Anne Suarez, une grande Phèdre

Anne Suarez et Mounir Margoum Photo Pascal Victor

Jean-Louis Martinelli poursuit son travail autour de Racine. Après Andromaque en 2003, Bérénice en 2006, Britannicus en 2012, il s’attaque à Phèdre avec bonheur dans une mise en scène classique et minutieuse et a su choisir une excellente distribution.    

Lorsque je lis Racine, ces vers m’apaisent, me calment. L’excès de violence accumulée en chacun des héros raciniens pousse la parole hors de leur bouche » explique Jean-Louis Martinelli. Avant de quitter dans quelques mois la direction du Théâtre des Amandiers à Nanterre, il signe une mise en scène remarquable de la pièce de Racine. Dans un dispositif en bi frontal (comme Patrice Chéreau en 2003 à Berthier) mais avec un décor moins étouffant, plus dépouillé, avec juste deux chaises, un tapis rouge d’un côté et une roche de l’autre, sa mise en scène donne à entendre le texte. C’est classique, précis et excellemment bien joué, sa direction d’acteur est parfaite. Il y a de la justesse, de la tension, et aucun artifice ne vient brouiller l’action. On se laisse bercer par la langue et le tempo imprimé par les comédiens.    

Les acteurs vont marquer de leur empreinte cette version de Phèdre. A commencer par Anne Suarez dans le rôle titre. Il y a de la force, de la détermination, de l’émotion dans son jeu. On sent en elle une rage contenue, une belle maturité. Elle place beaucoup de nuances dans sa voix. Hammou Graïa (Thésée) et Mounir Margoum  (Hippolyte) se livrent à un très beau face à face père/fils. Et Sylvie Milhaud (OEnone) éblouit la scène dès son entrée de sa voix rauque et glaçante. La diction de l’ensemble des comédiens est parfaite, on entend toute la poésie des alexandrins. Cette mise en scène, simple et classique provoque de l’émotion et quelques belles images. Un orage de pluie rouge vient annoncer la mort d’Hyppolyte tandis que Phèdre meurt peut de temps après dans les bras de Thésée. Nous on retient notre souffle.    

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr    

Phèdre    

Texte Racine    

Mise en scène Jean-Louis Martinelli    

Scénographie Gilles Taschet    

Lumière Jean-Marc Skatchko    

Coiffures, maquillage Françoise Chaumayrac    

Costumes Catherine Leterrier et Sarah Leterrier    

Assistante à la mise en scène Amélie Wendling    

Avec :    

Hammou Graïa    

Mounir Margoum    

Sylvie Milhaud    

Sophie Rodrigues    

Anne Suarez    

Abbès Zahmani    

(Distribution en cours)    

Production Théâtre Nanterre-Amandiers    

Le texte est publié aux éditions Gallimard, collection La Pléiade.    

Durée 2h15  

Théâtre des Amandiers de Nanterre    

Du 08 novembre au 20 décembre 2013    

Salle transformable    

Tous les jours à 20h30 sauf le dimanche à 15h30 et le jeudi à 19h30 – Relâche le lundi