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« Le Sang du glacier », prisonnier de son récit

Décevant, Jeune public, Les critiques, Lyon, Opéra
Angélique Clairand met en scène Le Sang du glacier de Claire-Mélanie Sinnhuber
Angélique Clairand met en scène Le Sang du glacier de Claire-Mélanie Sinnhuber

Photo Jean-Louis Fernandez

Alors que le corps de leur père disparu réapparait à la faveur de la fonte d’un glacier, une ingénieure hydraulique et un glaciologue tentent d’alerter la population sur la nécessité de préserver l’environnement. Destiné à l’itinérance, cet opéra de poche composé par Claire-Mélanie Sinnhuber et mis en scène par Angélique Clairand reste malheureusement au ras de son sujet, simplifié à outrance.

Au départ, il y a un projet alléchant. Celui d’une commande d’itinérance en camion passée par l’Opéra de Lyon au sujet de l’eau contaminée. Le directeur Richard Brunel n’en est pas à son coup d’essai. Il avait lui-même mis en scène un autre projet de ce type, Zylan ne chantera plus, étonnante et plaisante histoire d’une jeune pop star homosexuelle muselée dans un pays dictatorial, avec une partition musicale audacieuse et résolument contemporaine, à grand renfort de percussions et de riffs de guitare électrique. Cette fois, c’est Angélique Clairand, co-directrice du Théâtre du Point du Jour avec Éric Massé depuis 2019, qui s’y colle avec, en partie, la même équipe (scénographie, costumes), et tous se connaissent bien pour avoir fréquemment travaillé ensemble au sein du CDN de Valence lorsque Richard Brunel le dirigeait entre 2010 et 2019. Par ailleurs, Angélique Clairand avait relevé le défi de monter Peer Gynt en 2022 sur le grand plateau de l’Opéra de Lyon. C’était foisonnant et inventif, avec le sociétaire de la Comédie-Française Jérémy Lopez dans le rôle-titre, tout heureux de retrouver, un temps, sa ville natale.

Pour cette nouvelle création, il est question d’un phénomène naturel réel qui a donné son nom au spectacle : la prolifération d’algues vertes – mais rouges à nos yeux – microscopiques qui se développent à partir de 2000 mètres d’altitude et sont nocives, car, ainsi teintée de rouge, la neige renvoie moins bien les rayons du soleil, absorbe la chaleur et fond plus facilement. Dans cette fiction, construite à partir de rencontres avec des scientifiques spécialistes de cette question, Sofia déboule, crocs aux pieds, dans son laboratoire où elle semble aussi vivre souvent. Elle allume les lumières (blanches) et la bouilloire pour commencer une nouvelle journée de sa vie d’ingénieure hydraulique. Elle est prête pour sa prochaine mission, qui sera sans cesse retardée. Car un corps a été retrouvé lors de la fonte d’un glacier, et c’est son père. Un inventaire à la « Jane B. » le confirme, déclinant âge, taille, signes particuliers. De cela, l’enfant, abandonnée par un patriarche qui a choisi de cheminer plus près des sommets que de son foyer, n’a que faire contrairement à son frère, glaciologue (le baryton Mathieu Dubroca).

En fond de scène, sur une estrade que l’on devine à travers un tulle fréquemment couvert par des aplats de papier millimétré projeté, un trio de musiciennes – harpe, violoncelle et accordéon, non amplifiés –, sous la houlette de la compositrice Claire-Mélanie Sinnhuber, livrent de désuètes chansons à deux reprises, en fragmentant des mots pour dire, dans un premier temps, la vulgarité du dark tourisme, puis la résistance des habitants de la vallée qui condamnent toutes randonnées afin de protéger ce qu’il reste du glacier. Cette sorte de spoken word repose plus sur les sons produits que sur le sens du texte, simpliste. Sans véritable intrigue – si ce n’est cette réconciliation frère-sœur au moment d’enregistrer un message de sensibilisation pour la protection de la nature (il faut arrêter de marcher sur les glaciers) à l’intention d’internautes –, le propos de cet opéra s’étire pourtant pendant la seule heure qu’il dure. Lucie Vérot Solaure, formée à l’écriture à l’ENSATT (2014-2017), use de la répétition de phrases et n’aide pas son personnage féminin à défendre son rôle de chercheuse.

La valeureuse soprano Charlotte Bozzi s’habille pour partir en mission, se déshabille quand une voix off – quelle autorité s’exprime là ? – annonce que ce n’est plus possible car la navigation est interdite. Elle va de cour à jardin, de son ordinateur au robinet, où l’eau, devenue marron et « pourrie », est passée sous la loupe de son (ingénieux) microscope-rétroprojecteur. À côté, un mini-glacier en résine inséré dans un aquarium. C’est beau, surtout que le scénographe, et co-fondateur du groupe Moriarty, Stephan Zimmerli et son acolyte à la lumière, Yoann Tivoli, peuvent jouer avec la beauté vénéneuse du blanc et du rouge parsemés de la noirceur des cendres du père enfin dispersées, mais cela ne suffit pas à structurer cette création. Et Angélique Clairand, décidément très concernée par cette thématique – elle avait monté La Faute en 2021, inspirée de la tempête meurtrière Xynthia, dans une version très littérale –, a finalement peu de marge de manœuvre dans cet espace, et surtout peu de texte sur lequel s’appuyer, pour diriger des chanteurs qui semblent livrés à eux-mêmes.

Nadja Pobel – www.sceneweb.fr

Le Sang du glacier
Livret Lucie Vérot Solaure
Mise en scène Angélique Clairand
Composition musicale Claire-Mélanie Sinnhuber
Avec Charlotte Bozzi (soprano), Mathieu Dubroca (baryton)
Accordéon Mélanie Brégant, Philippe Bourlois
Harpe Rose Pollier-Méliodon
Violoncelle Lila Beauchard
Assistante mise en scène et régie de production Marie-Cécile Loiselle
Décors Stephan Zimmerli
Costumes Mathieu Trappler
Lumières Yoann Tivoli
Dramaturgie Catherine Ailloud-Nicolas
Régisseur technique de production Josselin Sicot

Production Opéra de Lyon
Coproduction Théâtre du Point du Jour, Lyon

Durée : 1h
À partir de 14 ans

Théâtre du Point du Jour, Lyon
du 9 au 19 décembre 2024

En itinérance dans la région Auvergne-Rhône-Alpes
de janvier à mars 2025

11 décembre 2024/par Nadja Pobel
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