Un décret gouvernemental devrait dans les 48h préciser les mesures d’urgence pour le spectacle vivant. Des questions restent en suspens au terme d’une réunion en visioconférence entre les syndicats, le Ministère de la Culture et des représentants du Ministère du Travail qui s’est tenue mercredi 2 avril. Pour ce qui est de l’avenir plus lointain, c’est la grande inconnue.
Pour le monde du spectacle vivant, il y a trois temporalités. Celle de l’urgence immédiate, accélérée par la venue du mois d’avril et les questions relatives à l’actualisation des intermittents auprès de Pole Emploi . Une seconde, qui est celles des semaines à venir, de la poursuite du confinement et surtout de l’impossibilité d’exercer leur travail pour les artistes et techniciens du secteur, période que l’on imagine de plus en plus s’étendre sur l’été. Enfin, une troisième, à la temporalité imprévisible, qui est celle de la reprise des activités dont les conditions devront être elles aussi définies.
La réunion qui s’est tenue en visioconférence ce mercredi 2 avril, réunissant syndicats du spectacle vivant, syndicats de salariés du spectacle vivant et représentants du Ministère de la Culture et du Travail, n’a pu aborder que les questions de l’urgence immédiate. Car si beaucoup concèdent que les choses ont avancé de manière positive depuis le début de la crise liée au Covid-19, de nombreuses questions restent en suspens.
« C’est acquis que les structures publiques honoreront leurs contrats et que les structures privées peuvent avoir recours à l’activité partielle, explique ainsi Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacles. Mais il reste beaucoup de questions pour lesquelles nous n’avons toujours pas reçu, à l’issue de cette réunion, de réponse précise ».
Valeur des cachets et rectifications des déclarations
Car si les principes sont clairs, en effet, leur mise en pratique paraît rester compliquée. Le Ministère de la Culture a d’ailleurs mis en place une cellule d’information destinée à aider les professionnels. « Le dispositif d’activité partielle n’est pas clair, poursuit Denis Gravouil, et les employeurs le trouvent difficile d’accès ». Mais surtout, certains détails pouvant être d’importance pour les salariés n’ont pas encore été réglés.
« Par exemple, on ne sait pas quelle sera la valorisation des cachets pour le calcul des heures des intermittents dans le cadre de l’activité partielle. Il est question qu’ils ne soient valorisés qu’à hauteur de spet heures, au lieu de douze ! On a demandé aussi à ce que le dispositif d’activité partielle soit accessible dans le cadre du GUSO et qu’on accompagne les employeurs pour monter leur dossier. Ce sont souvent des associations ou des collectivités peu rompues à cela. On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi le gouvernement n’a pas mis en place le même système que pour pour le CESU (NDLR : chèques emploi service pour l’emploi par des particuliers). Enfin, comme beaucoup d’employeurs n’ont pas encore pu déclarer l’activité partielle, on demande à ce que les intermittents aient droit exceptionnellement à une période allongée pour la rectification de leur déclaration d’heures pour le mois de mars. Sinon, en cas de changements, leurs dossiers risquent de se retrouver bloqués.»
Sur tous ces points, réponses à venir dans les 48h a-t-il été convenu, dans un décret concernant plus largement l’activité partielle et l’assurance chômage.
Le dialogue jusqu’à quand ?
Pour le plus long terme, l’hypothèse de l’annulation des festivals de l’été s’étant renforcée depuis l’annonce du festival d’Edimbourg, on s’oriente de plus en plus probablement, pour Denis Gravouil, vers « une grosse crise ».
« C’est là qu’il va falloir parler de politique publique. Nous, on n’a pas de solution toute faite, mais il est clair qu’il risque alors d’y avoir deux visions du monde qui s’affrontent. Que le Centre National de la Musique, par exemple, s’allie aujourd’hui à Spotify pour lancer un appel aux dons, ce n’est pas notre vision des choses. Mais pour l’instant, il s’agit de gérer l’urgence. »
Les inévitables différents sont donc remis à demain et les acteurs de cette réunion ont convenu de se retrouver chaque mercredi pour un « bureau hebdomadaire » en visioconférence. Pour le moment, le dialogue est encore de mise.
Eric Demey – www.sceneweb.fr
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