La pièce écrite par Frédéric Tokarz et reprise au Ciné 13 théâtre (après un premier succès au Théâtre des Mathurins il y a deux ans) est d’actualité. Sur fond de crise, de grèves (il n’y a plus de trains, plus de métros), de mouvement social, quatre individus cherchent à se loger. Il y a un jeune couple (Julia Maraval et Frédéric Tokarz) dont le mari vient d’être promu et va être contraint de venir travailler «à la ville », une jeune femme célibataire (Emma Colberti), et un chef d’entreprise (Philippe Hérisson). Ils ont tous flashé sur une petite annonce immobilière et se donnent rendez-vous dans l’appartement. L’agent immobilier ne viendra jamais, alors leurs destins vont se nouer, des cicatrices vont s’ouvrir pour certains…autour d’un canapé laissé par les locataires précédents.
Ce qui lie tous ces personnages, c’est une sorte de volonté de survivre, de donner un sens à leur vie, de se raccrocher à cet appartement, à ce bien locatif. Dehors la colère gronde mais les quatre personnages n’ont qu’une idée en tête, écrire une page de leur existence. Ce bien devient pour chacun d’eux une ardente nécessité. Leur égoïsme ne leur fait pas écouter les cris des manifestants. Leurs seuls soucis : se loger et attraper un dernier train…Le quotidien finalement de beaucoup de français…
Frédéric Tokarz a écrit une pièce réellement ancrée dans la société d’aujourd’hui, avec e couple de français moyen qui débute dans la vie active, la célibataire trentenaire à l’aise, et le chef d’entreprise odieux qui se croit tout permis, une belle galerie de portraits. Il a su également créer de l’intensité dramatique, avec des histoires qui s’entremêlent. L’écriture est efficace et les caractères des personnages sont très bien ciselés. Julie Maraval – la jeune mariée, enceinte – est formidable. Elle joue avec malice une épouse qui attend que son mari a le dos tourné pour fumer, pour devenir elle-même. Mais le rôle le plus fascinant est celui tenu par Philippe Hérisson. Chef d’entreprise sans pitié, colérique avec ses collaborateurs, il cache au fond de lui une blessure immense. Il a en fait totalement raté sa vie. Sa femme l’a abandonné et il a tout fait pour que ses enfants le détestent. Philippe Hérisson – qui avait porté au début de l’année le « Trahisons » de Pinter dans la mise en scène de Serge Oteniente aux Déchargeurs est remarquable.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
A VOIR ABSOLUMENT
Une pièce de Frédéric Tokarz
Avec Emma Colberti
Julia Maraval
Philippe Hérisson
Frédéric Tokarz
Mise en scène de Nicolas Lartigue
Scénographie : André Acquart
Lumières : Nicolas Gilli
Assistante et costumes : Cendrine Orcier
Durée: 1h30
Du 29 septembre 2010 au 8 janvier 2011
Du mercredi au samedi à 21h30
Le dimanche à 15h30
Réservations : 01 42 54 15 12
Ciné 13 Théâtre
1 avenue Junot – 75018 Paris
MÉTRO LIGNE 12 : « ABBESSES » OU « LAMARCK CAULAINCOURT »
J’avais vu l’année dernière aux mathurins et j’avais simplement pensé que le titre était tout à fait approprié ( le texte, l’interprétation )