En ouverture du Festival SPRING, festival international des nouvelles formes de cirque en Normandie, six jeunes filles maliennes interprètent Basketteuses de Bamako, spectacle de jonglage musical, conçu sous la houlette de Thomas Guérineau, d’une austère originalité.
Dans le domaine du jonglage, Thomas Guérineau s’est construit sa spécialité à lui, celle du jonglage-musical, qu’il croise ici – le spectacle est labellisé Olympiades culturelles – avec l’univers du sport. Pas de dunk, alley-oop ou autre claquette au programme de ce spectacle pour autant, mais la chorégraphie de six jeunes filles maliennes qui chantent et dansent avec ce fameux ballon à la surface grêlée, d’un demi kilo environ, qui leur sert d’élément percussif. Il y a une dizaine d’années, Thomas Guérineau créait Maputo-Mozambique avec 6 jongleurs musiciens venus du Mozambique. C’est cette fois-ci du côté du Mali, et en collaboration avec la compagnie Nama, spécialisée dans la marionnette, qu’il a conçu cette forme d’une petite heure environ.
Commençons par la fin. Le buzzer a retenti depuis quelques secondes et les six jeunes femmes explosent de joie. Soulagées d’avoir passé cette première représentation sans faute, au salut, on découvre enfin leurs visages en pleine lumière, leur jeunesse, leurs sourires. Les corps exultent de pouvoir se relâcher, se libèrent de toute cette pression accumulée, de cette concentration extrême maintenue pendant une heure d’une chorégraphie tirée au cordeau. Djenaba Diabate, Mariam Diakite, Koumba Alimatou Djire, Djenebou Fane, Ramata Kone et Kadiatou Togola s’embrassent donc, sautillent dans tous les sens. On partage leur joie mais l’on ne peut ravaler ses regrets. Demeurées tout le long du spectacle dans une semi-obscurité – éclairages latéraux en contre-plongée -, habillées uniformément – pantalon noir et débardeur blanc – elles étaient jusque là l’outil bien réglé d’une représentation davantage que ses protagonistes.
Le mélange des genres était réussi pourtant. Tout du long, les ballons se font prolongement du corps. La rencontre des paumes et du cuir peut sonner percutante ou plus soyeuse. Le son du rebond contre le sol est plus net, plus puissant, forcément, encore davantage quand il s’effectue sur un tambour, un doundoun. Et pour manier les gros ronds jaunes bondissants, les corps dribblent et dansent autant qu’ils jonglent et chaloupent. Les arts et disciplines a priori séparés semblent se mêler tout naturellement dans une mélopée qui tient autant du traditionnel que du sériel. Les trajectoires des balles se diffractent dans la lumière, comme découpées au stromboscope et par la polyrythmie des chants. La tradition entre bien dans la modernité. L’Afrique et l’Occident – malgré les bâtons dans les roues mis par la géopolitique et les autorités – s’enrichissent mutuellement. Et la maîtrise technique des six jeunes femmes qui conjuguent chant, danse, basket et jonglage, a été impressionnante à défaut d’être véritablement spectaculaire.
Mais voilà. Le spectacle ne donne rien d’autre à sentir que le résultat d’un exercice technique abouti, d’une expérience formelle originale de laquelle Thomas Guérineau a expurgé le plaisir et la vie. Tout du long, on voudrait voir ces jeunes femmes qui dribblent et chantent autrement que sous la forme d’un groupe homogène et discipliné, on souffre que l’exercice ne donne lieu à aucune écriture, à aucune rupture, à aucun raté, à aucun humour. Exercice d’école haut de gamme, Basketteuses de Bamako ne laisse jamais souffler, évacue la question des relations entre les positions respectives de chacun, les apports réciproques des deux cultures, des différents univers, pour ne proposer qu’une forme aboutie, mais du coup monotone, sans beaucoup de relief, à la gloire de ce fameux jonglage musical.
Eric Demey – www.sceneweb.fr
Basketteuses de Bamako
Conception, mise en scène : Thomas Guérineau
Projet réalisé avec des basketteuses et artistes du Mali : Djeneba DIABATE, Mariam DIAKITE, Koumba Alimatou DJIRE, Djenebou FANE, Ramata KONE, Kadiatou TOGOLA
1 créateur lumière, 1 scénographe
Administratrice de production et diffusion : Ophélie Lemetteil
Production / Communication : Marie Dubrez
Photos : © Cie TG / Photos prises avec un téléphone portable au cours de la première résidence au Mali en novembre 21
Production Compagnie TG (France)
Coproduction Compagnie Nama (Mali) ; Africolor (France) ; Le Cube, Garges-lès-Gonesse (France) ; Agora, Pôle National Cirque Boulazac Aquitaine (France) ; La Verrerie d’Alès, Pôle National Cirque Occitanie (France) ; Théâtre de Rungis (France) ; Le Cirque Théâtre Elbeuf, Pôle National Cirque (France) ; La Brèche – Pôle National Cirque de Normandie – Cherbourg-en Cotentin (France)
Accueil en résidence Complexe Culturel BlonBa à Bamako (Mali), Le Cube, Garges-lès-Gonesse (France) ; Agora, Pôle National Cirque Boulazac Aquitaine (France) ; Théâtre de Rungis (France) ; Le Cirque Théâtre Elbeuf, Pôle National Cirque (France) ; La Brèche – Pôle National Cirque de Normandie – Cherbourg-en Cotentin (France) ; La Ville de Bobigny (France) ; Théâtre de Vanves / Scène conventionnée d’intérêt national « Art et création » pour la danse et les écritures contemporaines à travers les arts » (France) ; Points Communs, Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise (France) ; la Dynamo de Banlieues Bleues (France).
Soutien Institut Français à Paris, Dispositif Cirqu’Export ; avec la contribution financière de l’Union européenne et le support du Secrétariat de l’OEACP ; Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique Programme ACP-UE CULTURE (Afrique de l’Ouest) ; AWA ; Ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France ; Aide à la création en fonctionnement de la Région Ile-de-France ; ADAMI.
Partenaire conseil Institut Français du Mali à Bamako
Le projet Basketteuses de Bamako a reçu le label « Olympiade Culturelle » de la part de Paris 2024.
Spectacle tout publicDurée : 55 mn
Création Spring 2024
du 13 au 15 mars, 19h
Elbeuf (76) – Cirque – Théâtre d’Elbeuf, Pôle National Cirque – Première dans le cadre du festival SPRING20 mars, 18h30
Portes-lès-Valence (26) – Train-Théâtre, Scène conventionnée21 mars, 20h
Saint-Martin d’Hères (38) – Festival Détours de Babel, L’Heure bleue23 mars
Saint-Ouen-sur-Seine (93) – Espace 1789, Scène conventionnéene conventionnée – Basketteuses de Bamako28 mars, 20h30
Mondeville (14) – La Renaissance29 mars, 20h00
Amiens (80) – Cirque Jules Verne, Pôle National Cirque Amiens04 avril, 20h00
Creil (60) – La Faïencerie, Scène conventionnée05 avril, 20h30
Argenteuil (95) – Halle des sports Roger Ouvrard, Le Figuier Blanc06 avril, 20h30
Beaupréau-en-Mauges (49) – Scènes de Paysdu 14 au 16 mai
Boulazac Isle Manoire (24) – Agora, Pôle National Cirque25 mai
IÎle-Saint-Denis (92) – Festival Au Coin de ta rue, Ville de l’Île-Saint-Denis28 mai, 20h00
Choisy-le-Roi (94) – Théâtre Cinéma de Choisy-le-Roi, Scène conventionnée29 mai
Bobigny (93) – Salle Pablo Neruda30 mai
Romainville (93) – Le Pavillon01 juin
Bobigny (93) – Nuit Blanche6 et 7 juin, 19h30
Rochefort (17) – Théâtre de la Coupe d’Or, Scène conventionnée07 juin, 20h30
Rochefort (17) – Théâtre de la Coupe d’Or, Scène conventionnée13 juin
Alès (30) – Festival In Circus, La Verrerie, Pôle National Cirque15 et 16 juin
Nanterre (92) – Théâtre Des Amandiers, Centre Dramatique NationalDu 17 juin au 06 juillet
Tournée Africaine
Ça, quelle surprise, un homme blanc qui utilise des femmes noires, sans mettre en valeur leur personnalité et leur identité…