C’est un évènement théâtral inédit que propose la directrice de La Reine Blanche : une série de pièces consacrées aux femmes scientifiques invisibilisées. Elisabeth Bouchaud est autrice, actrice, mais aussi physicienne, spécialisée dans l’étude de la mécanique de la rupture. Elle présente d’ici la fin de l’année, les deux premières pièces de sa série.
Les deux premiers textes mettent en lumière Lise Meitner et Jocelyn Bell. Lise Meitner, autrichienne, découvreuse de la fission nucléaire, au sortir de la première guerre, aux prises avec la seconde, qui l’oblige à s’exiler pour protéger sa vie, jusqu’à son dernier souffle en 1968. Jocelyn Bell est irlandaise travaillant à Cambridge, découvreuse du premier pulsar, est saisie dès 1968 dans ses premiers pas de chercheuse, jusqu’à son accomplissement professionnel et personnel en 2018. L’astrophysicienne est toujours vivante.
« Longtemps, les femmes scientifiques ont été invisibilisées, même si elles avaient fait des découvertes majeures,
qui ont parfois changé la face du monde » explique Elisabeth Bouchaud. « Privées des récompenses et de la reconnaissance réservées à leurs collègues masculins, elles ont été oubliées, évacuées de l’histoire des sciences ». A travers cette série, la directrice de La Reine Blanche souhaite leur rendre justice, en racontant leurs histoires, dans des pays et des contextes différents. En se penchant sur ces histoires, Elisabeth Bouchaud a constaté que le scénario est presque toujours le même : « une femme fait une découverte de grande valeur, en collaboration ou en compétition avec un ou plusieurs hommes ; ces hommes se battent pour être reconnus à leur juste valeur, les femmes sont oubliées, voire mises à l’écart, et elles pardonnent…»
Il ne s’agit pas pourtant de brocarder ces hommes poursuit Elisabeth Bouchaud. « Ils ne sont pas particulièrement mauvais, ils sont simplement englués, comme les femmes elles-mêmes, dans un système qui met ces dernières systématiquement à l’écart ». Lise Meitner avait le malheur d’être juive, à Berlin, sous le régime nazi, Jocelyn Bell n’était qu’une étudiante au moment de sa découverte et Rosalind Franklin (qui fera l’objet d’une pièce future est morte avant que soit décerné le prix Nobel pour la mise au jour de la structure de l’ADN. « On peut s’accrocher à ces détails pour justifier, au cas par cas, leur mise à l’écart : la série nous montre, au contraire, qu’il faut en chercher la cause dans l’organisation sociale » conclue Elisabeth Bouchaud.
Série théâtrale
Épisode 1 : EXIL INTÉRIEUR (LISE MEITNER) | Du 16 novembre au 28 janvier
Épisode 2 : PRIX NO’BELL (JOCELYN BELL) | Du 15 décembre au 5 février
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