Les prochaines saisons culturelles continuent de se construire pour les professionnels de la culture. Plusieurs structures proposent des évènements regroupant plusieurs compagnies, en particulier les plus jeunes. C’est le cas pour les arts de la Marionnette à la Halle Roublot de Fontenay-sous-Bois ou en Bretagne avec les Rencontres Artistiques et Professionnelles Bretagne en Scène[s] .
Depuis mars dernier, le nombre de créations qui n’ont pu voir le jour se multiplient. Des représentations réservées aux professionnels visent ces mois-ci à permettre, à terme, une rencontre de ces spectacles avec un public. Certains événements habituellement publics, comme le festival Impatience (voir notre article ici), se transforment pour la même raison en rendez-vous de programmateurs et de journalistes. Enfin, les rencontres professionnelles existantes sont pour la plupart maintenues. Le nombre de ces temps d’échange entre artistes et directeurs de lieux témoigne d’une attention aiguë de ces derniers envers l’avenir de la jeune création. Cette question est notamment au cœur des Plateaux marionnettes organisées en ce mois de janvier par le Théâtre Halle Roublot, ainsi que des Rencontres Artistiques et Professionnelles Bretagne en Scène[s] portées par le réseau du même nom. Deux événements à huis clos placés par leurs organisateurs sous le signe de l’urgence.
Urgence : rencontrer
En Bretagne comme ailleurs en régions, les occasions pour les professionnels de voir des spectacles sont en cette période moins nombreuses qu’en région parisienne. Pour le réseau Bretagne en Scène[s], qui rassemble une cinquantaine de lieux de représentations associatifs et en régie municipale, la tenue de son rendez-vous professionnel annuel n’a donc jamais été remise en question. Pour des raisons techniques, il devra toutefois être modifié : au lieu de se tenir entièrement au Centre culturel Jacques Duhamel de Vitré (35) du 25 au 27 janvier 2021, les douze créations et les 14 étapes de travail programmées seront présentées dans plusieurs lieux de la région. « Bien que sans interdiction formelle de la part de la mairie et de la préfecture, il nous est apparu impossible d’accueillir dans de bonnes conditions sanitaires 26 compagnies au même endroit pendant deux jours et demie, et entre 150 et 250 programmateurs par jour », explique François Verdes, président du réseau organisateur et directeur du Pont des Arts à Cesson-Sévigné.
Pour organiser cette édition plus éclatée que prévu entre fin janvier et début février – au moment de notre entretien avec François Verdes, les dates ne sont pas encore définies –, des moyens supplémentaires sont nécessaires. C’est dire son importance pour le réseau, dont les membres sont « très conscients des difficultés rencontrées actuellement par les compagnies, surtout les plus jeunes qui ont encore moins d’occasions que les autres de montrer leur travail ». D’où le choix de programmer pour la première fois des créations : trois des pièces présentées cette année par Bretagne en Scène[s] n’ont pas pu jusque-là rencontrer un public. L’inquiétude du réseau breton est partagée par la Cie Pilier des Anges installée au Théâtre Halle Roublot, lieu-compagnie missionné pour le compagnonnage (LCMC) implanté à Fontenay-sous-Bois (94). Pour la 2ème année, s’y déroulent en janvier des Plateaux marionnettes pour professionnels. « Il s’agit de permettre la visibilité des jeunes compagnies de marionnette, discipline encore trop largement cantonnée à un petit réseau de lieux spécialisés. Nous souhaitons participer au décloisonnement de la discipline, plus urgent aujourd’hui que jamais pour les artistes », exprime Cyril Altot, directeur adjoint du lieu.
Le poids du groupe
Face à la situation, les réseaux et groupes qui portent des rencontres professionnelles se retrouvent souvent à assumer un rôle d’alerte auprès des pouvoirs publics. « Nous les avons interpellés au sujet de la précarité des intermittents, dont on ne sait encore comment ils vont faire leurs heures d’ici le 31 août. Ils vont être victimes d’un inévitable embouteillage au moment de la réouverture des lieux, causée par le report des spectacles annulés pendant toute la période », dit François Verde. L’appel porte ses fruits : un dialogue est en cours avec les tutelles locales, pour définir les meilleures solutions possibles. L’équipe du Théâtre Halle Roublot amorce elle aussi une dynamique collective pour ses Plateaux marionnettes : « pour permettre une circulation des artistes entre nos lieux, et créer un véritable réseau d’accompagnement, nous avons décidé cette année de nous associer aux deux autres LCMC d’Île-de-France : Théâtre aux Mains Nues et La Nef – Manufacture d’Utopies », explique Cyril Altot.
Preuve là aussi de l’écoute des tutelles aux besoins actuels des jeunes compagnies, la Région Île-de-France soutient cette année ces Plateaux marionnettes, où les 60 à 80 programmateurs attendus pourront découvrir six spectacles de marionnettes aux esthétiques très diverses, pour des publics d’âges qui le sont aussi. Comme le réseau Bretagne en Scène[s], le trio de lieux engagé dans les Plateaux développe également une réflexion collective sur les choix de programmation à faire dès la réouverture des théâtres. « Avec nos deux partenaires, nous nous concertons sur les reports de nos spectacles respectifs, afin de limiter au maximum les dégâts pour les compagnies. Il est impossible de faire en 2021 la saison prévue en 2020 : il va nous falloir trouver un équilibre entre reports et accueil de créations ». Un exercice délicat, qu’il faudra très certainement poursuivre au-delà de la saison prochaine.
Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr
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