June Events annulé, l’équipe de de l’Atelier de Paris/CDCN s’est battue pour proposer une édition décalée de 3 mois intitulée INDISPENSABLE !. Anne Sauvage, sa directrice fait le point.
Quels ont été vos rapports avec les artistes durant cette période entre confinement et annulation ?
Nous avons été en lien quotidien, permanent, et je dirais que contrairement au vide qui s’était imposé à nous, ce fut à l’inverse une période très intense dans la relation et le dialogue avec les artistes. Nous sommes concentrés sur les questions essentielles. D’abord pour prendre des nouvelles de leur santé, de leur moral, car l’arrêt total des activités artistiques avait été brutale, de leur travail et de leur situation… Ensuite, pour rester en échange autour du festival June Events qui devait célébrer en juin dernier les 20 ans de l’Atelier de Paris, de son maintien ou de son annulation… et finalement du report de tous les spectacles sur 3 temps différents. Il ne fut pas simple de retrouver de nouvelles dates de représentation dans un délai aussi court… Mais le plus complexe fut de retrouver de nouvelles périodes de résidences et les moyens de les financer pour que les projets de création puissent aboutir. Anticiper la reprise et trouver des espaces de travail disponibles est vite devenu une question centrale. C’est pourquoi en plein confinement, nous avons créé « StudioD », une plateforme solidaire de mise à disposition de studios de danse où les compagnies peuvent trouver les disponibilités restantes dans une cinquantaine de lieux en France. Nous sommes restés aussi très proches des artistes qui intervenaient pour l’Atelier de Paris au sein des parcours d’éducation artistique et culturelle en lycée, au collège, à l’école… Toute l’équipe s’est mise à imaginer avec eux comment poursuivre à distance les projets et maintenir le contact avec les élèves, les personnes engagées dans les projets et les équipes pédagogiques. Nous avons même tourné des films de danse dans leurs établissements désertés : des œuvres artistiques témoignant des questions de composition chorégraphique, de rapport à l’architecture, mais aussi de la relation à l’autre, à la mémoire… autant d’invitations à retrouver et à ré-habiter ses espaces !
Cette édition reprend les grandes lignes de June Events ?
Si pour INDISPENSABLE nous avons dû réduire le nombre de spectacles et la durée du festival comparé à June Events, nous avons tenté de préserver pour ce rendez-vous de rentrée l’esprit du festival. Les soirées sont comme toujours construites sur le principe d’un double programme réunissant jeunes talents et compagnies plus renommées en espérant que la notoriété des uns puisse aider à la découverte des autres. La relation danse-musique constitue toujours un fil rouge qui traverse toute la programmation. Parmi toutes les passerelles internationales qui s’étaient construites pour June Events celles avec la Belgique ont été intensifiées pour septembre allant même jusqu’à constituer l’axe fort du festival en partenariat avec le Centre Wallonie Bruxelles. Avec l’équipe du CWB, nous avons aussi imaginé deux jours de rencontres professionnelles composées de rencontres pour que les artistes et les programmateurs puissent enfin se retrouver « en chair et en os ». La programmation a été enrichie plus que d’habitude par des spectacles et performances qui seront jouées en extérieur dans divers endroits du Bois de Vincennes (Cartoucherie, Parc Floral, Jardin de l’Ecole du Breuil et Jardin d’agronomie tropicale) et qui sont gratuites pour le public. Enfin, nous investirons des lieux de patrimoine comme la Conciergerie pour la création de Noé Soulier avec Monuments en Mouvement.
Il y a des noms familiers comme Thomas Hauert ou Nacera Belaza. Et des nouvelles têtes ?
J’avoue que je ne me suis pas posée la question en ces termes ! S’il est important pour nous de favoriser le repérage de nouvelles générations de chorégraphes, il est également essentiel de soutenir des parcours d’artistes. Et lorsque que nous nous engageons auprès d’eux, c’est souvent sur 3 créations… Aujourd’hui, la programmation de ce rendez-vous inédit – INDISPENSABLE ! – fait partie d’un tout aux côtés de la « saison en création(s) » qui est intrinsèquement liée à nos résident.e.s et de la prochaine édition de June Events qui aura lieu en mai 2021. Alors entre fidélités et découvertes… Le public pourra retrouver les créations des chorégraphes Thomas Hauert, Nacera Belaza (en avant-première), Ayelen Parolin dont les nouveaux spectacles sont présentés à Paris. Il pourra retrouver également Carolyn Carlson, fondatrice du lieu. Dans la relation danse et musique, il pourra se laisser emporter par Lotus Edde khouri et Christophe Macé, Romain Bertet, Liz Santoro et Pierre Godard… C’est Filipe Lourenço qui clôturera le festival avec Gouâl revisitant l’alaoui – danse traditionnelle marocaine – dont la musicalité est entièrement portée par les interprètes.
L’économie du festival est-elle mise à mal par ces jauges de moitié ?
La billetterie est une donnée importante pour tout festival. Dans le cas de l’Atelier de Paris qui travaille sur des jauges moyennes (de 124 à 300 places), il faut toutefois relativiser son impact et il est plus juste de regarder plus précisément comment est financé le festival. June Events s’est beaucoup développé ces dernières années grâce à la confiance de nos partenaires, mais aussi grâce aux recettes propres que nous réunissons chaque année et qui proviennent essentiellement de la location d’espaces. Or, la crise du COVID a entraîné la perte de la quasi-totalité des recettes de location sur 2020, une perte importante des recettes relatives à la formation professionnelle et le retrait de notre mécène. Ce sont donc ces pertes de recettes propres – par nature variables – qui sont plus dangereuses pour l’économie du festival et qui refont surgir les problématiques du financement global du CDCN.
Qu’avez-vous envie de dire aux spectateurs hésitants ?
Je voudrais lui dire que nous mettons tout en œuvre avec les équipes pour l’accueillir dans le respect des normes sanitaires et assurer sa sécurité. Le port du masque est désormais obligatoire en salle (mais les spectacles ne sont pas si longs), du gel hydro alcoolique est mis à disposition du public, les espaces sont organisés pour respecter la distanciation sociale… Mais je voudrais lui dire avant tout, que le temps de nos retrouvailles est venu. Qu’il est temps de retrouver le chemin des théâtres et le sens du partage, ensemble. Que malgré les contraintes, l’esprit convivial de ce lieu de la Cartoucherie est bien présent, que les artistes et les équipes l’attendent, et que nous l’accueillerons avec joie !
Propos recueillis par Philippe Noisette _ www.sceneweb.fr
INDISPENSABLE ! du 5 au 13 septembre, Cartoucherie de Vincennes
www.atelierdeparis.org
5 & 6 septembre Gwenaël Morin
8 septembre Danya Hammoud / Nacera Belaza
9 & 10 septembre Noé Soulier
10 septembre Thomas Hauert
Florencia Demestri & Samuel Lefeuvre
11 & 12 septembre Romain Bertet
11 septembre Ondine Cloez · Ayelen Parolin
12 septembre Liz Santoro & Pierre Godard
Lotus Eddé-Khouri & Christophe Macé · Carolyn Carlson
13 septembre
Ondine Cloez · Gaëlle Bourges & Alice Roland · Filipe Lourenço
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !