La 33e édition du Festival Flamenco de Nîmes se déroule jusqu’au 21 janvier 2023 et se veut un reflet du flamenco d’aujourd’hui, quitte à dérouter certains spectateurs férus de traditions.
« J’ai, je pense, réuni une programmation de rêve, avec une majorité d’artistes confirmés, mais aussi des jeunes, pour illustrer ce qu’est devenu le flamenco », a confié à l’AFP François Noël, le directeur du Théâtre de Nîmes et patron du festival depuis 20 ans. Où va-t-il, cet art très classique qui puise ses racines dans le sud de l’Espagne ? « Parfois vers la world music, parfois en direction de l’art conceptuel ou de la danse contemporaine », répond François Noël, qui cédera dans quelques mois les rênes de la manifestation la plus importante du genre en France.
Si le flamenco « a ses codes très précis, les artistes actuels s’autorisent une grande liberté de gestes, s’affranchissant des robes, des costumes, de tous les poncifs », souligne l’homme de théâtre Le public « évolue avec nous », relève François Noël. « Certains partisans de l’orthodoxie souhaiteraient « muséifier » le flamenco, mais on ne reviendra pas en arrière ». Les près de 12.000 places mises en vente pour la quinzaine de spectacles programmés jusqu’au 21 janvier ont pratiquement toutes trouvé preneurs. Illustration de cet esprit d’avant-garde, Peculiar, performance de l’ancienne danseuse soliste du Ballet Flamenco d’Andalousie Ana Morales, s’est jouée à guichets fermés.
Lors de son entrée sur scène, la danseuse et chorégraphe espagnole déambule en longue robe, au milieu d’un petit groupe d’hommes et de femmes vêtus de costumes contemporains. Soudain, elle claque des talons, ondule de la main, puis du corps, et joue des effets de voile de son ensemble de soie blanche, au son d’une guitare et d’une harpe, dans une gestuelle épurée, sensuelle et hautaine. Pendant plus d’une heure, Peculiar multiplie les emprunts à la danse contemporaine, au trip-hop, à la musique électronique. Ana Morales grille sur scène quelques cigarettes avec son chanteur gitan, Tomas de Perrate, change trois fois de costume, se dénude à moitié, s’efface devant ses danseurs avant d’effectuer un solo dans une robe verte à froufrous tombée du ciel… Des tambours brésiliens, un synthé lancinant, des récitatifs en espagnol, deux chansons en anglais aux accents rock, des projections vidéo, quelques classiques mano a mano d’une danseuse et d’un danseur, de longs silences: le spectacle avance en rythme cadencé, d’accélérations en temps de repos.
« Pour moi, le flamenco, c’est toujours un point de départ, mais ce que mon corps veut exprimer, je lui en laisse la liberté absolue », explique Ana Morales. « Ce que le public veut, c’est ressentir des choses, c’est de l’authenticité Ana Morales ».
Philippe Siuberski © Agence France-Presse
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