Age of content est la nouvelle création du collectif (LA) HORDE avec le Ballet National de Marseille. Cette exploration de la perméabilité entre mondes virtuels et réels dévoile une accumulation de références qui puise dans différentes époques et traditions.
Danse ultra physique, corps érotiques, basses tonitruantes… Voici comment résumer en quelques mots les pièces de (LA) HORDE. Ce collectif d’artistes rassemble Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel, explore depuis le début des années 2010 la culture club et les danses qui ont germé sur le Web. A la direction du Ballet national de Marseille (BNM) depuis 2019, ils ont marqué le paysage chorégraphique avec un hits : le phénoménal Room with a view, danse exaltée de la révolte dans un décor de carrière abandonnée, au lyrisme grandiloquent. Cette année, ils rempilent sur nouveau tube qui applique plus ou moins la même recette, Age of content, qui interroge encore le monde contemporain du point de vue de la jeunesse, en jouant sur la perméabilités entre monde réel et virtuel.
Est-ce qu’Age of content serait chorégraphié par un algorithme ? A voir le fourmillement de références qui compose cette pièce, la question a le mérite d’être posée. Tout commence avec des danseuses et danseurs habillés en jogging Juicy Couture en velours vert d’eau (tenues sexy emblématique des années 2000) avec masques en tissu d’avatars. Ils laissent la place à d’autres, qui se meuvent comme des avatars de jeux vidéo (dont la première, d’abord seule sur scène est particulièrement frappante) rappelant les expérimentations du duo de danseurs polonais Nicki i Loczek sur Tik Tok, les bras flottants, courses sur place devant un mur, le regard plongé dans le vide, coucou bref de la main… Une inquiétante étrangeté, qui se déploie dans une atmosphère nocturne.
L’ambiance change du tout au tout, plus lumineuse, faisant sonner les boucles musicales scintillantes de Philip Glass (The Grid) qui rappellent la pièce minimaliste Dance, chorégraphiée par la post-moderne américaine Lucinda Childs. Un canvas où (LA) HORDE et le BNM injectent une multiplicité des gestes, extraits d’Internet, des clips ou des comédies musicales, avec une précision chirurgicale, lisse, nette. On y retrouve toutes les variations de twerk de la WAP dance, qui doit son nom au tube De Cardy B feat. Megan Thee Stallion, les pas de bourrée du jazz qui rappellent les enchaînements des comédies musicales, mais aussi, par à coups, les temps levés et détournés de la chorégraphie de Childs. Une constellation qui brise la hiérarchie entre les styles de danse et témoigne d’une circulation des gestes entre les traditions et les sphères numérique et IRL (acronyme de In real life, dans la vraie vie). Que faut-il voir dans ces références : des citations, des hommages, des emprunts, une forme de plagiat ? Il faut dire qu’à l’ère des danses Tik Tok, où les musiques et les sons sont recyclés à l’infini, tout comme les phrases chorégraphiques qui circulent librement, les contours du droit d’auteur – plutôt compliqué à faire appliquer en danse – sont largement perturbés.
A l’instar d’une Beyoncé dont le talent pop consiste aussi à agréger dans sa musique une multiplicité d’influences et de genres musicaux, (LA) HORDE englobe cette multiplicité d’influences. Mais si leur patte est reconnaissable en termes d’esthétique visuelle et musicale, le mouvement, lui, apparaît encore un peu en reste. Malgré la précision et la netteté des danseuses et danseurs du Ballet de Marseille, leur recherche chorégraphique peine à dépasser l’agrégat référentiel pour acquérir plus de densité et de subtilité. Mais remix et copier-coller sont-elles encore deux notions à part entière, à l’ère du contenu, où tout circule et se métamorphose en permanence ?
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Age of Content
Œuvre Chorégraphique
Durée : 1h15
Conception, mise en scène : (LA)HORDE — Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Arthur Harrel
Chorégraphie (LA)HORDE en collaboration avec les danseur·euse·s et les répétiteur·trice·s du Ballet national de Marseille
Assistante artistique : Nadia El Hakim
Collaborateur.trice.s artistiques : Valentina Pace, Jacquelyn Elder, Angel Martinez Hernandez, Julien Monty
Musique : Pierre Avia, Gabber Eleganza, Philip Glass
Scénographie : Julien Peissel
Costumes : Salomé Poloudenny, DIESEL
Assistantes costumes : Nicole Murru, Sandra Pomponio, Minok Terre
Lumières : Eric Wurtz
Création coiffure : Charlie Le Mindu
Assistante coiffure : Marie-Nirina Metz
Création graphique : Frederik Heyman
Conseils et accompagnement cascades : Stunt Workshop International – Amedeo Cazzella, Alex Vu, Malik Diouf, Yann Brouet, Jonathan Bernard, Patrick Tang
Coaching vocal : Deborah BookbinderAvec les danseur·euse·s du Ballet national de Marseille : Sarah Abicht, Nina-Laura Auerbach, Alida Bergakker, Izzac Caroll, João Castro, Titouan Crozier, Myrto Georgiadi, Nathan Gombert, Eddie Hookham, Nonoka Kato, Yoshiko Kinoshita, Amy Lim, Jonatan Myrhe Jorgensen, Aya Sato, Paula Tato Horcajo, Elena Valls Garcia, Nahimana Vandenbussche, Antoine Vander Linden
Constructions scénographiques : les ateliers de la MC2 : Maison de la Culture de Grenoble scène Nationale, Sud Side les ateliers spectaculaires/Marseille, Atelier Contrevent, Soudure Duret
Décorateur : Cristian Zurita
Avec la participation de Julien Parra, Dimitri Bovas, Théophile Eschenauer, Christophe Lanes, Sébastien Mathé, Milan Petrucci, Kostia Pozniakoff
Régie générale : Rémi D’Apolito
Remerciements aux équipes permanentes et intermittent.e.s du Ballet national de Marseille
Production : Ballet national de Marseille
Coproduction : MC2 Maison de la Culture de Grenoble, scène nationale – Biennale de la danse de Lyon 2023 – International Summerfestival Kampnagel, Hambourg – Théâtre de la Ville-Paris – Théâtre du Châtelet – Créteil-Maison des arts – Maison de la culture, scène nationale d’Amiens – La Comédie, scène nationale de Clermont-Ferrand – L’Équinoxe, scène nationale de Châteauroux – Charleroi Danse, centre chorégraphique de Wallonie, en partenariat avec le Palais des Beaux-Arts, Charleroi – Grand Théâtre de Provence – Espace des Arts, scène nationale de Chalon-sur-Saône – Opéra de Dijon – Teatro Rivoli de Porto.
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
En partenariat avec DIESEL
Accueils en résidence : MC2 Maison de la Culture de Grenoble, scène nationale et International Summerfestival Kampnagel, Hambourg. Avec le soutien de Lieux Publics-CNAREP (centre national des arts de la rue et de l’espace public) et pôle européen de production, et de la Cité des arts de la rue
Le CCN Ballet national de Marseille – direction (LA)HORDE reçoit le soutien du ministère de la Culture / Direction générale de la création artistique, de la DRAC Paca, de la Ville de Marseille et de la Fondation BNP Paribas.
Pour ses tournées et projets à l’étranger, le CCN Ballet national de Marseille bénéficie du soutien de l’Institut français.
Durée 1h
Du 09 au 12 août 2023
Hambourg (DE) – KampnagelLes 23 et 24 août 2023
Berlin – Tanz im August FestivalLes 19 et 20 septembre 2023
GRENOBLE – MC2du mercredi 27 septembre au vendredi 29 septembre 2023
Villeurbanne – TNP Villeurbanne dans le cadre de La Biennale de LyonDu 05 au 08 octobre 2023
PARIS – Théâtre du Châtelet en partenariat avec le Théâtre de la VilleLe 17 novembre 2023
Chalon-sur-Saone – Espace des arts – Scène nationaleLe 21 novembre 2023
DIJON – Opéra de DijonDu 18 au 20 janvier 2024
CRÉTEIL – Maison des Arts de CréteilLes 27 et 28 janvier 2024
BELGIQUE – Charleroi DanseLes 2 et 3 avril 2024
Le Mans – Les Quinconces l’EspalLe 11 avril 2024
CHATEAUROUX – EquinoxeDu 02 au 04 mai 2024
AIX-EN-PROVENCE – Grand Théâtre de ProvenceLes 9 et 10 mai 2024
MADRID – Teatros del CanalLes 9 et 10 mai 2024
AMIENS – Maison de la culture d’AmiensLe 23 mai 2024
CLERMONT-FERRAND – La Comédie de ClermontLes 6 et 7 juin 2024
Lorient – Théâtre de Lorient-CDNLes 14 et 15 juin 2024
PORTO – Teatro Municipal Rivoli do PortoDu 25 au 26 juin
La Criée de Marseille dans le cadre du Festival de Marseille
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