A l’affiche du programme parisien du Béjart Ballet Lausanne au Palais des Congrès de Pari, le Boléro s’offre en prime une star la russe Diana Vishneva. Retour sur un ballet phénomène.
Interrogé l’été dernier alors qu’il créait sa propre version du Boléro sur la partition de Maurice Ravel, Mats Ek m’avait répondu en toute franchise ceci : « On ne peut entrer en compétition avec le Boléro de Maurice Béjart. Mais la musique est trop bonne pour ne pas être utilisée encore et encore » Il y a et il y aura d’autres Boléro mais la version de Béjart semble faire partie du patrimoine immatériel des amateurs de danse. On se l’arrache comme l’avouait Gil Roman le directeur artistique du BBL et ce dernier veille au grain. Pas question de faire danser le Boléro de Maurice Béjart pour vendre des billets ! Le ballet de l’Opéra de Paris a ainsi eu le privilège de le reprendre il y a peu, mais c’est bel et bien le Béjart Ballet Lausanne qui le donne cet hiver dans un programme contrasté « Béjart fête Maurice ».
Trois solistes vont s’y coller, Elisabet Ros, Julien Favreau danseurs « historiques » de la compagnie ainsi qu’une guest de prestige, la russe Diana Vishneva. Cette dernière résumait il y a quelques jours le défi Boléro : « cela prend du temps pour apprendre ces pas compliqués, de la force pour y arriver, et cela donner tellement d’énergie en retour ». Vishneva met ainsi ses pas dans les pas de vedettes comme Jorge Donn, Sylvie Guilem –elle fera ses adieux sur le Boléro à la TV japonaise !-, Nicolas Le Riche, Roberto Bolle ou Marie-Agnès Gillot. On l’oublie parfois cependant Duska Sifnios créa la pièce en 1961 à Bruxelles.
Interprète fétiche de la compagnie suisse, et pour beaucoup un des plus grands dans ce Boléro, Julien Favreau excelle dans ce court ballet crescendo. « Dans un premier temps, le plus difficile est de mémoriser cet enchaînement de séquences qui finissent presque toutes par la même position « chameau ». Dans un deuxième temps, le plus difficile est de respecter les mouvements simples de Maurice, de ne pas exagérer, de ne pas sur-jouer, de n’avoir rien à prouver, de faire au plus simple en étant juste, le plus vrai. Trouver une vérité qui mènera naturellement à la fatigue, au dépassement de soi, à l’émotion » confie le soliste.
Du côté de Nicolas Le Riche, actuellement directeur du ballet Royal de Suède après une carrière immense à l’Opéra de Paris, ce Boléro est « la rencontre et le travail avec Maurice Béjart ». Mais tout autant « la nonchalance des bois (instruments) qui contraste avec les percussions (sèches). Il faut tenir le développement instrumental (crescendo). Il y a également la mise en abîme du (de la) danseur(se) sur la table. Sans oublier l’énergie donnée par les danseurs qui vous mènent plus loin que vos limites. » Le Riche cite encore ce rapport au masculin et au féminin. « Hypnotique, la chorégraphie demande une grande conscience -pour ne pas se tromper dans les séquences- alors que le ressenti –du spectateur et du danseur- tend à l’abandon. » Il y voit « l’élan magistral procuré par un chef d’œuvre… ». Nicolas Le Riche choisira pour sa soirée d’adieux à Garnier en 2014 de danser le Boléro de Maurice Béjart une ultime fois. Maurice Ravel aurait dit : « Mon Boléro devrait porter en exergue : Enfoncez-vous bien cela dans la tête ! ». On préfère se dire qu’il est entré dans l’histoire de la danse.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Programme Béjart Ballet Lausanne Béjart fête Maurice avec T’M et Variations… de Gil Roman, une sélection de pas de deux et le Boléro avec en alternance Elisabet Ros, Julien Favreau et Diana Vishneva (le 28 février) au Palais des Congrès de Paris www.viparis.com
Du 26 au 29 février 2020.
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