Il a Novecento dans la peau depuis la création de ce spectacle en 2014 au Théâtre des Célestins à Lyon. André Dussollier reprend avec une belle ferveur ce texte d’Alessandro Baricco avec une formation de quatre musiciens de jazz. André Dussollier, également co-metteur en scène prend un réel plaisir sur scène. En cette rentrée de septembre 2017, le spectacle est à l’affiche du Rond-Point, puis du Théâtre Montparnasse. Rencontre avec le comédien, c’était lors de la création à Lyon.
Comment avez-vous fait connaissance avec ce texte ?
Je l’avais découvert au moment de sa parution. J’avais été séduit et c’est resté dans un coin de ma tête. J’avais envie de dire grâce à la musique des choses que l’on ne dit plus avec les mots. J’aime les mots et les silences mais la musique est un langage international qui procure d’autres émotions. Elle est le personnage complémentaire des émotions produites par les mots. C’est écrit comme cela par Barrico, c’est un musicologue et il le souligne dans les didascalies. Alors j’avais vraiment envie de la faire avec des musiciens sur scène.
Et dès le début on voit que vous vous amusez avec ce texte !
C’est comme un conte. J’avais envie d’accrocher le public. Dans le texte d’origine il y a une sorte de discours du présentateur sur le bateau qui est là pour présenter l’orchestre. J’ai demandé à Alexandro Barrico de pouvoir l’actualiser. Et un jour en écoutant Stéphane de Groot à la télévision sur Canal + faire ses jeux de mots subtils je me suis dis que cela collait parfaitement avec ce personnage qui présente l’orchestre au cours d’une croisière en faisant des blagues subtiles et drôles. Cela permet d’attraper les spectateurs comme s’ils étaient des passagers du bateau. Et ensuite on rentre dans le conte.
Qui est-il ce Novecento ? Un immigré des mers ?
Tout le monde peut y projeter pas mal de choses sur ce personnage. Cela se passe en 1920/1930. Il est né sur le bateau, il a été abandonné par les immigrants parce qu’ils n’ont pas d’argent pour rejoindre les USA. Il est laissé sur le piano des premières classes en espérant qu’un riche le prenne et qu’il aura une belle vie. Mais finalement il devient pianiste et reste sur le bateau. Barrico développe l’idée au carrefour de toutes les musiques de Ravel au jazz que ce personnage autodidacte s’amuse en interprétant les musiques sans que cela corresponde à une époque. Il est vraiment le symbole de la liberté. C’est un texte qui touche beaucoup les jeunes car à un moment on est obligé de choisir sa vie et lui symbolise cette liberté. J’aime beaucoup les autodidactes parce qu’ils ne sont pas dans des moules. Et c’est assez réjouissant. Il n’y a pas de frontière, il n’y a pas d’école, il n’y a pas de barrière. Il s’amuse. Il joue Bach façon jazz. Ce qu’il symbolise est réjouissant.
Vous êtes mélomane mais jouez-vous d’un instrument ?
Et non même si cela faisait partie de mon éducation. J’ai appris à jouer du violon. Mais c’était une vraie obligation que je n’ai pas eu le feu sacré. Mais je le regrette. C’est un peu comme avec la littérature, j’ai découvert les auteurs après mes études, après l’obligation qui est faite d’apprendre.
Est-ce que cela procure un plaisir différent de créer une pièce ici à Lyon ?
L’accueil à Lyon et au théâtre des Célestins qui est coproducteur du spectacle est formidable. C’est agréable. Ne pas commencer à Paris cela donne l’impression que le théâtre est partout.
Vous êtes aussi co-metteur en scène, c’est une double responsabilité
J’ai été aidé par Pierre-François Limbosch qui a travaillé avec John Malkovich. Et puis une équipe avec qui je travaille souvent (Christophe Grelié à la lumière, Catherine D’At…) C’est un travail collectif pour faire tenir en équilibre les mots et la musique et que la musique soit un personnage qui existe pour ce qu’elle est. Il y avait tout une histoire à raconter avec les images qui sont là pour compléter et enrichir cette histoire comme un conte que l’on feuillette d’épisode en épisode.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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