Lors des 40e Victoires de la Musique, Thomas Jolly a marqué la soirée avec un discours engagé, à la différence des autres artistes récompensés. Malgré un temps imparti, indiqué par la musique qui commençait à recouvrir sa voix, le metteur en scène est allé au bout d’un discours qu’il avait consciencieusement écrit sur son téléphone.
S’adressant directement aux pouvoirs publics, Thomas Jolly a rappelé que « le spectacle vivant ne peut rien sans un pouvoir qui le considère et le soutient ». Il s’est étonné de voir les moyens alloués à la culture réduits dans un contexte déjà difficile. « La culture coûte, mais elle rapporte aussi économiquement. Et ce qu’elle apporte immatériellement est inestimable », a-t-il martelé, en visant notamment la ministre de la Culture Rachida Dati, présente dans la salle, et qui a été huée par le public. Face à une période qu’il qualifie de « tourments multiples », il a insisté sur le rôle essentiel de la culture dans la cohésion sociale et l’intérêt général.
Voici le texte complet de son intervention.
« Dans cette victoire, il y en a d’autres, elle en contient plusieurs, et c’est la victoire de l’unité sur la division, de la joie sur l’effroi, de l’accueil sur le repli.
La victoire de notre aspiration à bien vivre ensemble, à se respecter, à se considérer.
La victoire de l’altérité comme force, de notre diversité comme richesse.
La victoire d’un récit commun, les uns tout contre les autres et pas les uns contre les autres.
Ces cérémonies sont quatre démonstrations du pouvoir fédérateur et émancipateur du spectacle vivant, pour le singulier et le commun, pour l’individuel et le collectif.
Un outil pour faire société et célébrer notre humanité partagée.
Alors comme on dit, les jeux sont faits et rien ne va plus, si le spectacle vivant porte en lui cette puissance émancipatrice, il ne peut rien sans un pouvoir qui le considère et le soutient.
Aussi je m’étonne, dans cette période de tourments multiples, de voir ici ou là les moyens pour la culture affaiblis ou tout bonnement retirés.
La culture coûte, mais elle rapporte aussi, économiquement bien sûr. Ce qu’elle rapporte immatériellement est inestimable, elle est au service de l’intérêt général.
C’est ce que je crois être la vocation de la politique. Alors, on a beaucoup dit et beaucoup entendu que ces jeux étaient une parenthèse.
Cela induit que forcément à un moment donné elle doit se refermer.
Moi je vois ça plutôt comme une brèche, une brèche lumineuse dans l’ombre épaisse et grandissante qui plane sur nous, que cette victoire qui contient toutes les autres victoires, collectives et partagées, nous servent de lanterne. Merci. »
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