Au Théâtre libre, Carolyn Carlson déplie une traversée dans le temps mystérieuse avec Crossroads to Synchronicity, reprise de la pièce Synchronicity créée en 2012. Cette succession de coïncidences, un poil surrané, transcrit toutefois avec justesse le lyrisme de la danse de la chorégraphe.
Une grande chorégraphe réinvestit une pièce créée il y a plus de dix ans. L’Américaine Carolyn Carlson a marqué l’histoire de la danse grâce à sa danse expressive aux accents philosophiques, qu’elle qualifie de “poésie visuelle”. Fort du style audacieux, moderne et coloré insufflé par Alwin Nikolais, pour qui elle a dansé, elle débarque à Paris au début des années 1970 en cassant les codes de la danse, créant même au sein de l’Opéra de Paris, un groupe de recherche théâtral expérimental : le GRTOP. L’autrice de dizaines de pièces cultes et fondatrice de l’Atelier de Paris (lieu dédié à la danse à la Cartoucherie de Vincennes) déploie Crossroads to Synchronicity (2017), qui revisite la pièce Synchronicity créé en 2012. Une traversée dans le temps, toujours pertinente aujourd’hui ?
Des tables, des chaises, des danses de couple en robes blanches et costumes, des courses à travers le plateau… A première vue, Crossroads to Synchronicity ressemble à une pièce des années 1980. Sur la scène au décor léché, se déploie une atmosphère sombre, nostalgiques, où les corps des interprètes sont caressés par les spots jaunes. Ils entraînent la salle dans un périple à travers les âges, où se déplie un monde parsemé de symboles (une porte, une bassine, un écran qui diffuse un film du spectacle filmé en 2012). Les personnages de cette histoire évoluent, se croisent, interagissent au gré de coïncidences dans des paysages embrumés de mystère.
La danse y est lyrique, emblématique du style de Carlson : de grands gestes étirés, des sauts, des déplacements dynamiques et fluides. Théâtrale aussi, elle déploie une palette d’émotions, par les expressions extatiques, les mimiques et attitudes presque tragiques lorsque les interprètes sont installés sur une grande table. Malgré un air désuet, se déplie une finesse d’interprétation, portée par six interprètes collaborateurs historiques de la compagnie. Il ondulent, virevoltent sur une diversité de musiques, instrumentales d’Henry Purcell et Jean Sibelius ou plus moderne, comme la folk lyrique d’Alela Diane et de Bob Dylan. Les moments les plus frappants restent les soli en robes blanches, où le corps est comme emporté dans un tourbillon d’émotions poignantes, faisant apparaître l’aura de Carlson.
Belinda Mathieu – www. sceneweb.fr
Crossroads to Synchronicity
Chorégraphie & conception films : Carolyn Carlson, avec la complicité des interprètes
Assistant chorégraphique : Henri Mayet
Interprètes : Juha Marsalo, Riccardo Meneghini, Céline Maufroid, Isida Micani, Yutaka Nakata, Sara Orselli
Création lumière : Rémi Nicolas, assisté de Guillaume Bonneau
Scénographie : Carolyn Carlson et Rémi Nicolas
Conseil musical et créations sonores : Nicolas de Zorzi
Musiques à confirmer parmi : Ry Cooder, Tom Waits, Bob Dylan, Alela Diane, Jean Sibelius, Gavin Bryars, Bruce Springsteen, Henry Purcell…
Costumes : Elise Dulac, en collaboration avec Emmanuelle Geoffroy, Colette Perray, Léa Drouault, Cécile Pineau
Collaboration films 2012 : Juliette Louste ; Zahra Poonawala ; Olivier Madar, Vecteur M, Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains. Remerciements CCN Roubaix et le Colisée.
Figurants films : Amélie Vallée, Maya Milet, Emilie Burc, Gaëtan Lhirondelle, Marine Bouillon, Cédric Carré, Van-Kim Tran, Dimitri La Sade-Dotti, Juha Marsalo, Antonia Vitti, Sara Orselli, Céline Maufroid, Yutaka Nakata, Isida Micani, Jacky Berger, Chinatsu Kosakatani et Yoshi Moens
Production : Carolyn Carlson Company
Co-production : Théâtre de Rungis avec la collaboration du CDC Atelier de Paris-Carolyn Carlson (prêt de studio)Théâtre Libre
Du 15 novembre au 3 décembre 2023
du mercredi au samedi à 21h et le dimanche à 16h
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