Alors qu’Edouard Philippe a annoncé le vendredi 13 mars que tous les rassemblements de plus de 100 personnes étaient désormais interdits, les professionnels du spectacle vivant, public comme privé, demandent la création d’un fonds de soutien pour le spectacle vivant et une révision des conditions d’indemnisation des intermittents. Ils se tournent avec une certaine confiance vers l’Etat pour absorber la crise en cours et préparer l’avenir.
Après l’annonce du Premier Ministre d’interdire tous les rassemblements de plus de 100 personnes, l’heure est aux fermetures dans le théâtre public, comme dans le privé. « On va vers une fermeture générale« , affirme Robin Renucci, directeur de l’ACDN (Association des Centres Dramatiques Nationaux). « Et la continuité même de l’activité de nos établissements est menacé, puisqu’on ne peut plus non plus travailler avec les scolaires et les universités« . « Les théâtres de petite jauge vont peut-être rester ouverts« , suppose Philippe Chapelon, délégué général du SNES (Syndicat National des Entreprises de Spectacle), « mais ce serait sans compter avec les craintes du public. Avant les annonces de jeudi soir, les recettes de billetterie avaient déjà fondu de 70%« .
La situation est donc pour le moins critique pour le secteur et on ne pourra pas trop compter sur les assurances pour dédommager les annulations de spectacles. « On prend des assurances annulation pour les gros concerts avec des vedettes« , explique Philippe Chapelon. « Mais les cas d’épidémies sont souvent exclus et les spectacles ne sont souvent pas assurés« . La solution de reporter les dates étant par ailleurs limitée – « on ne peut pas tout reporter en octobre » – c’est bien de mesures exceptionnelles dont le spectacle vivant a besoin.
« Quoi qu’il en coûte »
L’Etat se retrouve donc en première ligne et le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron répété à maintes reprises lors de son intervention télévisée du 12 mars rassure nos interlocuteurs sur le fait qu’il répondra présent. Pour Philippe Chapelon, il faut bâtir un plan d’urgence et de solidarité, pour Robin Renucci, un fonds de soutien pour le spectacle vivant. Peu importent les termes, public et privé sont bien d’accord sur la nécessité de prendre des mesures d’urgence pour surmonter la crise sanitaire et permettre une relance de l’activité lorsque celle-ci sera passée.
Sur les modalités, tous deux vont également dans le même sens. A commencer par la nécessité de ne pas prendre en compte que les lieux. « La DGCA (Direction Générale de la Création Artistique) nous a annoncé que l’aide serait centrée sur les lieux » explique Robin Renucci, « ce qui nous donne encore davantage le devoir de prêter attention aux compagnies et aux intermittents« . Pour ces derniers, Robin Renucci et Philippe Chapelon en appellent de concert à une révision des conditions d’indemnisation de l’UNEDIC (allongement de la période de calcul des droits ou abaissement du nombre d’heures nécessaires). Le dégel immédiat des crédits du budget 2020 étant une autre piste avancée par le directeur de l’ACDN.
Climat de confiance
Enfin, les deux représentants réclament des délais pour les paiements des diverses cotisations. « Mieux vaut des dettes sociales que des dettes individuelles « , conceptualise ainsi Robin Renucci. Et Philippe Chapelon de renchérir : « au SNES, il y a 300 entreprises de spectacles, mais beaucoup sont petites, ont moins de dix salariés. Et il y a aussi de nombreuses compagnies, à l’économie fragile. Pour eux, il faut obtenir des délais de paiement des taxes type SACD, SACEM. Audiens a déjà mis en place un système de report« .
Si le sentiment d’urgence est fort, aucune réserve n’apparaît quant à la légitimité des mesures annoncées. « On est abasourdi, mais on a conscience que ce sont les mesures de santé qui priment« , confirme Philippe Chapelon. Et aucun doute non plus sur le fait que l’Etat sera à la hauteur du défi. Si aucun rendez-vous précis n’a encore été fixé pour décider de concert de ces mesures d’urgence, la communication est continue avec le Ministère. Cette crise démarre donc dans un relatif climat de confiance.
Eric Demey – www.sceneweb.fr
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