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Le « Footballeur » intello d’Arnaud Vrech

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Arnaud Vrech met en scène Footballeur de Simon Diard au Théâtre de la Tempête
Arnaud Vrech met en scène Footballeur de Simon Diard au Théâtre de la Tempête

Photo Charles Leplomb

Pas de reprise de volée en pleine lucarne, ni de contre-attaque supersonique… Le spectacle mis en scène par Arnaud Vrech, sur fond de dialogue entre deux frères, se demande si nous ne sommes tout simplement que ce que nous sommes. Une création audacieuse qui flanche parfois du côté de la théâtralité, tout en développant un style singulier et séduisant.

Les amateurs de ballon rond venus assister à une épopée sportive ou découvrir de l’intérieur la vie d’un footballeur n’y trouveront pas leur compte. Footballeur n’est pas Féminines de Pauline Bureau, même si son argument repose sur l’histoire vraie de Stéphane Vrech, espoir qui jouait chez les chamois niortais jusqu’à ce qu’il se découvre porteur d’une maladie génétique réduisant inexorablement son champ de vision. Des lignes de touche qui s’estompent lorsque l’éclairage est insuffisant en nocturne, des trajectoires de ballon que l’on apprécie moins précisément, Stéphane doit renoncer à sa carrière et choisit de ne plus jouer qu’en amateur : les matchs ont lieu la journée, en pleine lumière. L’histoire – dramatique – aurait pu rester confidentielle, mais le frère de Stéphane s’appelle Arnaud Vrech. Il est metteur en scène, créateur du Collectif Aubervilliers, et a notamment monté une adaptation du texte d’Hervé Guibert, À l’ami qui ne m‘a pas sauvé la vie. Pendant longtemps, les deux frères aux parcours éloignés parlent peu de cet événement, voire pas. Arnaud porte la culpabilité d’avoir été épargné par le sort génétique ; Stéphane tente, lui, de s’inventer un avenir avec ce champ de vision qui doit diminuer progressivement, jusqu’au noir complet. Footballeur (Éditions petits pièges) essaie, entre autres, de réparer ce long silence. Et, par l’entremise de Simon Diard, auteur d’un texte qu’il a travaillé en étroite collaboration avec Arnaud Vrech et le plateau, le spectacle déploie le dialogue entre les deux frères, auxquels se joignent une étrange gardienne des lieux et trois membres d’une fanfare qui quittent la surface où ils animent un tournoi de foot pour rallier le vestiaire en sous-sol.

Quelques bancs, des caisses de bière empilées, de grands ventilos et un petit haut-parleur qui permet d’entendre ce qui se passe à la surface, ce lieu souterrain installe une atmosphère à la fois réaliste et porteuse, comme tout lieu enterré, d’imaginaire. La présence de Cécilia également. Gardienne des lieux, dans un tailleur décalé, elle prend souvent en charge le commentaire des échanges entre les frères, en tire des leçons qu’on pourrait qualifier de philosophiques. Et quand les trois membres de la fanfare – femme en pantalon, hommes en jupe – rejoignent le sous-sol, et, loin des airs festifs de la surface, orientent leur répertoire vers des musiques plus sombres entre des phases de présence silencieuse, aux expressions naïves et étranges, c’est tout l’ordonnancement d’une trame aux allures d’histoire familiale qui est renversé. Footballeur se situe bien hors-jeu, dans la surface de réparation, certes, mais échappe aux schémas tactiques traditionnels et crée sa propre circulation de balle.

Objet étrange, parfois excessivement didactique et à la prose peu tournée vers l’oralité, il parvient néanmoins petit à petit à installer son style à la fois simple et intello, déplaçant l’histoire vers une réflexion plus large sur les potentialités que chacun porte en soi, qui, en se réalisant ou non, pour reprendre Aristote, déploient un être étendu en puissance bien plus que son identité en acte. Autrement dit, être ou ne pas être n’est plus la question. À l’inverse d’un existentialisme sartrien, nous serions moins ce que nous faisons que ce que nous pouvons être, qui sommeille en nous dans les limbes de l’inachevé, de l’irréalisé, voire de l’impensé. Ce n’est pas pour rien que Footballeur a pour sous-titre Ce qui va m’arriver est en moi.

Véritable réflexion sur l’être et son devenir, donc, Footballeur n’en demeure pas moins un objet théâtral. Et le rôle des trois musiciens est de ce point de vue crucial. Quand ça s’adresse un peu trop à l’intellect, les voilà qui instillent une dose de sensibilité bienvenue. De ce point de vue, la scène finale – musiciens et interprètes qui chantent ensemble, se tenant la main, face au public – est particulièrement réussie. À coups de paquets de chips renversés par terre, d’images parsemées – le changement de costume de Cécilia, la fumée qui envahit ce souterrain –, Footballeur finit par imprimer sa marque, une esthétique originale et audacieuse, mais inconfortable. On y joue, par exemple, aussi faux que dans les films de la Nouvelle Vague, mais on y crée ainsi une séduisante étrangeté ; les répliques s’enchaînent souvent sans aucune dynamique naturelle, mais créent ainsi une troublante discontinuité. Et finalement, semblant ainsi chercher sa théâtralité, le spectacle produit une esthétique tâtonnante qui, au gré de son avancée, se fait de plus en plus séduisante.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Footballeur
Texte Simon Diard
Mise en scène, scénographie, costumes Arnaud Vrech
Avec Clément Durand, Cecilia Steiner, Johann Weber, et les cuivres Flavio Mendes (trompette), Constant Sajaloli (trombone), Romane Vanderstichele (cor)
Dramaturgie, costumes Franziska Baur
Lumières Anne Vaglio
Son, régie générale Mathieu Barché
Musique Sophie Sand
Direction musicale post-création Théo Kaiser
Regard chorégraphique Vincent Dupuy
Couture Charlotte Le Gal
Construction Benjamin Hautin
Régie lumières Paul Brunat
Audiodescription Clémence Bordier
Stagiaire Yamen Mohammed

Production déléguée Collectif Aubervilliers
Coproduction Studio-Théâtre de Vitry, Le Gallia Théâtre – Scène conventionnée d’intérêt national Art et Création – Saintes, Le Moulin du Roc – Scène nationale de Niort, La Comédie de Béthune – CDN des Hauts-de-France
Avec le soutien de la région Hauts-de-France, de la DRAC Hauts-de-France, de la Maison Maria Casarès, du Théâtre de L’Oiseau-Mouche – Roubaix, du Tandem – Scène nationale d’Arras et Douai, du Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN, de la Chartreuse – Centre national des écritures du spectacle – Villeneuve-lez-Avignon, du Pôle – Bibliothèque de théâtre Armand Gatti, Centre des écritures contemporaines et des arts de la rue – La Seyne-sur-Mer, de l’Adami
Avec l’aide à la résidence de création du département du Val-de-Marne
Coréalisation Théâtre de la Tempête

Le Collectif Aubervilliers est soutenu par la région Hauts-de-France et la DRAC Hauts-de-France.

L’auteur a bénéficié, pour cette pièce, d’une bourse d’écriture du CNL. Footballeur a reçu les labels Olympiade Culturelle et Impact 2024, et a été sélectionné et présenté en 2024 à la Journée de Repérage Artistique de La Pop, en partenariat avec le Théâtre de Vanves, Danse Dense, et Les Gémeaux – Scène Nationale de Sceaux.

Durée : 1h15

Théâtre de la Tempête, Paris
du 3 au 25 mai 2025

5 mai 2025/par Eric Demey
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