Denis Podalydès a confié à Benjamin Lavernhe le rôle de Scapin. Rude tache. Entré le 1er octobre 2012 à la Comédie-Française pour jouer Lycante dans La Place Royale de Corneille mise en scène par Anne-Laure Liégeois, il avait repris ensuite le rôle de Fadinard dans Un chapeau de paille d’Italie de Labiche au moment du départ de Pierre Niney. Autant à l’aise dans son rôle de travesti dans L’Interlope (cabaret) que dans celui d’Hippolyte dans Phèdre, Benjamin Lavernhe est la révélation de ce début de saison théâtrale. La pièce sera diffusée le 26 octobre 2017 en direct de la Comédie-Française à 20h15 dans toute la France grâce aux cinémas Pathé.
Aviez-vous rêvé de jouer ce rôle avant de rentrer la Comédie-Française ?
Pas forcément mais je l’avais travaillé en première année au Cours Florent.et j’avais pris beaucoup de plaisir. Je ne fais pas partie de ces acteurs avec un trio de rôles à jouer absolument.
Quelles ont été les premières indications de Denis Podalydès ?
Il m’a tout de suite dit qu’il ne fallait pas essayer de copier un Scapin existant car il y a autant de Scapin qu’il y a d’acteurs. Il m’a demandé de partir de ma jeunesse. Ca décomplexe un peu. Cela m’a tout de suite mis en confiance. On est très vite tombés d’accord sur le mystère de ce personnage. Il nous échappe ce Scapin. Scaparer veut d’ailleurs dire s’échapper en italien. Il est insaisissable, on se demande pourquoi il agit de la sorte. On s’est très vite dit que cela parlait du métier d’acteur car la pièce parle de la vocation et de la passion.
Et c’est un Scapin sexué !
Cela n’est pas venu tout de suite. Il ne fallait non plus qu’il soit trop lisse et trop gentil. Dans Scapin il y a tous les rôles. C’est comme si Molière avait mis Don Juan, le Misanthrope, et toutes les grandes figures de ses pièces. Il y a aussi de l’amertume dans le personnage. Et le rendre sexué, cela m’a paru intéressant. Et puis il y a de la farce et de la comédie. On sent bien que Molière a envie de taper sur une forme d’autorité que représentent les pères dans la pièce. Ils incarnent la royauté et tous les censeurs qui ont croisé sa route. C’est une pièce inconsciente. Elle n’est pas innocente, ce n’est pas juste une farce.
La pièce permet de jouer avec vos camarades, il y a des scènes mythiques, dont celle du sac avec Géronte, vous vous en donnez à cœur joie avec Didier Sandre.
Il en prend pour son grade ! On ne se parle plus d’ailleurs ! Il se plaint d’un mal de dos, mais c’est le rôle qui veut cela. Il y a du plaisir, du déchainement et de l’excès. Mais la pièce est aussi très violente.
Ce rôle va-t-il vous changer ?
C’est certain qu’il me change en tant qu’acteur. Je vais grandir pour toujours essayer d’être à la hauteur. Il y a aussi des peurs à affronter. C’est avant tout un cadeau pour un acteur. Scapin fait tout. Il met en scène, il joue plusieurs rôles à l’intérieur de son personnage, Je réalise petit à petit mais c’est assez fou. Je suis attentif au regard de mes camarades qui sont tous bienveillants et j’ai envie d’être à la hauteur de leurs attentes.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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