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« Autothérapie », soigner l’histoire coloniale avec Mackenzy Bergile

A voir, Danse, Lausanne, Les critiques, Marseille, Tours
Autothérapie de Mackenzy Bergile
Autothérapie de Mackenzy Bergile

Photo Fabian Hammerl

Avec Autothérapie, Mackenzy Bergile plonge dans l’histoire de la colonisation, de la ségrégation et de l’esclavage. Il déploie un reliquaire plastique, littéraire et chorégraphique, où il évolue avec grâce pour soigner les maux du passé et du présent.

Une thérapie. Voilà à quoi nous convie Mackenzy Bergile, silhouette élancée qui en impose sur scène. Artiste franco-haïtien installé à Lorient, il a dansé pour Boris Charmatz, Emmanuel Eggermont ou encore Johanna Faye et Saïdo Lehlouh. Son dernier projet solo, Autothérapie, est une recherche artistique autant que socio-historique, qui naît d’une quête identitaire et mémorielle, et a pour but de soigner les blessures transgénérationnelles. Cet objet chorégraphique protéiforme, divisé en plusieurs « sessions », comme autant de chapitres réagencés au fil des représentations, traverse, entre autres, la ségrégation aux États-Unis, les minstrel shows et le vaudou haïtien. Plus qu’une entreprise individuelle, Autothérapie entend soigner collectivement les maux du racisme, de la colonisation et de la domination. En convoquant son lot de fantômes.

« What I am is never just me » est projeté en lettres lumineuses en fond de scène. Un siège en bois disposé à droite, le dossier faisant face à la salle, évoque une église ; ou serait-ce la petite statue de la Vierge qui, face à la salle, est bien centrée à l’avant-scène ? Mackenzy Bergile, vêtu de noir, s’avance avec l’élégance d’un croquis de mode vintage. Un Ave Maria résonne. L’action se passe dans un écrin blanc vertical, comme si la scène avait été coupée de part et d’autre, évoquant soit la vitrine d’une galerie, soit une page blanche. Là, sont projetées plusieurs histoires pêle-mêle, ou plutôt une narration puzzle, guidée par le mode de composition du spiralisme, mouvement littéraire et artistique haïtien apparu dans les années 1960, qui rompt avec la linéarité classique du récit, pour préférer une structure circulaire.

On glane des images, des indices, au fil des sessions juxtaposées, qui dressent un tableau de l’esclavagisme, de la colonisation – l’indépendance d’Haïti suivie du dédommagement aux colons imposé par la France, qui a ruiné ce territoire –, de la criminalisation des personnes noires – les lois Jim Crow qui instaurent la ségrégation à l’abolition de l’esclavage – en passant par les minstrel shows – ancêtres des spectacles de clown où les acteurs blancs arboraient des blackfaces en véhiculant des clichés racistes. On y croise aussi la voix pénétrante de la soprano afro-américaine Leontyne Price et celle de sa propre fille, qui entonne un chant en créole haïtien.

Ces tableaux, visuels, textuels, musicaux, agissent comme des invocateurs de mémoire, soulignés par des symboles : le talc blanc et la répétition du terme « fondu au noir ». Ces flashs reliés par la poésie de la danse de Mackenzy Bergile. Opérant plusieurs strip-teases, uniforme noir, maillot de bain une pièce blanc, chaussettes blanches et souliers vernis – look sophistiqué qu’il révélait déjà dans All Over Nymphéas d’Emmanuel Eggermont –, il reprend systématiquement le même vocabulaire gestuel, une phrase chorégraphique qui jalonne la pièce. Elle se compose d’ondulations de la colonne vertébrale en avant, ponctuées de secousses, comme des spasmes, puis d’un retour à un dos droit, penché vers l’avant ; parfois quelques pas rigides, qui provoquent de nouvelles secousses dans la colonne vertébrale ou font avancer la tête en avant du reste du corps. Cette routine est le fil conducteur de ce récit, ce corps qui traverse et nous permet de traverser cette histoire fragmentée. Une invitation à nous plonger dans notre histoire et à poursuivre sa transmission.

Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr

Autothérapie
Texte, poésie et voix, chorégraphie et composition musicale Mackenzy Bergile
Collaboration artistique Inès Mauricio
Lumières Eduardo Abdala
Costumes Mackenzy Bergile
Graphisme Mackenzy Bergile, Inès Mauricio

Production déléguée Collectif FAIR-E / CCN de Rennes et de Bretagne
Coproduction CCN de Tours ; CCN d’Orléans, dans le cadre de l’accueil studio ; Fonds Transfabrik, fonds franco-allemand pour le spectacle vivant
Soutien Aide au projet du ministère de la Culture (Direction régionale des Affaires culturelles / Bretagne) ; Aide à l’accueil en résidence artistique de la Ville de Rennes.

Le Collectif FAIR-E / CCN de Rennes et de Bretagne est subventionné par le ministère de la Culture (Direction régionale des Affaires culturelles/ Bretagne), la ville de Rennes, la région Bretagne et le département d’Ille-et-Vilaine.

Durée : 1h

Vu en novembre 2025 au CCN de Rennes et de Bretagne, dans le cadre du Festival du TNB

Friche La Belle de Mai, Marseille, dans le cadre du Festival Parallèle
le 29 janvier 2026

Arsenic, Centre d’art scénique contemporain, Lausanne (Suisse)
du 19 au 22 mars

CCN de Tours, dans le cadre du Festival Tours d’Horizon
le 11 juin

18 novembre 2025/par Belinda Mathieu
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