Théâtre Ouvert va s’installer en 2019 dans le 20ème arrondissement de Paris à la place du Tarmac. Le théâtre, créé par Micheline et Lucien Attoun et dirigé par Caroline Marcilhac, doit devenir «l’un des lieux emblématiques de la création francophone ». Le Ministère a ainsi trouvé un point de chute à Théâtre Ouvert dont le bail de ses locaux de la cité Véron arrivait à échéance. Les salariés du Tarmac s’inquiètent pour leur avenir et pour celui de la francophonie. Une soirée de soutien se déroulera au Tarmac, lundi 12 février 2018. L’ancienne Garde des Sceaux, Christine Taubira participera à la soirée.
La rumeur a été confirmée mercredi soir par un communiqué publié à 20h sur le site du Ministère de la Culture, Théâtre Ouvert va déménager dans le 20ème arrondissement et reprendre les missions du Tarmac. Le mandat de son actuelle directrice, Valérie Baran, s’achève fin 2018. C’est donc Caroline Marcilhac qui dirigera en 2019 le « Théâtre Ouvert – Tarmac ». Comme la nouvelle est fraîche et qu’elle a surpris les intéressées, il est impossible de vous dire aujourd’hui quel sera le nom du futur théâtre.
L’équipe du Tarmac, interloquée, a appris par le communiqué, la nouvelle organisation. « Les raisons invoquées pour justifier cette suppression sont pour le moins surprenantes » explique la direction du théâtre dans un communiqué. « Sans dialogue ni concertation avec nous artistes ou les acteurs culturels de terrain, le Ministère de la culture décide unilatéralement et précipitamment de fermer le Tarmac, au nom d’un prétendu nouveau projet pour la francophonie. »
La Ministre souhaite profiter de cette réorganisation pour « mener – avec les collectivités territoriales et les acteurs culturels – une réflexion d’ampleur pour renforcer la visibilité des nombreuses initiatives menées en faveur de la francophonie en France et créer des synergies entre les différents projets.»
Le personnel du Tarmac s’inquiète pour son avenir, car derrière cette fusion se cache des économies d’échelle pour le Ministère. Il va falloir réorganiser les équipes des deux structures, et donc forcement procéder à des coupes dans la masse salariale.
Le projet mené par le Tarmac dans le 20ème arrondissement connaît un franc succès avec près de « 75% de fréquentation en moyenne de ses salles » souligne la direction du théâtre qui a noué de « nombreux partenariats en France comme à l’étranger » et a mené une « expertise unique de la francophonie et de ses réseaux ». L’actuel Tarmac programme autant du théâtre que de la danse (le public parisien a pu voir par exemple le Kalakuta Republic de Serge Aimé Coulibaly créé au Festival d’Avignon) alors que Théâtre Ouvert ne programme que des écritures théâtrales.
Une pétition a été lancée par des artistes pour soutenir le Tarmac. Ils ont écrit au Président de la République et s’insurgent contre cette « décapitation en silence organisée ».
La position de Caroline Marcilhac n’est pas confortable. Elle aura préféré que sa nomination se déroule sans accroc de communication. Car Théâtre Ouvert défend aussi les écritures contemporaines francophones. Ces dernières années plusieurs auteurs ont pu présenter leur travail à la cité Véron, dans diverses formes théâtrales (Gustave Akakpo, Lebert Béthune, Michel-Marc Bouchard, Hakim Bah, Boudjema Bouhada, Saskia Cohen-Tanugi, Nidhal Guiga…) Mais que deviendra la programmation danse du Tarmac ?
Dans un communiqué, le SYNDEAC se demande « comment une telle décision peut-elle être motivée ? La difficulté de Théâtre ouvert à se maintenir dans ses locaux actuels est connue depuis plusieurs années : c’est l’incurie, le manque d’ambition et de dialogue du ministère comme de la Ville de Paris qui ont conduit à un blocage sur ce point. Si la méthode de la ministre est de résoudre les questions de bail d’un acteur culturel par le délogement et la négation du travail d’un autre, alors nous savons désormais à quoi se résume son projet de politique publique. L’exemple est donné par l’Etat à l’ensemble des collectivités territoriales partenaires du ministère des manières boutiquières et brutales avec lesquelles on peut abattre ou disposer des projets, des équipes, du travail et de l’histoire des lieux culturels. Dans un même mouvement, la Ville de Paris montre par son silence qu’elle préfère se défausser plutôt que de tenir sa place de capitale partenaire d’une promotion nationale des écritures contemporaines francophones ». Le SYNDEAC demande que la ministre revienne sur sa décision, change de méthode, et montre plus de considération pour ces deux projets.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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