Férue de danses traditionnelles, la chorégraphe Madeleine Fournier investit avec cinq autres interprètes le branle, une tradition populaire de la Renaissance, où les gestuelles du passé sont projetées dans un dancefloor futuriste.
Tenues folkloriques désuètes et fêtes de village, voilà ce qu’évoque de prime abord les danses traditionnelles. Chez Madeleine Fournier pourtant, elle prend des atours bien plus actuels. Cette ancienne interprète de Loïc Touzé imaginait une transe hypnotique avec le solo Labourer (2019), où elle arborait une dégaine de pantin aux joues rouges pour danser la bourrée à trois temps. Avec Branle, elle continue cette recherche sur les danses traditionnnelles en investissant le branle, danse (ou famille de danse) de la Renaissance, qui consiste à faire trois pas en avant et deux en arrière. En reconstituant un bal, qui devient un dancefloor étrange, elle invoque de nouveau les corps du passé pour les téléporter dans le futur.
Le public entoure la piste de danse. D’un côté, deux musiciens se tiennent sur une estrade : une chanteuse, un joueur de uilleann pipes (une sorte de cornemuse). Les six danseuses et danseurs passent en coup de vent au milieu, en dégringolant tels des arlequins maladroits. La chanteuse, Marion Cousin en tenue noire et blanche, yeux fardés des mêmes couleurs, a des allures de prêtresse. Elle entonne un chant en décomposant les syllabes avec soin. Serait-ce un rituel mystique ? Ou plutôt un bal étrange ? Julien Desailly (le musicien) scande le rythme et les interprètes amorcent un branle, en ligne. Ils se croisent, déplient ses variantes au fur et à mesure : un tour sur soi-même, des groupes de deux ou de trois.
Comme ébranlés par la répétition – ou par une force venue d’ailleurs – le bal se transforme, se délite, transporte dans un autre décor. Les bustes se penchent peu à peu, pour attraper un œuf posé sur le sol, les mains attrapent des objets imaginaires, flottant dans l’espace. A l’image des costumes, t-shirts et pantalons bicolores, Branle est sous-tendu par des ambivalences. Les corps alternent d’un état à l’autre, révèlent ce qui était caché : la structure précise de la danse laisse place à la fantaisie décalée des gestes, la naïveté se teinte d’érotisme, les corps passés deviennent futuristes. Des oeufs cassés jonchent le sol, le rythme s’accélère et l’ambiance tend vers le chaos. A travers ces corps qui oscillent de manière robotique, sublimés par les variations de la lumière, se dessine un futur post-humain, des paysages de science-fiction, un dancefloor qui traverse le temps.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Branle
Chorégraphie, Madeleine Fournier
Inteprètes, Mathilde Bonicel, Madeleine Fournier, Sonia Garcia, Flora Gaudin, Johann Nöhles, Marie Orts
Musique, Marion Cousin, Julien Desailly
Assistant, Jérôme Andrieu
Espace, Madeleine Fournier, Nicolas Marie
Lumière, Nicolas Marie
Transmission bourrée 2 temps, Solange Panis
Costumes, Valentine Solé
Régie son, Vincent DomenetRégie générale, Leslie Vignaud
Administratrice de production, Margot Guillerm
Accompagnement aux projets, Teresa Acevedo
Assistante de production, Louise AlixProduction, ODETTA
Coproduction, Chorège – CDCN Falaise Normandie dans le cadre du dispositif « accueil-studio » soutenu par le ministère de la Culture ; festival NEXT ; Charleroi Danse – centre chorégraphique de Wallonie-Bruxelles ; CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble dans le cadre de l’accueil studio ; Mille Plateaux – CCN La Rochelle dans le cadre du dispositif de l’accueil-studio du ministère de la Culture, Atelier de Paris / CDCN ; CND Centre national de la danse (Pantin) ; 3 bis f – Centre d’arts contemporains d’intérêt national à Aix-en-Provence – résidences d’artistes – arts vivants & arts visuels ; Le Carreau du Temple – Établissement culturel et sportif de la ville de Paris ; Festival d’Automne à Paris ; kunsten centrum BUDA (Courtrai) ; Centre chorégraphique national d’Orléans – Direction Maud Le Pladec
Avec le soutien du mécénat de la Caisse des Dépôts
La compagnie ODETTA est soutenue par la Drac Île-de-France / ministère de la Culture avec une aide pluriannuelle
Avec le soutien à la résidence de la Soufflerie ; de La Métive – Résidence d’artistes à Moutier d’Ahun
Madeleine Fournier bénéficie d’un accompagnement de parcours depuis 2018 de l’Atelier de Paris / CDCNLe Festival d’Automne à Paris, l’Atelier de Paris / CDCN et le CND Centre national de la danse sont coproducteurs de ce spectacle et le présentent en coréalisation.
Durée 1h
Atelier de Paris / Centre de développement chorégraphique national
17 et 18 Novembre 2023
Ven. 20h, sam. 18hCND Centre national de la danse
7 au 9 Décembre 2023
Jeu. 7 au sam. 9 décembre
Jeu. ven. 19h, sam. 18hNext Festival
Art center BUDA , Budascoop, Courtrai
24 et 25 novembre 2023Le Gallia Théâtre, Saintes
17 janvier 2024La Raffinerie Charleroi Danse, Bruxelles
22 et 23 mars 2024
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !