La direction du Festival d’Aix-en-Provence a dévoilé ce matin la programmation de son édition 2021 qui se déroulera du 30 juin au 25 juillet. Répétés à huis-clos l’été dernier, Innocence, le nouvel opéra de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, et Le Coq d’or de Rimski-Korsakov, dans une mise en scène de Barrie Kosky, s’ajoutent à la programmation initiale, portant celle-ci à huit nouvelles productions et un opéra en version de concert. Trois spectacles seront donnés au Théâtre de l’Archevêché, contre deux habituellement.
Un large éventail d’époques et de styles seront ainsi représentés, depuis la musique baroque italienne,
avec Monteverdi, Cavalli et Rossi, jusqu’aux créations contemporaines, en passant par Les Noces de Figaro de Mozart, les deux géants de l’opéra du XIXe siècle : Wagner avec Tristan et Isolde, donné pour la première fois au Festival d’Aix-en-Provence, et Verdi avec I due Foscari et Falstaff ; sans oublier le XXe siècle et le répertoire russe avec Le Coq d’or.
La musique d’aujourd’hui, célébrée dans le cadre du cycle « Incises », est particulièrement à l’honneur, avec deux créations mondiales : Innocence, qui reconstitue les effets délétères d’un drame collectif ressurgi du passé ; et L’Apocalypse arabe, qui allégorise la terrible conflagration de la guerre du Liban – une tragédie sans fin à portée planétaire. Cet oratorio moderne du compositeur d’origine israélopalestinienne Samir Odeh-Tamimi, d’après le poème-fleuve prophétique de la poétesse et peintre américano-libanaise Etel Adnan, est à l’origine d’un partenariat avec la Fondation LUMA – Arles. Vibrant plaidoyer pour l’émancipation des femmes, Woman at Point Zero de la compositrice libanaise Bushra El-Turk est également donné en création française.
Résolument en prise avec les grands enjeux du monde contemporain, ces créations ne se bornent pas à en livrer un reflet inquiétant : mal-être du monde occidental privé de sens, cataclysme sans fin du Moyen-Orient ou précarité de la condition féminine. Leurs musiques qui mêlent langues et styles laissent entendre qu’un dialogue entre les cultures est possible, ferment d’un monde meilleur.
Le motif du désir traverse une large part de la programmation : faut-il s’y brûler ou le maîtriser ? Plus largement, la question des rapports parfois destructeurs qui s’instaurent entre les hommes et les femmes revient d’une production à l’autre. Artistes et metteurs en scène font néanmoins espérer l’avènement d’une société plus égalitaire, montrant des collectivités en larmes essayant de faire advenir une cité future plus lumineuse.
Les plus grands artistes ont été réunis pour faire honneur à ces œuvres : compagnons de route du Festival comme Sir Simon Rattle et le London Symphony Orchestra, qui font leur grand retour, ou Daniele Rustioni et le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon ; mais aussi nouveaux venus prestigieux tels que Simon Stone, Barrie Kosky – chacun « en résidence » pour deux créations –, Lotte de Beer et Silvia Costa ; ou encore Susanna Mälkki, Thomas Hengelbrock à la tête du Balthasar Neumann Ensemble et Sébastien Daucé avec l’Ensemble Correspondances.
Les femmes sont au cœur de cette édition, des compositrices Kaija Saariaho et Bushra El-Turk aux metteuses en scène Lotte de Beer et Silvia Costa en passant par les cheffes Susanna Mälkki et Kanako Abe et les librettistes ou inspiratrices Sofi Oksanen, Etel Adnan et Nawal El Saadawi. Woman at Point Zero est à cet égard exemplaire, porté par quatre artistes du continent africain – Bushra El-Turk, Laila Soliman, Stacy Hardy et Aida Elkashef – désireuses de faire entendre autrement la voix des femmes à l’opéra.
Tous ces opéras exigent les plus grands interprètes dans des rôles mythiques : Nina Stemme en Isolde, Christopher Purves en Falstaff, Dmitry Ulyanov en Tsar Dodon ou Leo Nucci en Francesco Foscari ; mais aussi les meilleurs chanteursacteurs constitués en troupes : Magdalena Kožená, Stéphane Degout, Sandrine Piau, Julie Fuchs, Lea Desandre, Lucile Richardot, etc.
La programmation sera dévoilée dans son intégralité en janvier prochain, confirmant une proposition toujours plus ambitieuse de concerts et de récitals qui met en perspective la programmation lyrique ; l’engagement très fort du Festival en faveur de la musique d’aujourd’hui avec le cycle « Incises » ; ou l’offre riche et diverse d’« Aix en juin », désormais entièrement gratuite. Seront également révélées les actions toujours renouvelées de l’Académie et de la Méditerranée en faveur de l’épanouissement professionnel des jeunes artistes ; et les projets pilotes du service éducatif et socio-artistique Passerelles. Entrant dans sa deuxième saison, #LASCÈNENUMÉRIQUE sera en prise directe avec le cœur battant du Festival, dont elle se veut la chambre d’écho et le contrepoint inventif.
Enfin, le Festival se prépare activement à accueillir le public dans les meilleures conditions possibles, pour lui permettre à nouveau de vibrer et réfléchir au contact de l’art le plus vivant : d’imaginer le monde de demain en rêvant d’un futur plus radieux.
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