Dans Babacar ou l’antilope, au Théâtre 13 Seine, Sidney Ali Mehelleb raconte la vie de deux sans-papiers, Babacar et Salima. Il évite les clichés mais son écriture qui oscille entre le réalisme et la farce brouille un peu les pistes. On découvre néanmoins un excellent comédien : Mexianu Medenou, ancien élève du TNS.
Babacar vient du Sénégal. Étudiant en architecture, il aime Léo Ferré et Rimbaud. Après plusieurs tentatives, il parvient à rejoindre clandestinement la France en passant par l’Espagne. Sans-papiers, il est contraint d’accepter n’importe quel petit boulot pour survivre et régler un loyer à son logeur qui se paye le luxe de jouer au Golf. Babacar est balayeur dans le métro. La pièce de Sidney Ali Mehelleb donne un visage aux sans-papiers. Elle humanise ces femmes et ces hommes que la société a trop tendance à voir comme des pestiférés. L’écriture de Sidney Ali Mehelleb évite le misérabilisme et montre des individus respectables. Babacar dès son arrivée en France fait la rencontre d’une historienne algérienne, Salima (Fatima Soualhia Manet), elle aussi sans-papiers, dont le destin sera catastrophique.
Le jeune auteur, formé au Studio Théâtre d’Asnières aime les belles lettres. Sa gourmandise littéraire l’a poussé à écrire une pièce avec deux niveaux de lecture. L’histoire réaliste de Boubacar est entrecoupée de scènes jouées sur le mode de la farce. Il fait intervenir des « bouffons » censés donner de la hauteur de vue. Mais ces scènes court-circuitent l’histoire de Babacar et de Salima et la ralentissent. On est resté fortement dubitatif devant un extrait de l’Avare. C’est l’écueil du spectacle qui tire en longueur. Sidney Ali Mehelleb nous perd dans les méandres de cette écriture qui aurait gagné en efficacité et en concision.
Le rôle de Babacar est interprété par un jeune comédien formé à l’école du Théâtre National de Strasbourg : Mexianu Medenou. Julie Brochen lui avait confié le rôle-titre de Don Juan. Il porte le spectacle, il est tout en légèreté et en finesse. Sur ce plateau nu qui se transforme tour à tour en commissariat de Police, en station de Métro, en bureau de la Préfecture, en Mer Méditerranée ou en charter, le jeune comédien est virevoltant au milieu d’une belle distribution qui défend avec ardeur cette histoire très touchante qui nous ouvrre les yeux sur le destin tragique des sans-papiers.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Odyssée Athlétique en CinémaScope
Babacar ou l’antilope
mise en scène Sidney Ali Mehelleb – création
Avec Mexianu Medenou, Vanessa Krycène, Marielle de Rocca Serra, Fatima Soualhia Manet, César Van den Driessche, Victor Veyron, Marie-Elisabeth Cornet, Eric Nesci
Assistante à la mise en scène Margot Simonney, Lumières Christine Mame, Scénographie Camille Duchemin, Costumes Angélique Calfati, Son et musique Grégoire Durrande
Production déléguée La Compagnie Narcisse, avec le soutien du Théâtre 13 / Paris et de la SACD. Le texte a obtenu l’aide à la création du Centre National du Théâtre. Remerciements à Alexandre Delawarde, Sofiane Mehelleb, Marjolaine Moulin, Aurélie Van Den Daele, Adama Diop, François Rancillac et au Théâtre de l’Aquarium et au Théâtre de Vanves.
Durée: 2h – conseillé à partir de 14 ans3 janvier – 5 février 2017 – Théâtre 13 / Seine
du mardi au samedi à 20h – le dimanche à 16h
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