C’est la belle histoire de l’année 2016 au théâtre: le succès de « Edmond » au Palais Royal à Paris. La salle ne désemplit pas depuis la rentrée de septembre. La troisième pièce d’Alexis Michalik, montée sans tête d’affiche est un succès. La vedette du spectacle c’est Edmond Rostand. Alexis Michalik raconte les coulisses de la création de Cyrano de Bergerac, c’était il y a 119 ans. Rencontre avec un metteur en scène très courtisé par les directeurs de théâtre.
Êtes-vous surpris par le succès d’Edmond ?
Oui, cela a été une très bonne surprise, surtout sans tête d’affiche, avec douze acteurs sur scène. Les directeurs du Palais Royal ont eu un gros coup de cœur pour ce texte. Et le public a répondu présent dès le début. Le succès de deux précédentes pièces a dû certainement y contribuer.
Comment expliquez-vous ce succès ?
Il y a d’abord la personnalité de Cyrano. C’est l’une des pièces préférées des français. Les spectateurs ont été heureux de retrouver ce personnage à travers le Paris de la fin du 19ème siècle, un Paris fantasmé où se croisent de nombreux artistes : Feydeau, Tchekhov, Ravel…Personne n’a cru à cette pièce à l’époque car Edmond Rostand n’avait jamais connu de succès. Il est dépressif, hypocondriaque et neurasthénique. Et le soir de la première c’est un triomphe. Tout s’est inversé pour lui, il est devenu un poète national. Et la France s’est passionnée pour Cyrano. Cela peut tout à faire arriver aujourd’hui avec le cinéma, mais à l’époque c’était avec le théâtre – qui était roi.
Les spectateurs adorent l’histoire et votre pièce est truffée d’anecdotes.
Je voulais raconter la création d’un spectacle du point de vue de l’auteur et la replacer dans le contexte romantique de l’époque (il faut se rappeler qu’il n’y avait pas de crise et qu’il y avait 75 acteurs sur la scène !) Et puis je voulais raconter l’histoire de Rostand que l’on connait assez peu
Pouvez-vous imaginer votre théâtre sans l’apport du cinéma ?
Absolument pas ! Mon théâtre est complétement cinématographique. J’écris les pièces comme des scénarios. Je ne me pose pas le problème du décor. Ce n’est pas une contrainte et du coup je ne bride pas en écrivant. Mon imaginaire est libre. Le public est complétement habitué aux images et aux formes narratives éclatées qui peuvent se dérouler sur plusieurs siècles avec des allers retours. C’est le même public qui vient au théâtre. Le rythme de mes mises en scène est cinématographique. L’utilisation de la musique est cinématographique, elle soutient l’émotion.
Votre succès vous le devez aussi au Festival Off d’Avignon qui a été le déclencheur dans votre carrière.
J’ai découvert le théâtre par Avignon et notamment son processus économique. J’ai présenté mon premier spectacle à 22 ans. Je n’avais pas l’idée que l’on pouvait vendre un spectacle et que l’on pouvait en vivre. J’adore le public d’Avignon parce qu’il vient pour voir du théâtre. Il est détendu, il est en vacances. En plus les places sont moins chères qu’à Paris. Il est génial et chaleureux.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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