« Semons ce qui demeure, ô passants que nous sommes ! » Un chêne ! Telle est l’impression fantastique projetée par l’ombre gigantesque de Hugo, généreux, emphatique par nature, qui écrivit tout jeune homme à 33 ans la pièce que met en scène Cécile Arthus. Elle semble s’être vraiment amusée à la lecture de ce mélodrame en prose adapté par Jean-Marie Piemme se concentrant sur les cinq personnages principaux (Angelo, tyran de Padoue ; Catarina, sa femme ; Tisbe sa maîtresse, amoureuse de Rodolfo ; Rodolfo amant de Catarina ; Homodei l’espion) tout en allégeant l’ensemble la pièce.
Visuellement, la scène est transformée en fête foraine avec stand trash, lumineux, ballons, lettres baudruches en pagaille et les personnages pour la plupart habillés de façon clownesque. Tisbe est une jeune femme des cités d’aujourd’hui qui ne s’en laisse pas conter. Angelo quant à lui est vêtu d’une belle robe anachronique, Homodei est attifé à la diable, la jolie Catarina porte des collants couleur criarde. Tout ce cirque visuel s’efface dès lors que doit souffler le verbe hugolien fort bien assimilé par les comédiens qui se donnent à cœur joie d’exprimer les sentiments, les passions et les révoltes dans un chassé-croisé d’amours contrariées, commentés par une narratrice, au milieu de pancartes dont l’une parle même de l’émancipation masculine.
Au final, le dépoussiérage du mélodrame de Hugo nous fait éternuer de rire et de plaisir. Plaisir d’écouter la langue de l’auteur qui résiste. Éloquente, visionnaire, généreuse et offensive, toujours moderne.
Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo / adaptation, écriture, dramaturgie : Jean-Marie Piemme / mise en scène, dramaturgie : Cécile Arthus / avec : Eugénie Anselin, Yann Berthelot, Vincent Chatraix, Heidi Brouzeng, Lazare Herson Macarel, Fabien Marais, Estelle Meyer / crédit visuel : Arthur Péquin
>11 et 12 Octobre 2016
>20h00
>Espace Bernard-Marie Koltes, Théâtre du Saulcy – Metz
Et aussi en 2017
> 10 janvier / 20h30 > Le Préau – CDR de Vire
> A l’automne : TAPS – Strasbourg
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