Evénement de la Biennale de danse de Lyon 2021, L’expérience Fagor offre au public une immersion en mouvement. Spectacles, performances et installations jusqu’au 16 juin.
Il fallait oser investir les milliers de M2 de cette usine désaffectée du côté de Gerland à Lyon. La Biennale de danse, après celle d’art contemporain, s’y est risquée avec bonheur. Un espace librairie, les actes d’un colloque (Pour une histoire de la danse décentrée) ou des installations I-Dance de Pierre Giner. Et des performances. Ainsi Christophe Haleb réunissait des jeunes d’Amiens, Paris ou Lyon pour son Entropic Now. Des déambulations chorégraphiques –mais pour un public assis et masqué-, de son live et des témoignages vidéo. « L’urgence ce serait d’être heureux » entend-on dans la bouche d’un participant. Ce concentré d’humanité ne manque pas de charme. Même si le propos se perd parfois dans l’immensité, l’énergie aussi.
En contre-point Irvin Anneix réunit des dizaines de jeunes du monde francophone pour témoigner d’un futur immédiat. Chacun, face à la caméra, s’imagine 10 ans plus tard. Et se raconte. Touchant. La jeunesse encore était au rendez-vous de Removing Reset de Noé Soulier avec les solistes du Conservatoire National de Musique et de Danse de Lyon. Le chorégraphe a supervisé la reprise d’extraits de sa pièce, Removing, dans un élan partagé. Sauts tendus, extension proche du déséquilibre, courses répétées, la chorégraphie d’origine s’offre un bain de jouvence. Il y a des hésitations, des regards perdus mais le résultat emporte l’’adhésion du public.
Il reviendra à deux danseurs en vue, Brigel Gjoka et Rauf « Rubberlegz » Yasit de conclure cette journée. On avait repéré ses danseurs auprès de William Forsythe notamment dans A Quiet Evening of Dance. Ils préparent une pièce en deux temps dont ils sont venus dévoiler les prémices à la Biennale. On retrouve l’esprit du maître – Forsythe a joué le regard extérieur. Mais c’est lorsqu’ils s’en affranchissent que ces deux-là font mouche. Pichenette sur une épaule, déhanché radieux, ils ressemblent par instant à un vieux couple de danseurs dont ne sait quel folklore ils pratiquent. La fluidité, les passements de bras et de jambes font le reste avec un pointe d’humour. Sans décor et quasiment en plein jour, Brigel Gjoka et Rauf « Rubberlegz » Yasit ont mis le feu à Fagor. « Il y a tellement longtemps que je n’ai pas applaudi » lâcha une spectatrice non loin de nous. Et il y avait matière à s’enthousiasmer en ce vendredi.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
L’expérience Fagor, Biennale de danse de Lyon, jusqu’au 16 juin
www.biennaledelyon.com
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