© Lucie Jansch, 2011
Emmanuel Demarcy-Mota a dévoilé cet après-midi la saison 2018/2019 du Théâtre de la Ville, la saison du 50ème anniversaire. Bob Wilson est venu présenter ce qui risque d’être l’un des évènements: Mary said What She said avec Isabelle Huppert. Le spectacle sera programmé à Cardin en deux vagues (du 22 au 25 mai 2019 et du 5 juin au 6 juillet 2019). Le metteur en scène texan qui vient de débuter les répétitions du Livre de la Jungle que l’on verra en 2019/2020 lors de la réouverture du Théâtre de la Place du Châtelet, s’est livré à une mini masterclass totalement passionnante.
C’est un Bob Wilson très ému qui s’est présenté devant le public de l’Espace Cardin. « Cela fait du bien d’être chez soi ! » a-t-il lancé dans un grand éclat de rire. Car c’est à Cardin que sa carrière a débuté à Paris il y a 47 ans avec Le Regard du Sourd. La pièce avait été créée au Festival de Nancy, dirigé par Jack Lang, en juin 1971, avant de triompher à Paris au Festival d’Automne. Bob Wilson a 27 ans, il fréquente les avant-gardes new-yorkaises (la Judson Church, Warhol). « J’ai grandi au Texas et il n’y avait pas de théâtre » a-t-il expliqué au public de Cardin. « Quand je suis arrivé à New-York, je suis allé voir des spectacles de Broadway que je n’aimais pas et c’est toujours le cas. Et j’aimais encore mois l’opéra et c’est encore le cas. Et puis j’ai vu le programme de Balanchine au New-York City Ballet, ensuite celui de Merce Cunningham, puis de John Cage. Ils laissaient de l’espace mental et virtuel sur scène. »
En 2019 on assistera aux grandes retrouvailles de Bob Wilson et d’Isabelle Huppert, « l’une des artistes les plus extraordinaires au monde » pour le metteur en scène. « Il n’y a pas de star comme elle aux USA. Elle a cette capacité à penser de manière abstraite. Si je travaillais avec actrices comme Meryl Streep ce sera impossible de les faire travailler de cette manière. Avec Isabelle, on a pas besoin de beaucoup se parler. » Bob Wilson a livré quelques secrets de fabrication sur travail. « Je donne des indications formelles, qui veulent dire « plus léger, plus lourd, plus intérieur, plus doux », c’est comme si on travaillait avec de la sténo. En 50 ans il ne m’est jamais arrivé de dire à un comédien ce qu’il devait penser. Leur liberté est totale, je donne des matériaux: l’angle du regard, les mouvements, l’espace devant et derrière, ce sont des indications formelles. »
Bob Wilson n’a pas encore une idée très précise de la forme de Mary said What She said. « C’est difficile de parler du travail car ma manière est de construire l’œuvre dans la salle de répétition. On débute tout cela dans deux semaines avec Isabelle. » Ce qui est certain c’est que la musique du spectacle sera composée par le pianiste italien Ludovico Einaudi. Il s’agit des dernières secondes de la vie de Mary Stuart, Reine d’Ecosse, avant son exécution au château de Fotheringhay le 8 février 1587. Le spectacle sera divisé en trois parties. La réflexion, la captivité et l’exécution.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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