Difficile de passer derrière Stéphane Braunschweig et Eric Lacascade et leurs deux versions de Tartuffe qui ont marqué ces dernières saisons théâtrales. Marion Bierry a pourtant réuni une équipe au savoir faire bien établi : André Diot à la lumière et Nicolas Sire au décor. C’est propre et élégant, surtout les deux grands rideaux noirs qui viennent séquencer les différents actes. Et le casting est alléchant. Claude Brasseur (Orgon) se retrouve plongé dans ses années de Conservatoire, mais aussi ses années Planchon (on se souvient d’un marquant Dandin en 1985 avec Zabou Breitmann), Chantal Neuwirth est comme toujours excellente, et sa composition du rôle de Dorine permet à la pièce de décoller pendant les deux premiers actes. C’est léger. On se languit des bons mots de Molière. Il y a vraiment un côté jouissif à retrouver cette troupe, et notamment Jacqueline Danno qui campe une Madame Pernelle sèche et qui fait autorité dans son fauteuil roulant. On se dit alors que le spectacle est bien lancé.
Et puis l’ensemble se met malheureusement à ralentir. L’arrivée de Patrick Chesnais ne relance pas la machine. On se demande bien quel Tartuffe il incarne ? Ni monstre amoureux, ni dévot démon, on cherche son positionnement. Et puis certaines prestations affaiblissent le spectacle. Emilie Chesnais (Mariane) et Beata Nilska (Elmire) ont du mal face au reste de la troupe. La scène 5 de l’acte IV dans laquelle Orgon se cache sous une table pour surprendre Tartuffe, point culminant et pivot de la pièce est ratée. Non seulement Orgon ne se cache pas sous une table mais sous un piano (c’est un détail) mais on ne sent pas le drap bouger et Orgon s’énerver. Claude Brasseur est-t-il d’ailleurs sous le piano pendant toute la scène, on en doute ?
Les arrivées de Monsieur Loyal (joli retour sur scène de Marcel Philippot) et de l’Exempt (Roman Jean-Elie) ne parviennent pas à nous redonner le sourire. On peut cependant néanmoins souligner les jeux justes et convaincants de Julien Rochefort (Cléante) et Arnaud Denis (Damis). Mais ce n’est pas suffisant pour sortir totalement enjoué.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Tartuffe de Molière
Mise en scène : Marion Bierry
Décors : Nicolas Sire
Costumes : Marion Bierry, Virginie Houdinière
Lumières : André Diot
Assistant mise en scène : Denis Lemaitre
Avec Claude Brasseur
Patrick Chesnais
Chantal Neuwirth
Beata Nilska
Emilie Chesnais
Julien Rochefort
Arnaud Denis
Marcel Philippot
Guillaume Bienvenu
Roman Jean-Elie
Alice De La Baume
et Jacqueline Danno
Théâtre de ParisA partir du 11 septembre 2012
Du mardi au samedi à 20h30
Dimanche 16h
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