Voilà huit ans que l’idée de monter Electre a germé en moi. Aujourd’hui, la nécessité de la présenter sur scène subsiste malgré tous les doutes. Je suis consciente de l’envergure de cette pièce et de sa difficulté. Mais petit à petit, l’édifice s’est construit et les réponses sont apparues, comme si Electre avait quelque chose à me dire. Je vous livre aujourd’hui ce qu’elle me chuchote à l’oreille… J’espère que vous l’entendrez aussi :
« ELECTRE : Doit-on oublier les morts ? Y a-t-il des gens qui le peuvent ? Je ne veux pas alors de leur estime, je ne veux pas vivre tranquille auprès d’eux, retenant mes pleurs. Si le mort devait rester à jamais cendres et poussière, sans que ses assassins en paient le prix, c’en serait fait à jamais pour les hommes de toute conscience, de tout honneur. »
Electre nous renvoie à nous-mêmes. Bien qu’elle soit née dans la société grecque il y a 2500 ans, les questions qu’elle soulève sont immuables. Que faire devant toutes les injustices : la guerre, la dictature, la torture et toutes les atteintes, même subtiles, à la dignité humaine ? Doit-on résister ou se résigner ? Qui de nous n’a jamais eu soif de justice ? Osons-nous crier notre indignation, faire que notre voix soit entendue comme Electre : « non, je ne cesserai pas de clamer ma douleur ici même aux portes de la ville pour que tous l’entendent » ? Et pourtant, ne fermons-nous pas souvent les yeux comme Chrysothémis sur les injustices que nous rencontrons ou que nous subissons parce que nous avons peur du regard de l’autre : « si je veux vivre libre, je dois me soumettre aux puissants » ? Ne sommes-nous pas parfois aveuglés comme Clytemnestre par un désir de pouvoir et de possession ? Osons-nous agir comme Oreste pour faire valoir la justice ? Mais jusqu’où doit porter notre action, quelle est la juste mesure ? Autant de questions qui se posent à chacun de nous personnellement.
Antoine Vitez disait : « Electre a raison en esprit et tort dans les faits et Chrysothémis a raison dans les faits et tort en esprit ». Or nous savons bien comme il est difficile d’avoir raison en esprit et tort dans les faits car on devient alors dérangeant et l’on est facilement rejeté. On a bien envie alors de se ranger du côté des plus forts, de la majorité pour passer inaperçu ! C’est de ce combat dont il est question ici, un combat pour la justice jusqu’au mépris de sa propre vie, le combat de l’homme avec lui-même pour donner un sens à sa vie. Note d’intention d’Agathe Schumacher
Electre de Sophocle
Adaptation et mise en scène Agathe Schumacher
Distribution Elsa de Belilovsky
Karine Burckel
Agathe Schumacher
Irina Stopina
Santana Susnja
Julien Turgis
Création vidéo Laurent Salipante
Composition Musique Pierre Chépélov
Percussionniste Mathieu Demange
Violoniste Raquele Magalhaes
Flûtiste Lucien Pagnon
Création lumière Sandra Lelarge
Création Costumes Carole Pochard
Du 20 au 31 mai 2011
Mardi au samedi à 20h30
Dimanche à 15h30
Relâche le lundi 23 mai
Crypte Saint François d’Assise
16 rue du Général Brunet
75019 Paris
Métro Botzaris ou Place des Fêtes
Réservation au 01 83 95 54 14
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