Le metteur en scène Jean-Pierre Baro suspend sa prochaine création Un qui veut traverser. Il l’a annoncé dans un courrier aux trois co-producteurs, le Théâtre national de la Colline, le Théâtre national de Bretagne et le Théâtre national de Strasbourg.
Un qui veut traverser, la prochaine pièce de Jean-Pierre Brao aurait dû être créée au printemps au Théâtre national de la Colline, le metteur en scène et son équipe devaient très prochainement entrer en répétition. Il a décidé de la suspendre et l’a fait savoir vendredi soir dans un courrier très bref à ses trois co-producteurs qui nous l’ont confirmé. Il explique notamment que les conditions n’étaient pas remplies et que les pressions étaient trop fortes autour de lui et de sa famille.
Fin 2018, Jean-Pierre Baro, alors nommé directeur du CDN – le théâtre des Quartiers d’Ivry, était visé par une plainte pour viol, l’affaire a été classée sans suite, par faute de preuves. Il a démissionné de son poste en décembre 2019. Son retour sur le devant de la scène a coïncidé avec la création sur les réseaux sociaux du mouvement #meetoothéâtre contre violences sexistes et sexuelles dans le milieu du théâtre. Au même moment, la ministre de la culture Roselyne Bachelot disait « regretter » que Betrand Cantat, condamné à plusieurs années de prison pour le meurtre de sa compagne en 2003, puisse créer la musique de Mère de Wajdi Mouawad. Dans un tribune publiée par sceneweb, le directeur de la Colline expliquait que « toute personne libre au regard de la loi, a le droit d’aller et venir, d’être invitée comme spectateur ou comme artiste ». De son côté, Jean-Pierre Baro se défendait également se disant innocent : « combien d’années devrais-je passer sans exercer mon métier de metteur en scène pour purger une peine à laquelle je n’ai jamais été condamné ? ». Anne Lassale, l’avocate de la plaignante expliquait de son côté que « le Procureur de la République de Paris n’a pas « innocenté » Monsieur Baro mais a classé l’affaire faute d’éléments pour engager l’action publique. Il importe de rappeler qu’un classement sans suite ne signifie pas une relaxe ou un acquittement et que l’enquête peut tout à fait être réouverte à l’aune de nouveaux éléments. Si Monsieur Baro est présumé innocent et a le droit de se dire innocent, il ne peut en revanche pas affirmer qu’il a été innocenté par la justice »
Marie Coquille-Chambel, à la tête du mouvement #MeTooThéâtre, explique de son côté dans un tweet que le mouvement n’a jamais produit la moindre pression à l’encontre de la famille et des proches de Jean-Pierre Baro. « La seule pression qui a été exercée, c’était à la Colline en novembre et en prenant à partie une direction de théâtre pour avoir des explications ». Le collectif #MeTooThéâtre fait savoir dans un communiqué que « cette déprogrammation est une victoire pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au théâtre et est due à toutes les personnes qui se sont mobilisées : aux colleur.euses, aux manifestant.es, aux militant.tes, aux victimes.»
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