A partir du samedi 17 octobre, et pour au moins quatre semaines, les salles de spectacles des métropoles d’Aix-Marseille, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Rouen, Saint-Etienne, Toulouse et de l’ensemble de la région Île-de-France devront fermer leurs portes à 21 heures. Une mesure qui va obliger les professionnels à s’adapter et à réagir au cas par cas.
Alors qu’il venait de reprendre son souffle et de se remettre en ordre de marche, le monde du spectacle vivant subit une nouvelle douche froide. Comme l’a annoncé Emmanuel Macron lors de son interview télévisée du mercredi 14 octobre, les théâtres seront logés à la même enseigne que les cinémas et les restaurants et soumis aux mesures de couvre-feu imposées dans les zones en état d’« alerte maximale » afin de lutter contre la pandémie de Covid-19. A partir du samedi 17 octobre, minuit, et pour au moins quatre semaines, les salles de spectacles des métropoles d’Aix-Marseille, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Rouen, Saint-Etienne, Toulouse et de la région Île-de-France devront donc fermer leurs portes à 21 heures. « C’est une catastrophe absolue, résume le président du Syndeac, Nicolas Dubourg. Dans les métropoles concernées, cette mesure administrative radicale entraînera l’arrêt de la plupart des représentations. »
De son côté, le Président de la République s’est voulu plus rassurant. « On va essayer d’aider au maximum les théâtres, les cinémas, à avoir des reprogrammations. Organiser les choses pour pouvoir y aller un peu plus tôt », a-t-il souligné. Une idée que Nicolas Dubourg accueille avec scepticisme : « Jouer en matinée revient à jouer seulement les week-ends ou à exclure, en semaine, les personnes qui travaillent car, entre leurs horaires et leur vie de famille, les gens ne pourront pas se rendre au spectacle. Dans les villes concernées, c’est tout un service public qui est mis à mal. » D’autant que la mesure pourrait aussi constituer un frein psychologique et dissuader les spectateurs de se rendre, à toute heure, dans les salles.
Dans les jours à venir, les professionnels vont devoir phosphorer et trouver rapidement des solutions, au cas par cas. « Dans les théâtres avec une double programmation, à 19 heures et à 21 heures, par exemple, il va irrémédiablement y avoir des suppressions, anticipe Philippe Chapelon, délégué général du Syndicat national des entrepreneurs du spectacle (Snes). Mais des solutions peuvent être imaginées, comme une alternance des deux spectacles à 19 heures, si jamais ils ne durent pas trop longtemps. » Ce sera notamment le cas au Théâtre de l’Atelier où son directeur, Marc Lesage, envisage de programmer un seul spectacle, les soirs de semaine, à 18h30. « Nous sommes partis sur l’idée de jouer On purge bébé en début de semaine et Crise de nerfs en fin de semaine, le tout accompagné de double représentations le week-end, détaille-t-il. Ce test comporte de gros risques car on ne sait pas si les spectateurs pourront suivre. »
Certains lieux évoquent aussi des représentations très tôt le matin, ou encore une multiplication des propositions le week-end. « Dans tous les cas, il est important que les producteurs et les équipes artistiques qui en ont les moyens et la possibilité continuent afin que le monde du spectacle vivant ne s’arrête pas complètement dans les zones touchées, espère Philippe Chapelon. Il faut être combatif et ne pas baisser les bras, avec le soutien renforcé de l’Etat qui devra fournir des aides pour éviter les faillites. »
Tout en reconnaissant des « conséquences économiques pour les secteurs concernés », Emmanuel Macron a d’ores et déjà précisé que « le chômage partiel à plein, c’est-à-dire à 100% pour l’employeur, va être réactivé pour tous ces secteurs : hôtellerie, cafés, restaurants, tourisme, évènementiel, culture, sport. » Interpellée par Renaud Capuçon sur Twitter, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a, de son côté, assuré que des « mesures d’accompagnement indispensables » seraient mises en place pour « surmonter ensemble cette nouvelle épreuve ». Au vu de l’ampleur du choc, espérons qu’elles suffisent.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
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