Dans la petite salle Mehmet Ulusoy, Nicolas Struve met en scène sa nouvelle création, « À nos enfants » jusqu’au 12 mars. Un spectacle qui se veut une sorte de questionnement sur le retour en enfance (c’est en tout cas l’une des hypothèses que l’on peut faire à la lecture du charabia de Nicolas Struve qui remplit la feuille de salle), mais bien vite, cela s’avère être aussi abscons que le propos qui l’accompagne, et les comédiens qui s’auto-incarnent n’intéressent qu’eux mêmes.
S’il y a un problème, il vient en premier lieu du texte. Produit d’une écriture collective, il ne parle pas au public, à l’exception de quelques traits d’humour trop rares pour susciter l’intérêt global. Probablement centré sur l’expérience personnelle de ceux qui le composent (une actrice ne dit-elle pas « il y a très peu de temps que j’aime mon enfance » ?), l’universalité fait défaut au spectacle. Celui-ci vire bien vite à la psychanalyse de groupe sans jamais s’assumer comme telle. On peut même se questionner sur l’absence très visible des interrogations inhérentes à l’inconscient dans un spectacle qui se dit sur les liens connectant les humains et invitant à un nécessaire refuge dans l’enfance face à la violence du monde.
Mais concrètement, quelle forme cela prend-il ? Une suite de scènes : des reproches mutuels d’un couple à la plage, un accouchement qui s’avère être une improvisation en vue d’un spectacle dans la salle polyvalente du village, un dialogue sur le rapport du parent au caca, la répétition d’une scène de Tartuffe et quelques chansons (un point réussi du spectacle). Tout cela ponctué d’apostrophes à des enfants qui s’appellent Merveille, Service public ou Ministère du budget.
Rien ne vient au secours du désastre. Le décor est composé de bric et de broc, d’éléments aux couleurs juvéniles mêlant cartons, vaisselle en plastique et écran vidéo. Même si celui-ci permet à Nicolas Struve de créer quelques images amusantes, on est rattrapé par le jeu fluctuant des acteurs, ce qui est aisément compréhensible : le meilleur musicien du monde ne sera jamais bon en jouant une œuvre sans structure, on peut supposer qu’il en est de même avec le comédien et son texte.
S’il y a « train fantôme », comme l’indique le sous-titre du spectacle, il réside dans l’horreur et l’ennui que nous procurent les scènes successives qui, en effet, nous feraient hurler si nous n’étions pas sûr de déranger notre voisin. Et comme dans une attraction, celle-ci finit qui par nous laisser une sensation éprouvante lorsque le voyage s’achève…
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
« À nos enfants », conception et mise en scène de Nicolas Struve
Avec Farid Bouzenad, Gaëlle Le Courtois, Dominique Parent, Stéphanie Schwartzbrod
Écriture collective Nicolas Struve, Farid Bouzenad, Adama Diop, Philippe Frécon, Gaëlle Le Courtois, Dominique Parent, Stéphanie Schwartzbrod
Adaptation Nicolas Struve
Scénographie Sarah Lefèvre, assistée de Louise Vacher
Lumière Pierre Gaillardot
Costumes Sarah Lefèvre, Mathilde Ozanam
Films Alejandra Rojo assistée de Kris Dirse, opérateur images Jérôme Colin
Musique et chansons Armelle Dumoulin
Assistants stagiaires à la mise en scène Saeed Mirzaei, Anne Marchionini
Production L’oubli des cerisiers Coproduction : Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis et L’Apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise Avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Île-de-France), de la SPEDIDAM ET d’ARCADI Île-de-France et le soutien du Théâtre Antoine Vitez à Aix-en-Provence et du TDB-CDN de Dijon et Lilas en scène.
Durée : 2hThéâtre Gérard Philipe
22 Février 2017 > 12 Mars 2017
du lundi au samedi à 20h – dimanche à 15h30 – relâche le mardi
Théâtre Dijon Bourgogne
Du 28 au 31 mars 2017
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