« Aucun élément objectif ne nous permet de prendre la décision d’annuler le Festival d’Avignon 2020 » faisait savoir hier soir la direction dans un communiqué, Olivier Py devrait en dire plus demain. Alors qu’à l’étranger, les annonces d’annulation de grands festivals internationaux se multiplient, les acteurs de la saison estivale française restent pour l’heure dans l’ensemble suspendus à la prise de position de l’État. Qui tarde à venir. De plus en plus nombreuses, des voix s’élèvent toutefois en faveur de l’annulation des événements de l’été.
« Je suis en colère 😡 d’entendre tout ce qui se passe et que nous sommes encore en train de réfléchir si Avignon doit avoir lieu ou pas ou peut-être de manière aménagée !!! Que veut dire le mot aménagé ? Mais arrêtons de rêver… Combien de spectateurs vont venir pour voir plus de 1500 spectacles dans cette période de guerre ou après-guerre sanitaire ? Dans une ville confinée à plus de 35°C en plein été ? (…) ». Dans ces phrases qui ouvrent son message posté sur sa page Facebook le 4 avril, on sent bien l’urgence, la sidération qui poussent le comédien, metteur en scène et producteur Renato Ribeiro à prendre le clavier. Si lui-même est très concerné par l’avenir de la prochaine édition du Festival Off d’Avignon, c’est par inquiétude pour l’ensemble de la profession qu’il s’exprime.
Depuis une semaine environ, d’autres voix font écho à la siennes. Et cherchent à s’unir afin de susciter une prise de position de l’État, qui brille pour le moment par son silence. Ce qui, déplore le président de la Fédération des Arts de la Rue Jean-Luc Prévost, n’est pas nouveau. « Il aura fallu attendre qu’il attrape le coronavirus pour qu’on apprenne que l’on a un ministre de la culture », ironise-t-il. Car si Avignon est au cœur des inquiétudes, c’est la tenue de l’ensemble des festivals d’été qui est menacée, et remise en cause par certains acteurs du spectacle vivant.
Festivals en quête d’État
La question des festivals d’été se pose avec une acuité particulière pour les arts de la rue, dans la mesure où « les compagnies étrangères sont souvent très nombreuses dans les festivals d’été, qui constituent pour notre secteur la quasi-totalité d’une saison », dit Jean-Luc Prévost. Or, regrette-t-il, « nous n’avons été consultés par personne au niveau du gouvernement, qui est beaucoup plus fort en matière de restriction des libertés qu’en ce qui concerne l’organisation concrète de l’après. Au sein de la Fédération, nous souhaitons donc une prise de position rapide ». En attendant, cette dernière en appelle à la solidarité de tous les maillons de la chaîne du spectacle vivant. « Artistes, technicien·nes, personnels administratifs, de production, permanent·es, stagiaires, services civiques : payons. Et nous enverrons la facture à l’État », lit-on dans un communiqué daté du 26 mars.
Guy-Pierre Couleau, Président du Syndicat National des Metteurs en Scène a écrit à Franck Riester pour lui demander de « communiquer des précisions relatives d’une part, à la question du maintien du festival d’Avignon et, le cas échéant, aux modalités techniques de prise en charge des répercussions économiques engendrées par tout aménagement de la tenue de celui-ci. »
La position qui se dessine dans le milieu du cirque, discipline elle aussi très estivale, est proche. Le Syndicat des Cirques et Compagnies de Création incite ses membres à l’attitude qu’espère des siens la Fédération des Arts de la Rue. L’association Territoires de Cirque, qui rassemble près de cinquante structures engagées dans le soutien à l’émergence, la création et la diffusion du cirque, va quant à elle se positionner lors d’une assemblée générale ce mercredi 9 avril. C’est donc pour le moment en son nom propre s’exprime que son président Philippe Le Gal, également directeur du Carré Magique, Pôle National des Arts du Cirque en Bretagne. « Au regard de l’investissement que représentent les festivals d’été pour les compagnies de cirque, il me semble que la meilleure solution est leur annulation. Avec remboursement pour tous les lieux qui peuvent se le permettre. Je pense que chaque structure devra aller au maximum de ses capacités d’accompagnement des artistes, sans craindre le déficit sur 2020. Par décret, l’État doit nous garantir une sécurité sur ce point. Et rapidement, car plus nous différons toute décision, plus il sera difficile de réunir les conditions d’une rentrée correcte à l’automne ».
Avignon au cœur du débat
Revenons à Avignon. Car c’est là que se concentre une grande partie de l’attention, des colères et crispations des acteurs du spectacle vivant. En plus des voix isolées comme celle de Renato Ribeiro, une parole plus collective est portée par la fédération des compagnies du spectacle vivant Les Sentinelles, créée en 2018 par des compagnies – elles sont aujourd’hui au nombre de 50 – afin de « militer pour une évolution du Festival d’Avignon. Pour davantage de dialogue entre le In et le Off, ainsi qu’entre les théâtres et les artistes », explique le comédien et metteur en scène Jean-Christophe Dollé. Dans l’objectif de protéger les compagnies, Les Sentinelles ont écrit une lettre ouverte au Ministre de la Culture Franck Riester pour que « l’État et les pouvoirs publics prennent d’urgence position sur la tenue du prochain Festival d’Avignon ». Leur crainte majeure étant, nous dit notre interlocuteur, « que des décisions soient prises pour le In mais que le Off soit laissé à lui-même. Si l’État ne légifère pas, les différents théâtres vont agir au coup par coup, et chacun selon son idée ».
Comme Renato Ribeiro, qui compte s’associer à elle et proposer un soutien aux compagnies du Off, Les Sentinelles attendent une prise de position de la part de l’association AF&C qui édite le programme du Off et a « pour but de lutter contre l’exclusion de l’emploi des artistes et soutenir la création au festival Off d’Avignon ». « Compagnies et théâtres n’ont eu aucune nouvelle de sa part, hormis concernant le délai d’une semaine pour la cotisation et l’envoi des informations nécessaires au programme ». Le président d’AF&C, Pierre Beffeyte, affirme « ne pas pouvoir prendre de décision ». « C’est collectivement, avec le Ministère, que nous pourrons le faire. Je crois qu’il faut lui laisser le temps de gérer cette situation inédite. Il ne sert à rien de lui mettre la pression, c’est une réaction immature », dit celui qui envisage tous les scénarios possibles.
L’occasion d’un changement structurel ?
Selon un sondage réalisé par AF&C auprès des théâtres, seules 4 % des compagnies prévues ont à ce jour décidé de renoncer à leur venue à Avignon, tandis que 8 % disent ne pas savoir encore. Un résultat qui encourage Pierre Beffeyte dans une attente que Les Sentinelles jugent dangereuse. « Car les compagnies en création continuent d’engager des frais. Et que plus ils seront prévenus tôt, plus les artistes pourront chercher des solutions pour rebondir ». Certains théâtres soutiennent la position de la fédération, et s’expriment sur leur page Facebook. À la tête du théâtre Notre-Dame, Dominique Lafont a par exemple décidé de faire une saison blanche. « Même si ce choix est lourd pour nous de conséquences économiques, je considère qu’il en va de notre responsabilité de reporter tous les spectacles à l’année prochaine. Cela aussi bien d’un point de vue sanitaire qu’éthique, pour protéger les artistes ». Elle espère une réaction collective dans ce sens. Les Sentinelles vont plus loin : ils envisagent la tenue d’états généraux du Off, annonce Jean-Christophe Dollé, « en vue de l’évolution à laquelle nous œuvrons depuis notre création. La situation est peut-être l’occasion d’une remise à plat globale ».
Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr
Fidèle spectateur du Festival depuis dix ans, je tiens à partager avec vous le sentiment d’écœurement et d’incompréhension que provoque le message d’annonce de la programmation prévue le 8 avril.
Ils ont écrit « Aucun élément objectif ne nous permet de prendre la décision d’annuler le Festival d’Avignon 2020 ».
Voici donc quelques éléments qui auraient pu (dû?) leur provoquer le désir d’appliquer le principe de précaution, la décence de douter, juste un signe qui montre qu’ils savent qu’un festival qui réunit des milliers de personne dans les rues, dans les salles, est un facteur de de propagation de ce « nouveau virus » qui met toute l’humanité en suspens.
Quelques éléments objectifs:
– Annulation de festivals et reports, dont l’annulation du Fringe en Ecosse, annulation du Festival de Bayreuth.
– 9000 morts en France (à ce jour)
– 600 Morts par jours en France
– 4 milliards de personnes confinées dans le monde
– 73 000 morts du virus dans le monde
VL
Il y a une indécence à parler festival alors que le nombre de morts continue son ascension.
Même si ces événements doivent se préparer bien en amont.
Oui, enfin indécence, je ne crois pas… On parle quand même d’une économie qui rapporte plus que le secteur automobile en France et de toute ses retombées. Certainement pour des questions d’assurance, Avignon ne peut pas annoncer l’annulation sans décret. Mais ça va venir !
Les responsables du festival ,respecter la situation actuelle ,vous parlez trot pour ne rien dire
C est au président du festival de prendre ses responsabilités ,et il vaudrait mieux que ça se fasse rapidement car M.Py est assis sur un siège éjectable…
Chers Scèneweb,
On adore votre site. Mais franchement, un peu de sérieux dans vos « enquêtes » : franchement aller consulter madame Lafont et son théâtre mercantiliste (notre Dame, un des pires du OFF) qui n’avait pas trouvé à vendre ses mauvais créneaux jusqu’à ce que le Coronavirus lui sauve sa saison, faire de la pub à d’obscurs « sentinelles » qui ne représentent rien ni personne de sérieux du spectacle vivant -des « gilets jaunes » de l’intermittence en quelque sorte, des exclus des bons banquets de la Culture officielle, aigris et hargneux… Svp soyez journalistques, puisque vous vous revendiquez de cette déontologie : ne laissez pas parler n’importe qui, sourcez vos infos, renseignez-vous sur la « qualité » de vos interlocuteurs et exemples avant de céder aux sirènes du buzz médiatique. Merci !
Il est normal que Py parle du festival : il fait son boulot ! Il n’est pas médecin . En effet il est peu probable que le in ait lieu étant donné la situation mais qu’il essaie de toutes ses forces de trouver un moyen et de garder l’espoir que la catastrophe soit évitée est légitime. Ce n’est pas seulement son poste ou sa peau qu’il tente de sauver mais celle des compagnies, de la ville etc.. il devrait capituler immédiatement ?? On le lui reprocherait à bon droit. Quant au off .. c’est vrai qu’on n’a pas de nouvelles, ni du ministre ce qui est profondément regrettable . Je vais au festival depuis plus de 20 ans in et off ..
En effet, Py peut parler du In ; par contre, était-il obligé de parler de « courage » en évoquant la possibilité de le faire ? Où serait le courage à faire prendre le risque d’un retour de l’épidémie (si par magie le covid19 était derrière nous en juillet) ? Quid des compagnies programmées dans le In qui viennent du bout du monde dans ce contexte compliqué ? Rien. Pas un mot. Pas un mot non plus sur le off dans lequel il a démarré…
Faustine St-Pierre, alias Eleonor Zastavia alias le Bruit du Off, alias Inferno, alias Marc Roudier…. Vous êtes tellement nombreux dans votre tête que chacun de vos commentaires plus haineux les uns que les autres sont rédigés à la première personne du pluriel. Vous devriez profiter du confinement pour vous soigner.
Faustine Saint-Pierre La manière dont vous parlez des Sentinelles est juste ignoble et d’un petit mépris minable, miteux. ( Et je précise ici que je ne suis pas membre des Sentinelles) Mais plus encore votre expression » les gilets jaunes de l’intermittence » est à vomir ! Quel mépris, vous savez ce qu’ils vous disent les gilets jaunes. Votre prose de caniveau est du niveau du Point ou pire encore de Lucien Rebatet ou Brasillach en 41 ou 42.
« Faustine St-Pierre » est l’un des nombreux pseudos d’un pauvre type haineux dont la principale occupation est de jeter son venin sur tout ce qui bouge…