Célébrer. Pas seulement ce qui fut, mais surtout ce qui continue à être, sur les hauteurs de la ville, sur
cette acropole cubiste, belle au bois vivant, promontoire avant-gardiste avec vue sur la mer. Hypothèse corollaire : la Villa Noailles est un théâtre, aussi, une scène, depuis près d’un siècle, puisque c’est là qu’on se rencontre, qu’on se regarde, qu’on s’écoute, hier en petit cercle, aujourd’hui élargi, toutes fenêtres ouvertes. Se réunir et inventer une histoire, ensemble la raconter, la jouer, c’est ce que font les enfants, c’est ce que firent les Noailles et leurs amis devant la caméra de Jacques Manuel dès 1928 avec Biceps et Bijoux, c’est ce que font les acteurs au théâtre et les chanteurs à l’Opéra. Lyrique, la vie de Marie Laure et Charles l’est à souhait, tellement que si c’était une œuvre de fiction, on dirait sûrement que c’est un peu too much… comme l’Opéra, qui est souvent too much aussi, et pourtant, peut-être que ça fait partie de son identité d’être excessif, archi-sentimental, incapable de tiédeur, définitif. C’est pour ça qu’il faut un opéra, ou une forme qui s’y apparente, pour fêter cette histoire : à démesure, démesure et demie.
Puiser directement non pas dans les archives mais au cœur vibrant des œuvres, humer l’air de leurs nuits,
capter les rythmes de leurs engouements, imaginer la trajectoire de leurs désirs, partout, sur les terrasses, les toits, dans les jardins et tous les recoins carrés, les escaliers, dans les livres et à la surface des toiles. Ce
n’est pas surprenant que Mallet-Stevens ait réalisé tant de décors de films : son architecture invite à transcender le quotidien, à l’habiter autrement. Tout est là, donc : les personnages, l’histoire, le décor.
Dans le foisonnement artistique presque infini auquel le nom de Noailles est associé, il faut choisir, viser, parfois oublier, s’éloigner radicalement pour rester aujourd’hui, être dans la connivence plutôt que dans la révérence, tenter de garder de cette aventure l’essentiel : la curiosité, l’enthousiasme, la générosité, l’inventivité, l’humour, sans oublier le sport, central dans la conception comme l’usage de la Villa. La grand-mère de Marie Laure, Laure de Sade, comtesse de Chevigné, avait servi de modèle à Proust pour la duchesse de Guermantes, donc c’est une tradition familiale que d’inspirer des personnages de fiction et sans doute est-ce aussi une tradition familiale—héritage princier—que de se mettre en scène soi-même, devant l’œil d’un peintre, l’objectif d’un photographe devant des amis ou en toute autre situation mondaine ou officielle. S’inspirer de tout cela pour l’incarner, aujourd’hui.
Vincent Huguet, avril 2022
Ressusciter la Rose (titre provisoire)
Hommage musical exceptionnel à la vie, l’œuvre et la mémoire de Marie-Laure et Charles de Noailles, d’après une idée originale de Jean-Pierre BlancProposition musicale en trois actes
Composition • Raphaël Lucas
Livret • Simon JohanninMise en scène • Vincent Huguet
Scénographie • Patrick Bouchain
Dessins et costumes • Jacques Merle
Tapisseries • Manon DavietMarie-Laure de Noailles • Camelia Jordana
• Jeanne GérardCharles de Noailles • Bastien Rimondi
Le professeur de gym • Yanis Siah
Le poète • Malik Djoudi
La jeune fille à l’Âne • Delphine Mégret
Lecture des poèmes de Marie-Laure de Noailles • Pauline Cheviller
Acrobates Groupe Wonsembe :
Vivien Dumoutiers, Rémi Girard, Akuma Zenati, Daniel Dorel Suciu, Ibrahima Camara, Sekou Soumah et Mohammed SoumahOrchestre de l’Opéra de Toulon
DJ Laurent TaCréation mondiale à l’occasion du centenaire de la Villa Noailles
Avec le généreux soutien d’Aline Foriel-Destezet et de CHANEL, Grand Mécène du centenaire
Production Villa Noailles, en partenariat avec l’Opéra de Toulon
Participation exceptionnelle des Ateliers Montex et Repetto
Chanté en français
Durée 2h20
Saison de l’Opéra de Toulon
à la Villa Noailles
du 16 au 18 septembre 2023
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !