Le festival de Mont-de-Marsan retrouve des couleurs flamenca après deux éditions contrariées. Rencontre à Séville avec la fine fleur du flamenco.
A Séville, la danse prend ses quartiers où elle peut, que ce soit un ancien magasin de meubles (les studios de Eva Yerbabuena à la périphérie de la ville) ou un sous-sol dans des ateliers désaffectés. La ville vibre en ce mois de juin quasi caniculaire. Pourtant les artistes reviennent -pour certains- de loin, privés durant des mois de spectacles ou de cours donnés à des étrangers de passage. Les confinements de 2020, puis les annulations dans la foulée ont laissé des traces. Surtout dans un pays sans réelle protection pour les artistes. Mais l’envie de se produire, comme sous peu à Arte Flamenco du côté de Mont-de-Marsan, est intacte.
« Tous mes spectacles sont une thérapie » confirme Eva Yerbabuena programmée au festival avec Al Igual Que Tu pour une dizaine d’interprètes. « Et le corps réagit à chaque fois de façon différente ». Elle affirme néanmoins que le confinement, d’une certaine façon, a stimulé sa créativité. Avec une scénographie aux allures de maison écroulée, cette pièce dit beaucoup de ces temps incertains. « Ma méthodologie de travail a été bouleversée par la crise sanitaire. Nous avions des résidences, des prêts de salle et tout s’est arrêté. J’ai dû prendre un autre chemin » confesse Eduardo Guerrero, un des grands danseurs actuels, vu aux côtés de Rocio Molina ou en solo. « J’ai ainsi travaillé par zoom. Il n’était plus possible de danser ensemble, alors tout est passé par la poésie et la musique. A la fin, nous avons pu nous réunir et aboutir. Mais la pièce s’est construite sur l’énergie du groupe retrouvé. Une renaissance ». Guerrero donnera à Arte Flamenco Debajo de los Pies. Il confie qu’une vraie solidarité est apparue durant les premiers temps de la pandémie. « Le flamenco est un monde où la jalousie existe, comme partout. On a mis celle-ci en veilleuse un temps ».
Cette entraide pour aider les plus fragiles des artistes, peu ou pas aidés, a permis de tenir le coup. Mais l’absence des touristes asiatiques venus prendre des cours à Séville ou Cadix représente un manque à gagner. De même que l’arrêt des tournées dans un pays comme la Russie. On a vu des danseurs vedette retrouver le chemin des tablaos, ces cabarets de ville. « Je pensais que ces confinements n’allaient pas avoir d’influence sur mon travail et au final je réalise que j’avais tort » témoigne Lucia La Pinona une des révélations du festival. « 7 mois sans être sur scène, je n’avais jamais connu cela ! ». Pour cette danseuse flamboyante, le flamenco reste la voix de son époque, comme le rock ou le rap plus récemment. Elle infuse d’ailleurs sa danse de pop psychédélique. Lucia ne sait pas encore si cette solidarité récente va durer, elle en doute. A ses yeux, c’est néanmoins le bon moment pour être une femme dans le milieu flamenco.
A l’instar de Patricia Guerrero qui ouvre Arte Flamenco avec Deliranza, Lucia La Pinona revendique une grande capacité de travail. Et un amour immodéré pour son art. Dont elle porte haut les couleurs changeantes.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Arte Flamenco du 27 juin au 2 juillet
www.festivalarteflamenco.frPATRICIA GUERRERO
DELIRANZA
LUNDI 27 JUIN – 20 h – CAFÉ CANTANTELUCÍA LA PIÑONA
ABRIL
MARDI 28 JUIN – 20 h – CAFÉ CANTANTE
ARGENTINA
HÁBITAT
MARDI 28 JUIN – 20 h – CAFÉ CANTANTE
PACO JARANA
FLAMENCORIO
MERCREDI 29 JUIN – 20 h – CAFÉ CANTANTE
EDUARDO GUERRERO
DEBAJO DE LOS PIES
MERCREDI 29 JUIN – 20 h – CAFÉ CANTANTE
RAFAEL CAMPALLO
PURO
JEUDI 30 JUIN – 20 h – CAFÉ CANTANTE
PEDRO EL GRANAÍNO Y GUADIANA
LEYENDA
JEUDI 30 JUIN – 20 h – CAFÉ CANTANTE
EVA YERBABUENA
AL IGUAL QUE TÚ
VENDREDI 1ER JUILLET – 20 h – CAFÉ CANTANTE
RAFAEL RIQUENI
HERENCIA
HERENCIA
SAMEDI 2 JUILLET – 17 h – THÉÂTRE LE MOLIÈRE
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