« Dis, quand rouvriras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? » C’est la banderole qui a été déployée hier au premier étage du Théâtre Molière à Sète. En adaptant le refrain de la chanson de Barbara Dis, quand reviendras-tu ?, l’équipe de la scène nationale archipel de Thau a accompagné son geste d’un communiqué que nous publions ici.
Nous vivons tou·tes une période sidérante. Le Larousse rappelle que la sidération est un anéantissement subit des forces vitales, se traduisant par un arrêt de la respiration et un état de mort apparente. Cette sidération vient du silence assourdissant dans lequel l’Etat nous laisse. Car nous ne sommes pas en arrêt : le monde de la culture travaille.
Oui, nous travaillons !
Après avoir surmonté un premier confinement, après avoir chevauché le tigre pour redresser la barre de nos structures, nous accueillons actuellement des compagnies en répétitions, nous tentons de produire des captations, inventons des contenus numériques pour nos publics, préparons les spectacles de demain, maintenons le lien partenarial et social sur nos territoires, essayons de faire jouer coûte que coûte des spectacles dans les structures scolaires, jonglons avec les budgets et lisons dans nos boules de cristal. Comme tout le monde. Mais dans quelles conditions travaillons-nous, dans quel but et pour quoi ? Cette gesticulation dure depuis des mois et nous commençons à en perdre le sens.
Quant aux artistes, quel sens peuvent-ils·elles donner à leurs créations, sans savoir s’ils·elles pourront jouer dans les mois à venir ?
Dans cet état d’empêchement général, nous sommes dans l’incapacité de permettre aux publics, par le rapport à l’art, de questionner le monde, de le comprendre et d’entrer en résilience : en somme, de répondre à notre mission de service public.
Si la culture est un service public, alors c’est un bien essentiel.
Nous sommes tou·tes pieds et poings liés dans cet écosystème délaissé et en danger. Ne nous laissez pas seul·e·s dans cette situation dégradée depuis des années, car cela ne suffit plus d’apporter uniquement des solutions financières en réaction aux difficultés qui s’accumulent dans notre secteur. Nous avons besoin d’une vraie politique culturelle, fondée sur une pensée politique assumée, en concertation avec l’ensemble des acteurs culturels des territoires et en lien avec les financeurs publics. Faisons de cette crise un levier et réfléchissons tou·tes ensemble.
Et s’il faut être Mme Isabelle Adjani pour se faire entendre, alors nous nous joignons à elle pour réclamer « l’état d’urgence culturelle ».
Nous posions la question du quand rouvriront les théâtres, mais la vraie question, vitale pour la culture, c’est le comment et dans quel état ?
«… Que tout le temps qui passe ne se rattrape guère
Que tout le temps perdu ne se rattrape plus. »
#CultureBienEssentiel
L’équipe du TMS, scène nationale archipel de Thau
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !