet des phrases prononcées ou écrites par des personnages célèbres du 17ème siècle à nos jours. On est saisi de découvrir les noms qui se cachent derrière certaines citations. De Montesquieu à Voltaire, en passant par Jules Ferry, Kant, Giraudoux, jusqu’aux politiques d’aujourd’hui, Sarkozy, Chirac, chacun y va de son petit commentaire à caractère raciste. Alors sommes-nous tous racistes ? Certains spectateurs sortent excédés de ce petit jeu et trouvent un peu facile d’extraire des phrases hors de leur contexte historique. D’autres trouvent que la ligne jaune est facilement franchissable. En tout cas le spectacle de Catherine Hiegel tombe à point nommé dans cette période où l’on ne se cache plus pour proférer des discours haineux.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
DRAMUSCULES
De Thomas Bernhard, traduction de Claude Porcell
Mise en scène de Catherine Hiegel
Avec
Judith Magre, Première femme, Première voisine et Maria
Catherine Salviat, Deuxième femme et Deuxième voisine
Antony Cochin, le Fossoyeur et Kroll
Scénographie et costumes, Goury
Création sonore, Céline Bakyaz
Lumières,Yves Bernard
La pièce est éditée à L’Arche éditeur
Durée : 1h
Production Théâtre de Poche-Montparnasse
Du 26 novembre 2013 au 9 mars 2014
Représentations du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h30
Relâches les 1er, 3, 25 décembre et 1er janvier
Thomas Bernhard, Catherine Hiegel, Judith Magre.Extrêmement alléchant. Je vais enfin découvrir Judith Magre, dont j’ai entendu un certain nombre de fois la voix merveilleuse sur France Culture. Attention, en haut de l’article, il est écrit : dramascules.
« Dramascules » pour « Dramuscules »
Et une autre coquille / lapsus, plus intéressante : « le rire comme exécutoire »…