Dans La chair est triste hélas, texte paru en 2023 aux Éditions Julliard (sous la direction de Vanessa Springora), Ovidie livre dans un geste littéraire les raisons pour lesquelles elle a décidé, il y a six ans, de quitter l’hétérosexualité. L’autrice revendique qu’il ne s’agit « ni d’un essai, ni d’un manifeste, encore moins d’un projet de société ». Ce texte auto-narratif écrit à la première personne est plutôt « un exutoire, un texte cathartique en écriture automatique, un discours de colère et de désespoir ». Et pourtant, si l’autrice partage « sa » vérité, le texte s’est rapidement transformé en une forme d’étendard dans lequel de nombreuses femmes se sont reconnues. Des femmes qui n’en peuvent plus de faire semblant et qui croulent sous les injonctions. Des « mal-baisées » aussi qui, comme Ovidie, ont décidé d’en faire une revendication. « Évidemment que nous sommes mal baisées, c’est justement ça, le problème ! Pourquoi devrions-nous en avoir honte ? Ce serait plutôt à nos partenaires de raser les murs ! Ils ont leur part de responsabilité dans cette affaire, me semble-t-il. Je ne suis pas mal baisée parce que je suis féministe, c’est absolument l’inverse : je suis féministe parce que je suis mal baisée. Et si toutes les mal-baisées de la terre s’unissaient, elles créeraient le mouvement politique le plus puissant de tous les temps et le monde imploserait. »
Forte du succès de ce texte, Ovidie décide d’en prolonger sa portée en lui offrant une dimension théâtrale et choisit Anna Mouglalis pour l’incarner dans un seule en scène. Comme Ovidie, elle aussi a été considérée comme un « corps », un corps d’actrice, mais également un corps de mannequin. Ce même corps-écran soumis aux fantasmes, jalousies et angoisses. De par ses nombreuses prises de parole et son engagement féministe, Anna Mouglalis lui a semblé être l’évidence. Sa puissance scénique en fait la comédienne idéale pour porter ce texte de révolte. Pour l’accompagner dans cette nouvelle création, Ovidie s’entoure de deux collaborateurs réguliers présents sur ses précédentes réalisations, notamment du compositeur Geoffroy Delacroix (le documentaire Là où les putains n’existent pas et la série fiction Des gens bien ordinaires) et de la monteuse Barbara Bascou (le documentaire Scum Manifesto : j’ai tiré sur Andy Warhol).
Note d’intention d’Ovidie
La chair est triste hélas
De Ovidie
© Éditions Julliard
Adaptation et mise en scène Ovidie
Collaboratrice à la mise en scène
Marie Fortuit
Avec Anna Mouglalis
Musique / Bande sonore
Geoffroy Delacroix
Montage Barbara Bascou
Création lumière Robin Laporte
Scénographie Grégoire FaucheuxProduction Théâtre de l’Atelier
Photographie affiche © Cédric Roulliatdurée 1h
Du 9 septembre au 25 octobre 2025
Théâtre de l’Atelier, Paris
Du mardi au samedi à 21h
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