Brontis Jodorowsky reprend au Lucernaire Le Gorille, un spectacle qu’il a créé en 2010. Une adaptation de la nouvelle « Rapport pour une académie » de Kafka par son père, Alejandro Jodorowsky. Un très grand numéro d’acteur.
Le gorille de Kafka est nouvelle acerbe, une critique de la société à travers le regard d’un gorille capturé dans la jungle et qui petit à petit devient humain. Il se met à parler et se socialise. Il devient une bête de foire. Un spécimen que l’on montre à travers le monde. Alejandro Jodorowsky, auteur, réalisateur et créateur du groupe Panique avec Arrabal et Topor dans les années 60 a toujours eu un coup de cœur pour ce texte. A 80 ans il a décidé de monter ce spectacle pour son fils, Brontis. « Partant donc du texte de Kafka, explique Alejandro Jodorowsky j’ai écrit un monologue théâtral qui montre l’éveil d’un esprit, d’abord primitif, ensuite vindicatif et pour finir accompli, c’est à dire conscient de l’inutilité de tout ce paraître qui nous éloigne de l’authenticité. D’une certaine manière, moi-même, enfant d’émigrés russo-juifs échoués au Chili, j’ai subi pendant mon enfance le rejet d’une société qui nous regardait comme différents, c’est à dire comme nocifs ».
Brontis Jodorowsky est tout simplement éblouissant dans cette composition. Dès les premières minutes du spectacle, il scotche le spectateur. Il a créé un vrai personnage, une vraie créature, mi homme, mi singe en travaillant énormément sur la gestuelle, le déplacement, le positionnement des mains. Tour à tour émouvant lorsqu’il raconte l’angoisse de la captivité, hilarant lorsqu’il découvre les joies de l’alcool, ce gorille devient un personnage attachant qui nous ouvre les yeux sur la bêtise du monde humain. Le texte de Kafka, traduit par Brontis Jodorowsky est une pure merveille, d’un grand cynisme, et aussi plein d’humour. « J’ai bien le droit de baisser mon pantalon quand je veux. On y verra là une fourrure bien entretenue ». « Les singes parlent avec leur ventre. Il y a aussi des hommes qui pensent avec ce qui leur sert à user leur fauteuil d’orchestre ».
« Le gorille kafkaïen est une victime absolue, explique Alejandro Jodorowsky. Tout comme les immigrés qui s’entassent dans des quartiers-ghettos, que l’on tolère et exploite dans des tâches méprisées, sans jamais les reconnaître en tant que concitoyens à part entière». Kafka a imaginé ce singe s’adressant à un aréopage de scientifiques sous forme de conférence. Sous le portrait de Darwin, le Gorille règle ses comptes avec les humains et leurs préoccupations vénales. « J’ai appris à tuer le temps ». Il veut retourner dans la jungle pour « oublier vos journées de paroles creuses ». « Avant je n’avais pas de problème » lâche le gorille en guise de conclusion.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le gorille d’Alejandro Jodorowsky, d’après Franz Kafka
Texte français de Brontis Jodorowsky
Mise en scène : Alejandro Jodorowsky
Avec : Brontis Jodorowsky
Durée : 1hLucernaire
DU 4 SEPTEMBRE AU 3 NOVEMBRE 2019 À 21H DU MARDI AU SAMEDI, DIMANCHE À 18H
Un vrai beau moment de théatre !
Un texte non dénué d’humour mais qui porte à la réflexion , une mise en scène irréprochable et une interprétation de l’ordre de la performance d’acteur.
Merci pour les invitations .
J’ai passé un très bon moment de théâtre. une mise en scène sobre, l’acteur seul en scène émerveille par sa performance, son énergie. Le texte d’une grande actualité nous invite à réfléchir sur notre mode de vie et plus simplement sur le monde.
Merci aux lecteurs de Scèneweb d’être venus nombreux assister à « Le gorille ». Le partenariat avec Scèneweb concernait des dates précises. Il n’y a donc plus d’invitations. Mais nous pouvons vous proposer des détaxes à 10€ pour vous et à 15€ pour les personnes vous accompagnant (le plein tarif est à 22€); c’est un offre valable uniquement jusqu’au 9 octobre inclus. Réservation à faire à l’adresse mail suivante: theatredutournant@gmail.com, en précisant que vous écrivez de la part de Scèneweb. À très bientôt donc!