Alessandro Sciarroni, dont les créations ne manquent jamais d’humour, présente, au 104, à Paris Augusto, une pièce histrionique qui fait du rire une source de libération autant qu’un objet de perturbation.
Formé aux arts plastiques et performatifs, Alessandro Sciarroni qui a reçu cette année un Lion d’or à la Biennale de Venise pour l’ensemble de sa carrière est un artiste toujours curieux et alerte. Il convoque dans sa danse des disciplines extrêmement variées appartenant aux formes traditionnelles, folkloriques et populaires telles que le célèbre Schuhplattler dans Folk-s, will you still love me tomorrow, le jonglage dans UNTITLED_I will be there when you die ou encore le goalball dans Aurora, autant de pratiques dont il n’est pas nécessairement un spécialiste mais qu’il a découvertes et apprises avec autant de passion que d’application si bien qu’il ne les restitue pas d’une manière littérale mais se les approprie et les transforme avec inventivité en véritables objets d’arts performatifs contemporains.
Sa nouvelle création, Augusto, dont le titre emprunte son nom à un célèbre clown, explore le rire en en proposant une expression hyperbolique qui ne manque pas d’abattage. Mais son traitement évacue une dimension festive et se montre inexplicablement malaisant. Toujours en faisant l’économie d’un habillage sophistiquée, la pièce prend place dans un cadre uniformément blanc. La dimension clinique du plateau se prête volontiers à ce qui pourrait s’apparenter à une séance thérapeutique où les neuf performeurs réunis laissent croire, dans un geste hyper contrôlé, qu’ils s’adonnent à un total lâcher prise. Pendant presque une heure en ébullition, ils éclatent de rire sans discontinuer.
Du groupe d’interprètes assis dos à la salle, l’un se lève, commence à former un mouvement circulaire avant que ses camarades ne rentrent dans la ronde les uns après les autres pour le rejoindre. Sur leurs visages d’abord sévères et fermés ne tardent pas à naître des légers rictus pus de plus larges expressions. Quelques gloussements se font entendre avant de francs fous rire, forcément contagieux mais douloureux aussi. Les corps s’animent, s’écorchent, explosent. A l’instar de leur marche qui devient course, le geste repose sur le simple principe de son amplification et son essoufflement. Une constante chez Sciarroni. La communauté gloussante et grimaçante atteint le paroxysme de l’euphorie. La nervosité côtoie l’épuisement. Le résultat trouble autant qu’il éprouve.
Christophe Candoni www.sceneweb.fr
ALESSANDRO SCIARRONI – Augusto / Création 2018 – 9 interprètes – Chorégraphie Alessandro Sciarroni – Music Yes Soeur! – Conception lumière Sebastien Lefèvre – Costumes Ettore Lombardi – Coaching de mouvement, collaboration dramaturgique Elena Giannotti – Consultations dramaturgiques Chiara Bersani, Peggy Olislaegers, Sergio Lo Gatto – Coaching de yoga du rire Monica Gentile – Collaboration artistique Erna Ómarsdóttir, Valdimar Jóhannsson – Coaching vocal Sandra Soncini – Crédit photographique Alessandro Sciarroni
Production : Marche Teatro – teatro di rilevante Interesse culturale (Italie), Corpoceleste_C.C.00# (Italie), Pôle européen de création – Maison de la Danse/Biennale de la danse de Lyon, Grec – Festival de Barcelona (Espagne), Théâtre de Liège (Belgique), Teatro Municipal do Porto (Portugal), CENTQUATRE-PARIS, APAP 2020 – Advancing Performing Arts Projects (un projet cofinancé par le programme Europe créative de l’Union européenne), Theaterfestival Boulevard (Pays-Bas) et Théâtre de Fribourg (Allemagne)
Coproduction : Tanzfabrik Berlin (Allemagne), Centrale Fies (Italie), L’arboreto – Teatro Dimora di Mondaino (Italie) et autres partenaires de coproduction à déterminer.
Alessandro Sciarroni est artiste associé au CENTQUATRE-PARIS et soutenu par apap – Performing Europe 2020, un projet cofinancé par le programme Europe Créative de l’Union européenne.Théâtre de la Croix-Rousse
SEPTEMBRE
Mercredi 19 21:00
Jeudi 20 21:00Le 104
16 > 20.04.2019
dans le cadre de SÉQUENCE DANSE PARIS
J’ai eu du mal à rire, la salle aussi d’ailleurs devant ces rires forcés de gens qui déambulent sur scène pendant 50 minutes …je n’ai pas compris la place de ce spectacle dans la biennale de la danse