En 2010, Michel Fau l’avait mis en scène au théâtre pour la première fois dans Une maison de poupée d’Ibsen, elle revient sur scène dans un spectacle musical autour du texte, « Charlotte » du romancier à succès David Foenkinos, retraçant la vie de l’artiste peintre juive Charlotte Salomon, morte déportée en 1943. Un projet artistique qu’elle voit comme un « témoignage ».
« C’est inédit pour moi« , confie à l’AFP la comédienne de 47 ans, à la Seine Musicale, près de Paris, du 19 au 25 janvier. « J’ai déjà été sur scène au théâtre. J’avais joué Maison de poupée d’Henrik Ibsen mais je ne m’étais jamais retrouvée à faire une lecture« .
L’héroïne du Fabuleux destin d’Amélie Poulain partage la scène avec la bassiste et chanteuse américaine Gail Ann Dorsey (connue notamment pour ses collaborations avec David Bowie, Tears for Fears ou encore Matthieu Chedid), tandis que des peintures aux couleurs vives de Charlotte Salomon sont projetées en direct, dans une mise en scène de Jérémie Lippmann.
« Ce qui me plaisait dans ce projet, c’était la possibilité de faire entendre sa vie, qui est absolument tragique et déroutante, mais aussi de pouvoir présenter ses œuvres« , ajoute Audrey Tautou.
En 1943, l’artiste allemande avait confié quelque 1.300 gouaches à un ami. Celles-ci racontent sa jeunesse à Berlin, sa lourde histoire familiale, mais aussi la montée du nazisme, puis son exil dans le sud de la France, avant sa déportation, à l’âge de 26 ans, à Auschwitz.
Ce qui est « épatant« , relève Audrey Tautou, « c’est la façon dont elle transcende sa souffrance et les drames de sa vie en une œuvre colorée, puissante, belle, pleine de vie« .
Le cinéma ? « J’y reviendrai »
Le roman de David Foenkinos, sorti en 2014, lauréat des prix Renaudot et Goncourt des lycéens cette année-là, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires et a été traduit dans de nombreuses langues. C’est le romancier lui-même qui a adapté son texte pour la scène, proposant à Audrey Tautou d’en faire la lecture. Tous deux avaient déjà travaillé ensemble pour le film La Délicatesse, sorti en 2011.
Autre raison pour laquelle l’actrice, qui fait une pause dans les tournages sur les plateaux de cinéma depuis plusieurs années, a accepté le projet: « l’idée de témoignage. J’ai envie de témoigner, pas forcément d’incarner« .
Et, ce, d’autant plus que « l’actualité aujourd’hui peut nous rappeler que l’horreur n’est pas loin. C’est comme une espèce de monstre qui peut s’endormir un peu mais qui ne meurt jamais« , estime-t-elle. « Il faut rester vigilant, être éduqué, ne pas se laisser influencer par les ténèbres« .
Pour la suite, Audrey Tautou se concentre sur les dessins d’illustration d’une histoire qu’elle a écrite pour enfants. Et elle travaille sur « un ouvrage de photographies » à partir d’autoportraits exposés il y a quelques années aux rencontres d’Arles. Deux projets qu’elle aimerait voir aboutir d’ici fin 2024.
Et le cinéma ? « Je pense que j’y reviendrai un jour« , confie-t-elle, ajoutant: « j’ai tiré un trait sur rien du tout« . « Oui, je reçois encore des propositions« , affirme-t-elle, « mais c’est vrai que, pour l’instant, c’est pas encore le moment« , concède celle qui a adopté une petite fille en 2019 au Vietnam.
A défaut de voir l’actrice, on a pu l’entendre prêter sa voix au film d’animation Nina et le secret du hérisson, sorti cet automne.
« J’ai envie d’accomplir ces quelques projets plus personnels. C’est une parenthèse comme ça que je m’offre« , dit-elle. « J’aime bien voir la vie comme une succession d’aventures, comme une possibilité aussi de sortir un peu de son confort ou de sa routine« . « On verra ce qu’elle me propose » à l’avenir.
Karine Perret © Agence France-Presse
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