Le verdict du gouvernement est tombé : les théâtres devront attendre trois semaines de plus avant de, peut-être, pouvoir rouvrir leurs portes au public. Une décision qui suscite colère et incompréhension chez les professionnels.
Alors qu’ils s’y étaient préparés depuis plusieurs semaines, les théâtres, comme les cinémas, les musées et l’ensemble des établissements recevant du public, ne pourront pas rouvrir leurs portes le 15 décembre prochain et devront rester fermés, au moins, trois semaines supplémentaires. « Les conditions posées pour leur réouverture [passer en-dessous de la barre des 5.000 contaminations par jour, NDLR] ne sont hélas pas réunies, a regretté le Premier ministre Jean Castex à l’occasion d’une conférence de presse, jeudi 10 décembre. Je sais à quel point le secteur culturel s’était préparé, que les artistes avaient répété, que toutes les filières étaient mobilisées, que tout était prêt pour que les rideaux se lèvent et les écrans s’illuminent. Prendre cette décision, avec le président de la République et la ministre de la Culture, nous a été particulièrement douloureux, croyez-le bien. » Vendredi 11 décembre au matin, Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, a précisé, sur BFM TV, que le 7 janvier n’était pas une date de réouverture et qu’il s’agissait « d’une clause de revoyure. On verra l’impact de la pandémie à ce moment-là. »
A la Comédie de Valence, où le directeur, Marc Lainé, a déjà reçu « des témoignages de spectateurs désappointés », l’annonce a immédiatement fait souffler un vent de mélancolie. La construction de l’imposant décor de Mithridate, qui devait être créé par Eric Vigner le 15 décembre au soir, venait tout juste de s’achever et, dès le vendredi 11 au matin, il devra simplement être démonté. « Avant le discours du président de la République, je m’étais psychologiquement préparé à rouvrir le 20 janvier, et puis, comme le 15 décembre a été annoncé, nous nous sommes remis en route, avons été cherchés le public… pour en arriver là, soupire Marc Lainé. Ces hésitations ont des conséquences assez brutales. Je les vois comme une série d’actes manqués, comme la révélation d’un inconscient un peu dangereux par rapport à la culture. »
« Ce gouvernement n’aime pas la culture »
Une nouvelle douche froide, donc, pour un secteur culturel déjà fortement fragilisé par les contraintes sanitaires successives, et lassé par la stratégie du stop-and-go. « C’est l’incompréhension la plus totale, tance le Président du Syndeac, Nicolas Dubourg. On ne comprend pas les critères de décision, si ce n’est que nous ne sommes pas jugés essentiels. Tous les protocoles sanitaires, très stricts, que nous avons travaillés dans le secteur assurent des garanties suffisantes. Si tel n’est pas le cas, j’attends que l’on me montre les études qui prouvent que nos salles sont des lieux de contamination. Si ce n’est pas le cas, alors, cette décision n’est pas étayée d’un point de vue scientifique, et est donc purement politique. »
Même sentiment d’incompréhension, mêlée de colère, du côté du théâtre privé pour qui les fêtes de fin d’année représentent traditionnellement un moment-clé, voire vital. « On a travaillé comme des dingues pendant quinze jours, trois semaines, pour préparer cette réouverture, et on nous annonce cinq jours avant que, finalement, ça ne sera pas possible, c’est absurde, injuste et dramatique économiquement, se désole le patron du Lucernaire, Benoit Lavigne. Alors qu’ils réservaient à plein pot pour les fêtes, les spectateurs ne vont pas réserver pour janvier. Tout cela nous fait perdre de l’argent, tire sur la trésorerie d’autant plus que nous n’avons, pour l’instant, touché aucune aide depuis le premier confinement. Cette décision nous place dans une situation financière pire que tout, à la limite de la faillite, et prouve que, définitivement, ce gouvernement n’aime pas la culture. »
L’hypothèse incertaine du 7 janvier
Désormais, tous les regards des professionnels se tournent vers le 7 janvier, nouvelle échéance fixée par le gouvernement. « Nous réexaminerons la possibilité de rouvrir à partir de cette date en fonction de la situation sanitaire à cette échéance et de l’analyse que nous pourrons faire des effets des fêtes de fin d’année sur la situation épidémique », a précisé Jean Castex.
Si Marc Lainé assure que les équipes de la Comédie de Valence et lui vont « faire le job » pour préparer une réouverture, « en sachant pertinemment que cet enthousiasme risque d’être contredit, voire déçu », le monde du théâtre croit peu à cette perspective. « Le 7 janvier, en matière épidémique, ça va être le pire du pire, anticipe Nicolas Dubourg. Nous allons avoir une nouvelle conférence de presse qui va nous expliquer que ce n’est pas pour le 7, ni pour la semaine d’après. Un flou s’installe pour les deux mois qui viennent, ce qui est catastrophique pour les directeurs de salle. Nous n’allons pas continuer la plaisanterie bien longtemps. Nous voulons des garanties, que les protocoles sanitaires soient validés une fois pour toutes et obtenir une date de réouverture ferme et définitive. » Histoire d’éviter, comme l’image la directrice du Théâtre de la Reine-Blanche, Elisabeth Bouchaud, d’avoir « le sentiment d’être comme Pénélope, et de faire, défaire, faire, défaire, nos programmations. »
De son côté, le directeur du Théâtre de l’Atelier, Marc Lesage, voit déjà plus loin que cette date butoir et pourrait étudier, dans les jours prochains, des hypothèses de réouverture beaucoup plus lointaine. « Outre les très lourds investissements à perte qu’ils génèrent, ces allers-retours génèrent une situation de doute qui n’aide pas à promouvoir les spectacles et risque de faire fuir les spectateurs, craint-il. Au mois de mars, je me disais déjà que nous devrions peut-être faire comme à Broadway et décider de fermer pendant un an au lieu d’être dans une incertitude permanente. A l’époque, je ne pensais pas si bien dire… »
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
Marc Lainé oui c’est inadmissible !! Ou alors faisons du théâtre à Auchan,installons un écran cinéma dans les halls de métro ; ou encore dans les lieux de culte !!! Car ils son protégés du virus….je n’ai plus d’église à proposer pour un spectacle suite au séisme mais demandez à toutes les communes d’ouvrir leurs églises pour des représentations théâtrales entre 2 célébrations.en accord avec les paroisses