Gérard Desarthe remonte Home, pièce de l’anglais David Storey avec une distribution éclatante. Une magnifique poésie se dégage de ces cinq personnages, prisonniers d’un hôpital psychiatriques. Il y a de la dérision et de l’humour.
Dans ce spectacle totalement séduisant se dégage une belle atmosphère. On la doit tout d’abord au magnifique décor glaçant, tout en béton banché avec de longs murs qui montent dans les cintres. Il est signé Delphine Brouard qui a également conçu des costumes aux pattes d’éléphant dans des tissus très années 70, totalement réalistes.
Nous sommes dans un lieu désaffecté, dans un autre monde, celui de ces cinq personnages imaginés par l’auteur anglais David Storey. La pièce a été créée en France en 1973 à l’Espace Cardin par Claude Régy dans une adaptation de Marguerite Duras avec Michael Lonsdale et Gérard Depardieu. On ne sait pas comme Marguerite Duras avait traduit la pièce, mais ici la traductrice Hazel Karr restitue bien l’esprit décalé de l’écriture de David Storey.
On ne peut s’empêcher de penser à Beckett. Les cinq personnages, paumés, réfugiés dans leur folie, mènent des conversations absurdes joyeusement décousues. Ils passent du coq à l’âne avec des dialogues souvent à double sens. Mais se posent aussi de bonnes questions. Kathleen (Carole Bouquet) sur Dieu qui n’a pas de femme: « Il fait tout par télépathie ! » ou Jack (Pierre Palmade): « Un léopard ne peut pas changer ses taches ! »
Les cinq comédiens abordent leurs personnages avec le grain de folie nécessaire dans des compositions éblouissantes. Gérard Desarthe en Harry aigri et désabusé. Pierre Palmade en Jack au visage cadavérique et au regard évaporé (avec ses longs cheveux noir). Carole Bouquet en Kathleen au rire nerveux incontrôlable (avec une belle perruque blonde de Suzanne Pisteur qui a réalise également un très beau travail sur le maquillage). Il y a aussi Valérie Karsenti en Marjorie et Vincent Deniard, Alfred grand gaillard qui fait chanter les tables et les chaises. Ils sont tous très touchants et mettent beaucoup de poésie dans cette pièce sur la différence.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Home de David Storey
Mise en scène Gérard Desarthe
Traduction Hazel Carr
Assistant à la mise en scène Jacques Connort
Avec Carole Bouquet, Pierre Palmade, Gérard Desarthe, Valérie Karsenti et Vincent Deniard
Décor et costumes Delphine Brouard
Lumières Rémi Claude
Coproduction Théâtre de l’Œuvre, Théâtre Montansier, Laura Pels Productions
Durée: 1h30Théâtre de l’Œuvre
À partir du 20 octobre 2015
> 21h du mardi au samedi
> le samedi à 18h
> le dimanche à 15h
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