Engagé comme artiste auxiliaire à la Comédie-Française et nommé pour le Molière 2025 de la Révélation masculine, le comédien Axel Auriant « embrasse de façon extraordinaire (son) rêve d’enfant » à 27 ans, dont plus de dix sur les planches.
« C’est assez fou… Il y a tellement de joie ! J’ai évidemment beaucoup pleuré », confie le comédien, premier rôle de la pièce Numéro deux, d’après le roman de David Foenkinos, qui retrace le parcours fictif de celui qui n’a pas été choisi pour interpréter Harry Potter au cinéma.
Originaire de Besançon, Axel Auriant s’est passionné pour le théâtre au collège avec Molière et les cours de comédie de son professeur de français. « En récréation, je me faisais harceler parce que je n’étais pas dans les normes de la masculinité. Pendant la classe de théâtre, on était obligé de jouer ensemble. Et je sentais que les rires n’étaient pas les mêmes que dans la cour. Le théâtre est alors devenu un refuge incroyable », raconte le comédien au verbe fougueux à la ville comme à la scène.
En 2016, à 17 ans, le jeune homme s’inscrit dans un conservatoire parisien, tout en multipliant les petits rôles au cinéma et à la télévision (Nos chers voisins, Fais pas ci, fais pas ça…). Deux ans après, il décroche un vrai premier rôle au théâtre avec Une Vie sur mesure, monologue qu’il jouera 225 fois. Il devient ensuite Lucas, personnage principal de Skam, série à succès sur le quotidien de lycéens. « J’ai compris très vite que la troupe, c’est l’absolu. D’année en année, j’ai rêvé de plus en plus à la Comédie-Française, sans oser vraiment y croire », ajoute celui qui vient d’y être engagé comme artiste auxiliaire (c’est-à-dire pour une durée déterminée).
« Vivant et heureux »
Axel Auriant, qui a démarré la batterie à l’âge de 5 ans jusqu’à accompagner la chanteuse Joyce Jonathan, s’était déjà retrouvé l’an dernier au Studio de la célèbre maison de Molière comme artiste invité – batteur et chanteur – pour le spectacle musical Art majeur, mis en scène par Guillaume Barbot. Pour ses débuts comme artiste auxiliaire, le comédien, qui a trouvé le temps d’écrire un premier roman (Rue de la Gaîté), jouera dès cet été avec la Troupe dans Les Serge (Gainsbourg point barre), à l’occasion du Festival Off d’Avignon.
D’ici là, l’acteur au physique d’éternel adolescent est à l’affiche du Théâtre Tristan-Bernard à Paris jusqu’au 28 juin pour Numéro deux, en personnage principal et aussi en narrateur. Sa palette de jeu et sa diction impressionnent, comme la manifestation de sa passion pour le théâtre, lui valant sa nomination aux Molières le 28 avril. « L’aventure est assez folle. La pièce nous fait comprendre qu’on est le fruit de nos échecs et de nos réussites, et aussi tous le numéro deux de quelqu’un », résume celui qui considère son art comme « l’un des derniers vestiges qui rassemblent à l’ère des écrans et où on peut encore croire à la possibilité d’un ailleurs ».
« Quand je suis en scène, je me sens libre. J’ai l’impression que mon corps est plus grand, que je respire plus fort, tellement vivant et heureux », poursuit celui qui rêve d’incarner Cyrano de Bergerac. Axel Auriant milite aussi pour attirer les jeunes. À sa demande, le Théâtre Tristan-Bernard a étendu le tarif « jeunes spectateurs » du mardi au samedi, et les fans d’Harry Potter affluent. Rarement, on voit autant de moins de 30 ans au théâtre.
Jean-François Guyot © Agence France-Presse
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !