L’œuvre de Louis Aragon m’a accompagné depuis la jeunesse où je l’ai découvert, à un moment où l’on mettait les poètes en musique, jusqu’à aujourd’hui où je relis son œuvre romanesque. Je m’étonne de n’avoir jamais tenté une adaptation pour la scène de textes poétiques ou d’un roman. Il est probable que, plus l’admiration que l’on a d’une œuvre nous incline au respect, plus elle nous inhibe. Mais deux raisons majeures rendent aujourd’hui le projet possible. D’abord le retour du comédien et du chanteur au sein de la compagnie
après des années d’écriture et de mise en scène conjuguée à la volonté de renouer avec un théâtre où la musique tient une place importante. Ensuite l’intérêt porté pour des raisons personnelles à la psychologie de la famille et singulièrement aux constellations familiales.
Maintenant si je me pose la question de la raison profonde de cette entreprise elle ne doit pas être trop éloignée de la prise de conscience nouvelle qu’à travers la fréquentation de cette écriture au fil des années, c’est aussi l’homme que j’interrogeai et au bout du compte moi-même.
Voici le thème du miroir si cher à Aragon.
Dans ce parcours d’homme, c’est le vrai-faux roman de cette vie écrite et occultée au fil des jours, le mentir-vrai de cette vie et son théâtre d’ombres qui exerce toujours sur moi la même fascination.
Car l’œuvre d’Aragon peut être envisagée, quelques chercheurs s’y sont aventurés, sous l’angle de la biographie maquillée, du camouflage de son origine mis en place par la famille qui a si fortement marqué son enfance et son adolescence.
Cette exceptionnelle falsification généalogique qui, dans le cas d’Aragon est poussée à la caricature, aurait pu le mener à la folie mais l’écriture ouvrira très tôt les voies de sa résilience.
Cette fable familiale qui lui est imposée ainsi que le secret sur sa véritable filiation marquera profondément Aragon, constituera l’origine, l’arrière plan et le réseau qui irriguera en profondeur son œuvre.
Il a lui-même très longtemps brouillé les pistes, posé les interdits et s’est imposé silence sur ce « grand théâtre intérieur », sur le roman de son enfance. Tout au long de sa vie et de son œuvre il n’en a laissé sourdre que l’expression d’une souffrance, d’une amertume de vivre, un désespoir, une abomination d’être.
Et s’étant rarement livré, il finira par avouer à la fin de sa vie les détails de son secret.
C’est ce cheminement à travers les silences, les non-dits, les semblants d’aveux que je me propose de suivre dans l’élaboration du spectacle qui prendra la forme d’un récit à la première personne puisé intégralement dans l’œuvre poétique et surtout romanesque d’Aragon et illustré par des chansons dont les musiques sont signées : Ferré, Ferrat, Léonardi. A une ou deux exceptions près ces chansons ne sont pas connues du grand public. L’accompagnement sera assuré par Stéphane Puc à l’ accordéon . C’est également Stéphane Puc qui réécrira les accompagnements nécessaires et créera la musique du spectacle.
Note d’intention d’Alain Paris d’après dossier de presse.
Aragon ce livre ouvert
Textes Louis Aragon
Avec Alain Paris
Mise en scène
Alain Paris
Arrangements et Accordéon Stéphane Puc
Lumières Orazio Trotta
15 rue du retrait 75020 PARIS Métro Gambetta
du 7 au 27 octobre 2013
20h45
Dimanche 17h relâche les mardis
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