Un vent de folie souffle pour les fêtes à l’Athénée avec Azor, opérette de la Compagnie Quand on est Trois, dans une mise en scène survoltée de Stéphan Druet et une réécriture musicale très pop-rock d’Emmanuel Bex. Une œuvre totalement surréaliste.
Gilles Bugeaud, Pierre Méchanick et Emmanuelle Goizé, sont allés déterrer une opérette oubliée créée en 1932 aux Bouffes Parisiens, composée par le bordelais Gaston Gabaroche, sur un livret de Raoul Praxy, Eddy Max et Albert Willemetz. L’histoire d’un commissaire de police séducteur, affublé d’un nom de chien par ses subordonnés et qui tombe amoureux de la fille du Ministre de la Justice, et qui est poursuivi par une femme mariée et la femme d’un gangster, toutes deux attirées par la verve poétique de ce grand dadais rêveur. Quentin Gibelin interprète avec brio le rôle-titre, c’est un géant bondissant, il possède un côté fou chantant, c’est le Charles Trenet des années 2010.
La Compagnie Quand on est Trois a confié la mise en scène à Stéphan Druet, le magicien des spectacles musicaux, l’homme aux mille trouvailles. Il impose un rythme effréné à ces comédiens-chanteurs qui tiennent totalement en haleine le public pendant deux heures. Gilles Bugeaud joue à la fois un brigadier de police et le ministre, Pierre Méchanick un des truands de la bande à Kiki-Le-Frisé, Emmanuelle Goizé, Pauline Gardel, Estelle Kaïque et Fanny Fourquez incarnent des femmes de caractère. Un vrai délice. Et chacun multiplie les rôles de compléments dans un tourbillon de changements de costumes qui donne le tournis. Avec un milieu de cette distribution, comme une cerise sur le gâteau, le grand Julien Alluguette, toujours aussi séduisant et envoûtant.
Emmanuel Bex a totalement retravaillé la partition, sans lui enlever son côté jazzy des années 30, mais en rajoutant des tonalités pop-rock avec son orgue Hammond et la guitare d’Antonin Fresson (également excellent comédien) tandis que les percussions de Tristan Bex ajoutent une touche de salsa et de bossa-nova. Un éclectisme musical détonnant et moderne qui dépoussière totalement cette opérette qui n’a rien de ringard.
On apprécie d’autant mieux les quiproquos, et les jeux de mots souvent bien sentis. « Quand on arrête une femme en plein vol. C’est une aviatrice !« . On apprécie également dans la mise en scène de Stéphan Druet les clins d’œil aux grandes figures du music-hall des années 70 comme les Frères Jacques et leurs gants blancs ou au cinéma des années 60 avec les répliques mythiques du Mépris de Godard. Azor est un spectacle d’un grande qualité musicale, cocasse et gentiment irrévérencieux.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Azor
Mise en scène Stéphan Druet
direction musicale et arrangements Emmanuel Bex, musique Gaston Gabaroche, Pierre Chagnon et Fred Pearly, livret Albert Willemetz, Max Eddy et Raoul Praxy, conception Emmanuelle Goizé, Gilles Bugeaud et Pierre Méchanick, scénographie Emmanuelle Goizé, chorégraphie Alma De Villalobos, lumières Christelle Toussine, costumes Denis Evrardavec Julien Alluguette, Gilles Bugeaud, Pauline Gardel, Quentin Gibelin, Emmanuelle Goizé, Estelle Kaïque, Pierre Méchanick, Emmanuel Bex (orgue Hammond et claviers), Antonin Fresson (guitare et jeu), Tristan Bex (percussions)
Durée: 2hCie Quand on est trois
Coproduction Théâtre Montansier/Versailles et Scène Nationale/AlbiDu 9 au 11 novembre 2018
Théâtre Montansier de VersaillesDu 20 décembre 2018 au 13 janvier 2019
Athénée
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