Faire du théâtre aujourd’hui, en adéquation avec les oscillations de la réalité, signifie se précipiter dans la fugacité des événements pour se mettre à l’écoute. Le dehors fuit le temps et l’espace théâtral tel une bête sauvage. Il doit être poursuivi au risque de perdre le chemin. L’expérience de se perdre est bonne : elle réactive la perception et le flux cardiaque, elle « déséquilibre la ferme image du monde ».
En août 2010 nous sommes allés en Grèce à la recherche de témoignages directs sur le meurtre du jeune de quinze ans Alexandros-Andreas Grigoropoulos (Alexis), événement tragique commis par un policier au moment de notre premier atelier d’étude sur Antigone, en décembre 2008.
La mort d’Alexis a suscité un mouvement de protestation sans précédents dans l’histoire récente de l’Europe, auquel non seulement étudiants et anarchistes, mais les représentants de toutes les catégories sociales ont participé. Et la tension ne s’est pas éteinte. A Exarchia, le quartier central d’Athènes où Alexis a été tué, tout le monde attend l’automne prochain, quand les effets de la crise deviendront évidents, pour que les soulèvements s’avivent à nouveau…
Mais comment se fait-il que les manifestations en Grèce soient bien organisées et aient duré aussi longtemps… Alors qu’en Italie les mouvements de protestations s’enflamment subitement puis meurent dans l’éparpillement et le manques de coordination entre les divers groupements ?
Nous avons cherché une réponse en tentant de retrouver “la trace d’Antigone”, (en grec Syrma Antigònes, correspondant au nom complet du projet) en suivant le sillage de son voyage avec Œdipe, à la lumière des mutations et des bouleversements géographiques contemporains: une immersion dans la dimension tragique que prend ce pays si proche de l’Italie, par son histoire et ses vicissitudes.
Nous décidons de nous rendre sur le lieu de cette mort, un an après le drame, alors que l’événement a été totalement oublié par une presse qui fait feu de tout bois, alors qu’on ne parle plus de ce qui s’est passé à cette période (une véritable insurrection), justement parce que tout le projet Syrma-Antigone est une réflexion autour du too late!, autour du fait d’être présent trop tard, après l’irréparable. Mais est-il vraiment trop tard? “Comment transformer l’indignation en action? Quelle action est alors possible ?
Voilà les questions que nous nous posons, en tant qu’artistes, avant le début de chaque spectacle, ne pouvant pas continuer à faire du théâtre en faisant semblant que « le dehors » n’existe pas, seulement parce qu’on est trop absorbé par notre épuisante recherche formelle… La situation est en train de se détériorer et il faut s’exposer, à visage découvert. Note d’intention de la Cie Motus d’après dossier de presse.
Alexis. Une tragédie grecque
La nouvelle création de la Cie Motus
Conçue et dirigée par Enrico Casagrande et Daniela Nicolò
Mise en scène Enrico Casagrande et Daniela Nicolò
Avec Silvia Calderoni, Vladimir Aleksic, Benno Steinegger, Alexandra Sarantopoulou et la collaboration de Michalis Traitsis et Giorgina Pilozzi
Assistanat à la mise en scène Nicolas Lehnebach
Dramaturgie Daniela Nicolò
Montage vidéo Enrico Casagrande
Musique et son Andrea Comandini
Extrait Pyrovolismos sto prosopo de The boy
Vidéo Nikos du Centre Libertario Nosotros, Stravros du groupe musical Deus ex machina
Lumière et scénographie Enrico Casagrande et Daniela Nicolò
Direction technique Valeria Foti
Service de presse Sandra Angelini et Coralba Marrocco
Organisation Elisa Bartolucci et Valentina Zangari
Administration Elisa Bartolucci avec la collaboration de Cronopios
Diffusion en collaboration avec Judith Martin/Ligne Directe
Production : Motus
ERT Emilia Romagna Teatro Fondazione,
Espace Malraux – Scène Nationale de Chambéry et de la Savoie – CARTA BIANCA, programme Alcotra coopération France Italie – Théâtre National de Bretagne/Rennes et le Festival delle Colline Torinesi
Avec le soutien de la Province de Rimini, la Région Emilie Romagne et le Ministère de la Culture
du 1er au 12 mars 2011
A la Grande Halle de la Villette
Dates et horaires : mardi, mercredi, vendredi, samedi à 20h30 / jeudi à 19h30
salle Boris Vian – Métro Porte de Pantin
01 40 03 75 75 – www.villette.com
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